Le vice-amiral d'escadre Charles-Edouard de Coriolis, commandant les forces sous-marines et la force océanique stratégique, revient en quelques mots sur la composante essentielle de notre flotte que sont les SNA.
"À la fin des années 70, alors même que la marine française lance son cinquième Sous-marin Nucléaire Lanceur d’Engins (SNLE), les missions d’attaques restent confiées aux sous-marins type Daphné et Narval à propulsion classique. Ces missions consistent principalement en la lutte anti navires, le renseignement et le déploiement de forces spéciales.
Mais, l’idée d’une propulsion nucléaire s’impose. Les États-Unis avaient compris depuis quelques décennies l’intérêt de posséder des sous-marins d’attaque à propulsion nucléaire (SNA). En effet, cette avancée technologique apporte aux sous-marins une supériorité incontestable en termes de mobilité tactique et stratégique comme de discrétion.
En France la décision est prise en 1974 et le programme de construction lancé à Cherbourg en 1976. Il s’agit d’un véritable défi technologique qui consiste à adapter la complexité d’une chaufferie nucléaire dans le « corps » d’un sous-marin classique. Ce projet provoque d’ailleurs la perplexité des spécialistes étrangers quant à sa faisabilité. Mais, comme pour la construction de ses SNLE quinze ans auparavant, la France surprend le monde entier de par l’innovation, la technologie et l’intelligence conceptuelle dont elle fait preuve.
Lorsque le Rubis est admis au service actif en 1983, la France accède au club très fermé des pays possédant des SNA. Cinq autres navires entrent en service les années suivantes. De par le monde, beaucoup de marines ont essayé à leur tour de maitriser ce savoir-faire. Peu y sont parvenues. Conçus initialement pour la lutte anti navires, ils sont ensuite modernisés, et sont aujourd’hui présents dans chacune des missions dédiées à la connaissance et l’anticipation. Les opérations au Kosovo et Harmattan en 2011 peuvent en témoigner.
L’avenir se déclinera avec les SNA de la classe Barracuda actuellement en construction à Cherbourg et dont le premier de la série commencera ses essais en 2016. Ils bénéficieront de capacités accrues dans les domaines de la projection de puissance (Missile de Croisière Naval) et de la mise en œuvre de forces spéciales, ce qui contribuera encore à augmenter le spectre de leurs missions. Mais toute cette technologie ne servirait à rien sans les équipages qui continueront à constituer la véritable richesse de cette aventure."
Photex à bord de l'Amethyste
Sources : © Marine nationale
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