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Plongée au cœur d’un environnement opérationnel

Mise à jour  : 23/07/2013 - Direction : SIRPA Marine

Immergés dans la vie du bord, les officiers-élèves ont également été progressivement intégrés aux activités opérationnelles: de la planification des opérations jusqu’à la conduite sur le terrain. Cette montée en puissance dans l’opérationnel les familiarise en priorité avec la conduite des opérations aéromaritimes, à un environnement de travail interarmées, interallié et occasionnellement opératif.

La mer et l’opérationnel comme fil rouge de l’apprentissage

Aujourd’hui établi comme une nécessité de complémentarité opérationnelle, l’interarmées est un mode de travail adapté aux missions contemporaines. Il consiste à mener des actions cohérentes et globales en combinant les effets des différentes composantes des forces. La Mission Jeanne d’Arc 2013 a permis aux futurs officiers d’appréhender les réalités de cette dynamique, qui commence donc par la maîtrise des opérations aéromaritimes.

Adaptabilité, curiosité et camaraderie.

Lors des manœuvres amphibies au Liban, en Jordanie et à Djibouti, les différentes composantes du groupe Jeanne d’Arc ont été mobilisées pour mener à bien ces activités opérationnelles : outre le BPC Tonnerre et la Fasm Georges Leygues, 200 légionnaires de la 6e brigade légère blindée, embarqués avec une cinquantaine de véhicules, un engin de débarquement amphibie rapide (EDAR), deux chalands de transport de matériel, un hélicoptère Puma et deux Gazelle de l’ALAT et une Alouette III de la Marine complétaient le dispositif. Les équipages des bâtiments, associés aux officiers-élèves, ont travaillé de concert avec les légionnaires (2e REI) et l’état-major amphibie embarqué, avec à sa tête le lieutenant-colonel Guillaume Rémusat. Ce dernier a souligné les trois attitudes des militaires de la Marine et de l’armée de Terre pendant ces missions : l’adaptabilité car «dans un louable respect mutuel, ils ont su s’adapter très rapidement à des conditions de vie assez différentes de celles auxquelles ils étaient habitués pour les uns, aux nécessités qu’exigeait l’accueil d’une « charge utile » nombreuse pour les autres » ; la curiosité, « cet état d’esprit les amenant à chercher à découvrir – et à faire découvrir – les spécificités, le travail, les moyens des autres. Ils se sont en particulier livrés à des présentations croisées de matériels ou de secteurs et à des échanges de points de vue dont ils sont sortis enrichis» ; enfin, la camaraderie puisque «sans jamais nier leurs particularités, ils ont su créer une excellente ambiance dans la vie courante, les services, les activités. Leur générosité mais aussi le sentiment de vivre ses engagements à fond, avec passion mais non sans sacrifices, en sont probablement les ressorts».

Coordination et complémentarité.

La deuxième phase de la mission, avec l’intégration du groupe amphibie à la mission européenne de lutte contre la piraterie Atalante, a également mis en œuvre les dynamiques interarmées. Le Tonnerre accueillait alors un état-major tactique du 3e RHC, chargé de conseiller le commandant du bâtiment dans le domaine de l’aéromobilité. Comme l’a souligné le lieutenant-colonel Eric Meunier, commandant alors l’ensemble du détachement, «cet état-major embarqué travaille en étroite coordination avec le bord et vise une complémentarité optimale des moyens». L’embarquement du vice-amiral Marin Gillier commandant la zone maritime de l’océan Indien (ALINDIEN) et de son état-major interarmées (EMIA) de 48 militaires a également initié les officiers-élèves au travail interarmées. Le capitaine (Terre) Hassan Zelmat, J2 (renseignement) de l’EMIA précise que « notre présence à bord du BPC Tonnerre est une belle occasion pour ces officiers-élèves de mieux appréhender l'un de leur futur défi professionnel : le commandement en milieu interarmées. Ils seront un jour appelés, en tant qu'officier, à évoluer en état-major, notamment à un niveau interarmées où ils devront exercer leur compétence et s'enrichir des différences qui font la force de nos armées. De notre côté, c’est très enthousiasmant de travailler avec cette jeunesse, d’expliquer notre travail, d’aider à la formation des futurs chefs».

Enfin, la troisième phase de la mission Jeanne d’Arc 2013, quoique fondamentalement articulée autour des enjeux de présence et d'appui naval à l'action diplomatique, a également éprouvé la capacité interarmées. À travers l’entraînement Ta’Awoun aux Émirats Arabes Unis, ou l’entraînement bilatéral Helang Gagah en Malaisie qui a mis en œuvre la projection du détachement ALAT depuis le BPC Tonnerre.

