Le BMPM est le référent national en matière de lutte contre le feu de navire. Le bataillon s’appuie sur des moyens spécifiques, des techniques opérationnelles propres, du personnel hautement qualifié et des entraînements adaptés.
La spécificité du BMPM dans le monde de la sécurité civile réside dans la formation généralisée de l’ensemble des marins qui le composent à la lutte contre les feux de navire
(FDN), en complément du tronc commun de formation (secourisme et feu urbain) et du module feu de forêt. Ce savoir-faire spécifique est directement lié à la présence du grand port maritime de Marseille dans la zone de compétence territoriale du bataillon.
Au cas où...
Pour autant, les feux de navires se font de plus en plus rares. Cela fait plus de dix ans que le BMPM n’a pas été engagé sur un sinistre d’ampleur à bord. «Heureusement! Cela prouve que le travail de prévention des risques porte ses fruits», précise le capitaine de frégate Guy Velu, chef opérations au BMPM. Cependant, il est difficile de maintenir un haut niveau d’entraînement quand celui-ci n’est pas confronté aux conditions réelles de feux de navires. Cette absence d’occurrence réelle rend le BMPM doublement vigilant. «Nous nous devons d’être prêts, car nous sommes l’ultime recours!»
Le gigantisme des navires
Le feu de navire ne ressemble en rien aux feux d’appartements, auxquels sont confrontés quasi quotidiennement les marins-pompiers. Le confinement du navire, la gestion des fumées, la stabilité du navire, l’évacuation des passagers… jusqu’à la pollution induite par les eaux d’extinction sont des problématiques bien spécifiques.
De plus, il faut imaginer pareil sinistre dans des bâtiments de plus en plus grands.
Les porte-conteneurs pourront bientôt acheminer jusqu’à plus de 18 000 boîtes, des ferries et des paquebots transportent plusieurs milliers de personnes et contiennent plusieurs milliers de tonnes d’hydrocarbures. Ces bateaux sont gigantesques avec des compartiments aux allures de cathédrales. Les salles des machines peuvent s’étendre verticalement sur cinq ponts. Or, les marins-pompiers sont amenés à intervenir sur n’importe quel type de navire et devront être capables de s’adapter rapidement à un environnement nouveau.
Intervention en mer
Si un feu de navire ne peut être maîtrisé par son équipage en mer, le Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (Cross) peut activer le BMPM. Pour parvenir jusqu’au sinistre : un seul vecteur rapide – l’hélicoptère. Initialement, la section opérationnelle « détache- ment intervention héliportée » (SOS DIH) était spécialisée dans la lutte contre les feux de forêt en milieux inaccessibles par voie terrestre.
Depuis quelques années, elle a développé ses compétences pour agir en mer. Le lieutenant de vaisseau Christophe Fagon est le chef de cette section : « J’étais convaincu que nous pouvions donner une orientation maritime efficiente à la SOS DIH. » Cet ancien marinpompier des ports met donc en place un programme pour former les 137 membres de la section à l’hélitreuillage et à l’aérocordage. Les équipes sont dimensionnées en fonction du sinistre déclaré et composées de marins-pompiers de différents niveaux de compétences. L’équipe, déposée sur une plate-forme réduite, doit pouvoir utiliser le matériel de lutte du bord, s’orienter dans un navire inconnu et travailler en collaboration avec l’équipage et sous la responsabilité du capitaine du navire. L’objectif de l’intervention est d’aider l’équipage à maîtriser le sinistre ou limiter son extension, puis de rapatrier le navire dans un port refuge pour finaliser l’intervention avec des moyens adaptés. Il s’agit bien là d’une force de frappe mobilisable et polyvalente.
Le LV Fagon se dit fier de diriger cette section «composée de personnels compétents, motivés et capables de répondre au quart de tour».
S’entraîner pour se tenir prêt
Lors de sinistres à quai ou en zone portuaire, les moyens sont plus conséquents, mais la mission n’en demeure pour autant pas plus simple.
Les exercices sont indispensables pour apprendre à coordonner des équipes nombreuses et pratiquer les techniques opérationnelles spécifiques. Le BMPM organise ainsi régulièrement des entraînements, les plus réalistes possibles, en partenariat avec différentes compagnies maritimes : feu de navire, évacuation médicale suite à une contamination infectieuse grave, risques technologiques face à une fuite suspecte provenant d’un conteneur… Différents scénarios sont élaborés afin de décliner et d’exercer l’ensemble des savoir-faire détenus au bataillon.
Le BMPM est bien sûr à bord de bâtiments de combat de la Marine. En 2012, les marinspompiers de Marseille se sont rendus à bord du bâtiment de projection et de commandement
Tonnerre pour simuler le renfort de la compagnie des marins-pompiers de Toulon. En septembre dernier, le bâtiment de transport de chalands de débarquement Siroco est lui aussi devenu le terrain d’entraînement du BMPM. Les équipes de service du bord ont travaillé en binômes avec les équipiers phocéens.
Le CETIS : Allumez le feu Il s'agit du seul centre d'entraînement national capable de former des pompiers au feu de navire de niveau 3 (FDN3). Pour aguerrir marins et civils, le CETIS dispose de 32 points de départ de feux. L’enseigne de vaisseau Aurélien Chanony dirige le CETIS depuis 2012 : « Je suis convaincu que la compétence feux de navire est la raison d’être du BMPM.». Le simulateur feu de navire, construction en béton reprenant la forme et la structure d’un cargo, a été créé pour former les stagiaires à différents types de sinistres : feu de cuisine, feu de cargaison, feu de machines… Les stagiaires combattent le sinistre ; les formateurs, quant à eux, les suivent tout le long de l’entraînement pour corriger leurs gestes. « Ils sont confrontés au réalisme d’un simulateur moderne et écologique, à l’environnement portuaire voisin et à l’expériences des formateurs aguerris. » |
Sources : © Marine nationale
Droits : Ministère des armées