Chef de la cellule nautique à la division entraînement d’Alfan, le capitaine de frégate Charles Lorieux a son idée sur la météo et ses impacts.
«Quand on peut, il faut éviter le gros temps ! Les prévisions météo actuelles permettent d’affiner les transits pour contourner les zones dangereuses plutôt que s’y engager de front. Cependant, un bâtiment doit parfois conduire sa mission dans des météo rugueuses.
Le gros temps est une notion très subjective, dépendant bien sûr de la taille du bâtiment mais également de la capacité de l’équipage à tenir la mer.
Un patrouilleur entraîné peut assurer sa mission et mettre ses embarcations à l’eau jusqu’à mer 5, tandis que l’équipage non amariné d’une grande frégate, juste sortie d’entretien, peut subir, sans ressort, la même météo. Il faut donc y préparer le bâtiment autant que son équipage.
Pour la préparation du bâtiment, les solutions sont connues. Les équipages doivent être maniaques. Il faut débarquer ce qui est inutile et arrimer rigoureusement le reste. Il faut comprendre que tout ce qui peut tomber, tombera. Tout ce qui n’est pas souqué, bougera et cassera. Tout écrou non freiné se dévissera. Tout ce qui n’est pas bien calé, grincera et vous empêchera de dormir au moment où vous en avez besoin et augmentera l’indiscrétion du bâtiment.
L’aptitude de l’équipage à endurer le gros temps est plus complexe. C’est un mélange d’habitude, de prédisposition individuelle au mal de mer ou à la fatigue. Mais la détermination et la volonté, permettent, sauf exception, de surmonter l’inconfort. La motivation pour assurer la mission du bâtiment, est enfin déterminante.
Au-delà les nombreux impacts techniques de l’environnement sur les senseurs, les armes, les embarcations ou les aéronefs, le gros temps fait varier la limite de combativité d’un équipage. Cette limite peut être repoussée, par la préparation et l’entraînement»
Sources : © Marine nationale
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