Le capitaine de corvette Julien Coronat commande la « Flottille Amphibie », une unité unique au sein de la Force d’Action Navale et plus généralement au sein de nos armées. Explications de cet officier.
« La filiation de l’unité vient des flottilles amphibies d’Indochine, unités qui en sillonnèrent les grands deltas et menèrent la plupart de leurs opérations en étroite coopération avec les divisions d’assaut, les commandos de la marine et de l’armée de Terre. Ces unités constituaient la « marine en kaki » en raison de la couleur de leurs tenues, en opposition avec la « marine en blanc », composée des équipages des bâtiments susceptibles de prendre la mer et qui portaient la traditionnelle tenue de sortie blanche.
ARTICULATIONS
La « Flottille Amphibie » aujourd’hui, c’est la seule flottille de la FAN, ce qui signifie qu’elle est une unité constituée de plusieurs équipages ou équipes, mettant en œuvre différents types d'engins de débarquement amphibie, occasionnellement de manière autonome mais normalement à partir d’un bâtiment porteur de type BPC ou TCD La flottille est constituée d’un échelon de commandement et de soutien, d’équipes de reconnaissance de plage (composées de fusiliers marins) et d’engins de débarquement amphibie de type standard (10 EDA-S) ou rapide (4 EDA-R) avec leurs équipages (composés de chefs du quart, manœuvriers, mécaniciens et électriciens).
ACTIVITÉS
Au quotidien, la « Flottille Amphibie », ce sont 110 marins qui entretiennent cette compétence opérationnelle unique, soit au port à Toulon(formations interarmées, entraînements et concours divers) - soit en mission ou en opérations à bord des BPC/TCD.
PROJECTION
Constitué d’une vingtaine de marins, un détachement « Flottille Amphibie » à bord d’un bâtiment de projection et de commandement comprend usuellement: un chef de détachement, une équipe de reconnaissance de plage à 4, deux équipages d’EDA-S (8) et un équipage d’EDA-R (6/7 marins). Leurs sont associés les trois conducteurs des engins de terrassement de l'armée de terre qui préparent la plage pour les véhicules. Pendant toute la durée de la mission, le détachement est placé sous le commandement du commandant du BPC/TCD et son action peut s’apparenter à celle de l’un de ses « systèmes d’armes ».
AVENIR
En 2012, notre unité a reçu 4 nouveaux engins de débarquement (les EDA-R). Ces nouveaux engins, associés aux engins plus traditionnels (les EDA-S / CTM) ont permis un bond dans la planification et la conduite des opérations amphibies. En bref, on peut envisager aujourd’hui d’aller « plus vite, plus loin, plus lourd et plus fort ». La mer offre un mode d’accès privilégié et parfois unique dans les régions littorales qui concentrent plus de 80% de la population mondiale. La Flophib se place au cœur de la problématique de connexion entre ces deux milieux (la mer et la terre), dans une zone particulièrement hostile et complexe. L’avenir de l’unité passe, d’une part, par le développement des capacités de reconnaissance de plages et de sites portuaires afin que les planificateurs disposent d’un renseignement plus complet et plus précis et, d’autre part, par la participation à la réflexion sur le moyen futur qui devra remplacer les EDA-S afin de conserver une capacité d’intervention sur l’ensemble des côtes »
PATRON d’EDA-R Le PM Le Gallest affecté à la FLOPHIB depuis septembre 2010. Il est chef du quart patron d’un Engin de Débarquement Amphibie Rapide (EDA-R), dernier né des moyens de projection amphibie. « Mon quotidien m’amène à participer à l’ensemble du spectre des missions remplies par l’unité. Je conduis différents essais menés dans le cadre des évaluations opérationnelles de l’engin afin de rédiger un « Guide d’exécution des missions EDA-R ». J'assure aussi le rôle de chef de détachement sur les BPC/TCD en préparation opérationnelle ou en déploiement. A ce titre, j’assure également un rôle de conseil auprès de l’état-major du bâtiment pour l’emploi des engins. Je contribue à la formation des nouveaux patrons d'engins. C’est un rôle passionnant qui m’incombe aujourd’hui et que je remplis avec plaisir. Enfin, plongeur de bord, je suis très impliqué dans le suivi des œuvres vives des engins et j’effectue régulièrement des plongées « techniques » au profit du service plateforme et de l’industriel. Je plonge également avec les équipes de reconnaissance de sites, ce qui me permet de bien comprendre leur travail, préalable à notre venue sur la plage avec les engins. Etre patron d’EDA-R, c’est une fonction exigeante, dont les responsabilités s’apparentent à celles de commandant une fois à la mer. Amener un équipage à remplir sa mission en toutes circonstances, garder du recul dans toutes les situations tout en ayant les deux mains sur les commandes des water-jets. Je considère comme une chance d’occuper ce poste et je suis heureux d’apporter ma pierre à l’édifice dans la famille des amphibiens » |
FLOPHIB EN QUELQUES CHIFFRES (Données établies sur 2012/2013) 14 engins de débarquement amphibie, soit 450 mètres linéaires de quai mis bout à bout pour un tonnage de 1400 tonnes 2 exercices amphibies majeurs (Corsica Lion 2012 et Skreo 2013) 3 exercices Spartiate (Entrainement supérieurs des BPC/TCD) 3 détachements de longues durées sur 3 porteurs différents (2 missions Corymbeet 1 mission Jeanne d’Arc– EAOM) 28 semaines de formations organisées et conduites par l’unité 180 jours de déploiement en moyenne à bord des BPC/TCD |
Sources : Marine nationale
Droits : Ministère de la Défense