UN AUTRE REGARD

«Sur mer, il est très long d'obtenir le contact avec l'ennemi, mais quand on a le contact, on ne le lâche plus.Un marin passe ainsi beaucoup de temps à accrocher et à débusquer un ennemi. Une fois découvert, il ne lâche plus. Ce n’est évidemment pas le même mode de pensée chez un aviateur ou un terrien. C’est en tout cas un mode de pensée adapté au contexte actuel comme au Mali. Car, une guerre dans un désert est similaire à bien des égards avec une guerre en mer. Il ne s’agit ni d’une guerre en ville, ni d’une guerre de plaine  et encore moins d’une guerre en montagne. D’autres singularités subsistent. Ainsi un bâtiment, c’est pour un marin à la fois son unité, son outil de travail, sons système d’armes et sa maison. C’est dès lors sa priorité, ce qui crée une modestie par rapport à la technique. Au fond, les marins sont ainsi moins générateurs de figures héroïques. Ne se souvient-on pas d’ailleurs des bateaux plutôt que des hommes ? Autre spécificité des marins, leur constitution en société de classes. C’est inhérent à la vie en mer induisant une promiscuité certaine. Dès lors, chacun a besoin de son autonomie et de son espace, sinon la vie devient vite insupportable. Autant de facteurs impliquant au chef  de créer une distance avec son équipage, tout en étant paradoxalement au plus près de ses hommes. Par ailleurs, lorsque la mer est mauvaise, elle l’est pour tout le monde, du matelot jusqu’à l’Amiral commandant la Task Force. Prévaut ainsi à bord des bâtiments, une égalité. Une égalité de dignité et d'importance dans des fonctions différentes, pour des risques identiques au service de la mission et face à la mort. Tous les marins sont logés à la même enseigne si j’ose dire ! C’est ce qui crée cette dimension si particulière que les marins appellent « l’esprit d’équipage».