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L’apprentissage par l'immersion

Mise à jour  : 23/07/2013 - Direction : SIRPA Marine

La première richesse de la mission Jeanne d’Arc est liée au mode d’apprentissage qu’elle met en œuvre. Les officiers-élèves sont immergés au sein des services et des équipages, mettant ainsi en pratique leur formation théorique.

L’intégration dans les services : une forme efficace de compagnonnage

La formation à bord est tournée vers la pratique et l’intégration dans l’équipage, qui permettent aux officiers-élèves de devenir des chefs et des professionnels de la mer. Les occasions de mise en situation ont donc été multipliées pour parfaire leur préparation au combat et accroître leur maturité.

À la mer, pendant que la moitié des officiers-élèves participait aux activités de quart sur le bâtiment d’escorte ou sur le BPC, l’autre moitié était intégrée dans les différents services du BPC. Ils ont ainsi eu la possibilité d’apprendre leur futur métier en s’appuyant sur l’expérience de marins plus chevronnés. Pour ces derniers, c’est une chance de former leurs futurs chefs aux spécificités de leur métier et de leurs responsabilités. C’est grâce à cette forme de compagnonnage que s’établit le premier contact des officiers-élèves avec la réalité de leur métier.

Formation pratique à bord du Tonnerre et du Georges Leygues

La formation consiste à préparer les jeunes officiers à endosser les responsabilités qui leur seront confiées dès leur première affectation, dans les domaines opérationnels (chef de quart, chef d’équipe de visite, officier de garde) ou organiques (chef de service, capitaine de compagnie).

À bord, il s’agit d’intégrer les officiers-élèves au sein d’un équipage réalisant une mission opérationnelle: la formation se nourrit de la conduite des opérations quotidiennes pour former les officiers élèves et leur permettre de mettre en application l’ensemble des connaissances apprises lors de leur formation initiale d’officier.

Cette expérience participe au processus d’orientation professionnelle des officiers-élèves en leur apportant une vision concrète de la réalité des différentes spécialités.

Témoignage du PM Aurélien Malgras, Chef du secteur Timonerie.

«L’intégration dans le service, et plus particulièrement au sein du secteur Timonerie, consiste à faire connaître aux officiers-élèves nos contraintes et nos difficultés dans l’exécution de nos missions, mais également de leur expliquer tout l’intérêt de notre fonction, organique ou fonctionnelle, qui participe à la bonne marche du bâtiment, à quai, comme à la mer. Je participe plus particulièrement à la formation à la fonction d’officier chef du quart. Mon rôle est de les impliquer au maximum dans la chaîne de réflexion, de propositions et de conduite du bâtiment à la mer. Il faut à la fois les tester sur les pré-requis théoriques en les questionnant simplement ou par l’exécution de tâches concrètes durant l’exécution du quart et, en même temps, les conseiller, leur apporter «les petits plus» de notre propre expérience afin de leur permettre de progresser rapidement sur la période de formation.

Cette forme d’apprentissage permet aux officiers-élèves de se révéler face à des responsabilités réelles. Prendre la manœuvre est à la fois enrichissant, exaltant et concret.

Notre implication est forte, d’autant que dans quelques mois, nous travaillerons ensemble dans un même but : la réussite de la mission. Nous avons donc intérêt à mener à bien cette période de formation pour que plus tard, nos chefs de service en récoltent les bénéfices et que leur travail – et donc notre efficacité –soit démultipliée.»

Entretien avec le CF Etienne Knapp, responsable de la formation.

Quel est l’intérêt de finaliser la formation des officiers par un stage d’application à bord du BPC et de la frégate?

«C’est à bord d’unités de combat et avec leurs équipages que les officiers-élèves pourront, pour la première fois, être confrontés à la réalité pratique du métier qu’ils ont choisi deux ans et demi plus tôt. C’est à bord qu’ils pourront se préparer à leurs futures responsabilités en faisant, idéalement, «tout» une première fois et en bénéficiant du regard bienveillant des équipages et des conseils avisés des officiers plus anciens.

Ensuite, la complémentarité entre un BPC et une frégate d’escorte est évidente et constitue une occasion unique d’augmenter le champ des connaissances et des compétences professionnelles des officiers-élèves. La composition en groupe naval constitué offre la possibilité de réaliser des entraînements supérieurs de manœuvres. Ces deux bâtiments permettent également d’obtenir le volume d’heures de quart nécessaire pour valider les différentes mentions et certificats délivrés pendant la mission Jeanne d’Arc. Enfin, c’est une réponse au besoin d’escorte d’une unité de premier rang déployé en mission opérationnelle».

Comment prépare-t-on les officiers-élèves dans le cadre d’une mission multidimensionnelle telle que la mission Jeanne d’Arc?

«Comme un équipage avant un stage de mise en condition opérationnelle (MECO) ! Il faut d’abord apprendre ou se réapproprier les connaissances de bases nécessaires pour être au bon niveau au bon moment, en particulier grâce aux modules «navire», «opérations» et «ressources humaines» délivrés avant l’appareillage. Il faut ensuite être combatif et rôder les procédures et les organisations : c’est l’objectif de la pré-mission organisée à quai et en mer».

De quelle manière les officiers-élèves sont-ils intégrés aux opérations et à la vie du bord ?

«Les officiers-élèves sont d’abord intégrés dans les chaînes fonctionnelles: ils font du quart comme officier chef du quart, officier de quart navire, officier de quart opérations, officier de quart aviation.

Ensuite, ils sont intégrés dans le fonctionnement des services et les équipages. Il s’agit là du cœur de la mission : les officiers élèves doivent avoir compris en fin de mission comment vit un équipage. Ils doivent pouvoir tenir leur rôle de capitaine de compagnie avec efficacité dans l’intérêt des marins placés sous leur responsabilité.

Les modalités pratiques de cette organisation varient bien sûr à bord du BPC et de son escorteur pour tenir compte des différences entre les deux unités et de leur complémentarité. Mais un principe demeure : celui du « compagnonnage » entre un officier, un chef de service ou un chef de secteur et un officier élève, concrétisé par un projet ou une responsabilité.

La formation, ce ne sont pas seulement les enseignements dispensés par les cadres de l’École d’Application des Officiers de Marine (EAOM), ce sont bien sûr les équipages des deux bâtiments du groupe!»

Quel rôle joue un instructeur dans la MECO des officiers-élèves?

«Tous les marins participent à la formation des officiers-élèves ! Certains cadres jouent cependant un rôle particulier, ce sont les «officiers chef de groupe», chargé d’une quinzaine d’officiers-élèves. Ceux-là sont d’abord des exemples au travers desquels les jeunes officiers peuvent se projeter dans leur vie professionnelle et grâce auxquels ils peuvent mûrir leur desiderata de spécialité. Ce sont aussi les cadres de proximité qui connaissent le mieux les officiers-élèves et peuvent les conseiller au moment où ils construisent leur avenir professionnel.

Ces officiers dispensent enfin des formations dans leur domaine de spécialité. Ces connaissances sont ensuite mises en perspective grâce aux différentes prises de fonction organisées pour les officiers-élèves à bord».


Sources : © Marine nationale
Droits : Ministère des armées