Accueil | Santé | Dossiers complémentaires | Classeur stress post-traumatique | Témoignage - Médecin d'unité Santé ... Classeur stress post-traumatique | Témoignage - Médecin d'unité

Témoignage - Médecin d'unité

Mise à jour  : 23/04/2015

Pour dépister au plus vite les troubles psychiques, le service de santé des armées (SSA) s’appuie sur les médecins d’unité, pierres angulaires du plan d’action relatif au soutien psychologique dans les armées, au contact direct avec les militaires. Témoignage de chef du centre médical de Toulouse-Castre.

Quel est le rôle du médecin d’unité dans le dépistage du stress post-traumatique ?

Les médecins d’unité sont en contact permanent avec les militaires du régiment. Nous sommes donc naturellement l’une des premières personnes vers qui se tourne le militaire qui souffre d’un stress post-traumatique. L’une de nos missions est d’informer et de tendre la main aux soldats qui peuvent être en souffrance psychologique. Certains se rendent au centre médical pour parler de leurs problèmes. D’autres les évoquent au détour d’un saut, en manœuvre, ou lors d’exercices. Cette proximité, cette simplicité d’accès font notre plus-value. Souvent, ils nous ont vus en opérations extérieures. On s’est mouillé avec eux, on a vécu les mêmes choses. On sait ce qu’ils ont pu traverser. Or il est plus facile de venir se confier à quelqu’un qui a partagé les mêmes expériences.

Comment les encouragez-vous à venir parler de leurs problèmes ?

Notre objectif est de leur faire savoir que nous sommes là pour les aider. Nous les rencontrons lors de la visite systématique annuelle au cours de laquelle nous faisons passer l’information qu’ils mémoriseront : « Si j’ai un problème, mon médecin peut faire quelque chose pour moi. » Il faut leur faire prendre conscience que le SPT peut toucher n’importe qui et que cela n’a rien de honteux. Ensuite, les militaires sont libres de leur choix. Nous ne pouvons pas les forcer à consulter, sauf en cas de danger, notamment lorsqu’il y a un risque de suicide.

Certains militaires essayent-ils de cacher leurs troubles ?

Bien sûr. Pour certains, le stress post-traumatique ne peut pas concerner « les bons soldats». Or, ça peut arriver à tout le monde. Je me sers également de deux séries américaines, Band of Brothers et The Pacific, dans lesquelles les personnages principaux sont atteints de stress post-traumatique. Ils en parlent sans tabou et se font soigner. Lorsqu’on leur explique que le SPT est plus courant qu’une blessure par balle, ils se sentent moins stigmatisés.

D’autre part, on trouve des militaires qui cachent leurs troubles de peur d’être déclarés inaptes et de ne plus pouvoir partir en Opex. Je leur pose alors cette question : « Si votre binôme souffrait d’un SPT, accepteriez-vous de partir avec lui, sachant qu’il existe un risque qu’il décompense au cours d’un combat ? » Le but est de leur faire prendre conscience de leur mal. Les faire repartir immédiatement est dangereux pour eux et pour leurs camarades. S’ils acceptent de se faire suivre, ils pourront les rejoindre lors de la prochaine mission. D’où l’importance qu’ils viennent nous voir le plus tôt possible afin d’établir un diagnostic. Même si cela prend du temps, on guérit du stress post-traumatique. Nous, les médecins, nous ferons tout pour qu’ils récupèrent la totalité de leur aptitude opérationnelle. Notre but n’est pas de les sortir de l’institution, mais de les réinsérer au niveau où ils étaient avant.