Pendant les trois phases de la mission opérationnelle Jeanne d’Arc 2013, le processus de coordination entre les différentes armées et le concept de projection de forces interarmées, enjeu fondamental, ont donc été régulièrement mis en pratique.

Gant de fer, Cèdre Bleu, Mercy : implication progressive des officiers-élèves

Dans le cadre de leur stage d’application à la mer, les officiers-élèves ont intégré progressivement les différentes phases des activités opérationnelles menées par le groupe amphibie. A Portsmouth, les officiers-élèves ont assisté à leur premier entraînement de débarquement amphibie.

Au cours des manœuvres amphibies suivantes, avec le Liban (entraînement Gant de fer) et la Jordanie (entraînement Mercy), ils ont été insérés au sein des structures de planification et de conduite du Tonnerre et du Georges Leygues. D’autres ont participé à ces opérations en étant de quart en passerelle, pour la conduite nautique du bâtiment, au central opérations pour la conduite des opérations, aux côtés des manœuvriers dans le radier ou à bord de l’EDA-R avec la flottille amphibie pour la mise en œuvre des engins.

La manœuvre Tonnerre d’Acier à Djibouti a constitué un entraînement de synthèse. Elle a mobilisé tous les officiers-élèves de la mission Jeanne d’Arc, rejoints par quatre jeunes officiers djiboutiens. Tous ont été déployés comme forces avancées ou adverses sur le terrain, à l’issue de la phase de débarquement. À terre, en coordination depuis le BPC avec l’état-major amphibie et le poste de commandement terre, le groupement tactique embarqué a mené un raid en faisant face à des engins explosifs improvisés, des embuscades et des évacuations sanitaires et de ressortissants. Avec ce «baptême de terrain», les officiers-élèves ont expérimenté une nouvelle facette des entraînements aéromaritimes en étant cette fois du côté des éléments projetés.

Atalante : première participation à une opération multinationale

La deuxième phase de la mission Jeanne d’Arc 2013 s’est inscrite dans le cadre de l’opération européenne de lutte contre la piraterie Atalante. Le BPC Tonnerre et la Fasm Georges Leygues ont rejoint dans cette opération le patrouilleur L’Adroit et la frégate de surveillance Nivôse, déployés dans le même temps. Pour les 133 officiers-élèves, cette expérience représentait une première participation à une opération multinationale. Leur intégration dans la planification et la conduite de la mission leur a permis d’appréhender les différentes facettes de cette opération européenne.

«L’opération Atalante représente une opportunité incroyable puisque nous, officiers-élèves, y trouvons une application concrète de tous les savoirs opérationnels acquis au cours de notre formation. Cette expérience se déroule dans un cadre interallié avec des marines étrangères et elle permet de systématiser toutes les procédures que nous avons apprises et ce, dans un contexte opérationnel où l’erreur fait partie des risques à évaluer. Cela nous sensibilise à l’environnement que nous avons choisi et que nous connaîtrons lorsque que nous serons affectés sur notre premier bâtiment. En tant qu’officiers-élèves, nous sommes intégrés de différentes manières. Ceux qui sont de quart sont au cœur de l’action, car ils travaillent dans les points névraliques du bâtiment, aux côtés de ceux par qui passent les informations et les décisions. Néanmoins, nous avons tous une vision de l’action opérationnelle en cours grâce à la préparation des briefings activités pour le commandant ou notre intégration dans les différents services du bâtiment. Il est très intéressant de voir la chaîne d’organisation du bâtiment qui va amener le commandant à prendre des décisions et de voir comment celles-ci sont exécutées».

«Je suis intégré à la promotion École navale 2010 et cela fait trois ans maintenant que je suis en France pour suivre cette formation. Cette mission est un véritable atout, elle me permet de mettre en pratique tout ce que j’ai appris et de commencer ma vie d’officier. Je me sens très concerné par cette phase de la mission. Madagascar est une île de l'océan Indien et possède des espaces maritimes importants. Mon pays aussi participe à la lutte contre la piraterie avec la Commission de l’océan Indien[1], car les moyens nationaux sont insuffisants pour surveiller ce grand espace maritime. Pour moi, participer à cette mission est vraiment une opportunité. J’apprends ainsi la façon dont les acteurs travaillent pour viser l’efficacité».

[1] La Commission de l’océan indien (COI) est une organisation intergourvernementale créée à l’Ile Maurice en 1982. Celle-ci réunit cinq pays de l’océan indien: l’Union des Comores, la France (Ile de la Réunion), Madagascar et les Seychelles. Son objectif vise à bâtir des projets régionaux durables et à améliorer les conditions de vies de ses habitants en préservant ses ressources naturelles. Elle est notamment impliquer dans la lutte contre la piraterie et le développement régional de la sécurité maritime.


Sources : © Marine nationale
Droits : Ministère des armées