«Les CROSS et les sémaphores veillent sur l’artère économique vitale de l’Europe du Nord, et dans ce contexte, leur réactivité en cas d’incident se doit d’être optimale. A ce titre, la présence de deux CROSS et de l’ensemble du réseau sémaphorique est indispensable. Non seulement, cela donne de la confiance aux navires qui empruntent cette artère, mais aussi et surtout, cette vigilance permanente les force à adopter un comportement responsable dans une zone potentiellement très dangereuse»
VAE Nielly
Pour les hommes qui servent jour et nuit dans les CROSS, lieux connus de tous les marins qui naviguent dans la zone, une seule mission compte : sécuriser les activités en mer.
Le secours en mer est un travail d’équipe, qui nécessite à la fois une excellente connaissance du monde de la mer et une coordination sans faille. Issus d’origines diverses : militaires, civils, affaires maritimes… les trente cadres opérationnels du CROSS Jobourg bénéficient à la fois d’une formation initiale, mais aussi d’une formation continue. Qu’ils soient chefs de quart ou adjoints, ces formations leur permettent d’être toujours à la pointe dans leur domaine.
Professeur principal de l’enseignement maritime, Thierry Pichon, directeur adjoint du CROSS Jobourg et responsable qualité
«Occuper un poste de chef de quart en CROSS exige un certain nombre de compétences et une expérience du monde de la mer. Pour être «lâché» chef de quart, une formation initiale assez longue est requise et peut déboucher, à terme, sur la certification de chef de quart CROSS donnant droit au port d’un insigne de poitrine. Cette certification passe préalablement par un stage de chef de quart de 15 jours et la validation du certificat général opérateur radio. A l’issue d’une année de quart effectif, sur proposition du directeur du CROSS, la certification est accordée par la direction du personnel militaire de la Marine. La connaissance de la zone est bien entendu un plus indéniable, mais elle peut s’acquérir pour ceux qui viendraient d’autres régions maritimes. La maîtrise de l’anglais technique lié aux opérations est également indispensable. Un chef de quart peut par exemple avoir à assurer l’intermédiaire entre un médecin et un équipage philippin pour sauver un blessé grave en mer. Ces échanges ne s’improvisent pas avec un anglais scolaire. Pour faciliter les bonnes relations entre organismes qui travaillent à l’action de l’État en mer, nous organisons régulièrement des rencontres avec tous les acteurs de la sécurité maritime : SSMM, Douanes, Codis, SNSM. C’est vital pour se connaître mutuellement, travailler en confiance et intervenir au mieux».
Premier maître Emmanuel Grenier, chef de quart
«Chef de quart au CROSS est un métier très différent de ce que j’ai connu auparavant comme guetteur sémaphorique. Notre métier consistait essentiellement à regarder et rendre compte. Le chef de quart au CROSS est plus actif : de notre action et de nos choix peuvent dépendre des vies. J’ai donc été formé à tout ce qui est opérationnel et à la navigation, à l’occasion de plusieurs stages. J’étais volontaire pour venir, donc je me suis impliqué pleinement. Cela demande beaucoup de travail, mais c’est accessible. Les deux mois de formation nous apportent les bases, mais c’est surtout l’expérience qui compte, à commencer par la première semaine où nous travaillons en double».
Lieutenant de vaisseau Vincent Puvis, chef du service trafic maritime
«Les officiers des CROSS sont des officiers des affaires maritimes, recrutés sur concours externe ou interne, lorsqu’ils sont issus de la marine marchande ou de la Marine nationale. Depuis trois ans, la Marine nationale prête son concours à la Direction des affaires maritimes pour renforcer les états-majors des CROSS Gris-Nez, Jobourg et La Garde. S’il s’agit d’une démarche fréquente pour les officiers mariniers, c’est en revanche beaucoup plus rare pour les officiers. Officier sous contrat, je sers la Marine depuis sept ans. J’apporte au CROSS mon expérience embarquée et ma connaissance des administrations de la Marine. C’est un travail passionnant et j’encourage vivement ceux qui souhaiteraient tenter l’expérience».
Monsieur Pete Legg, senior watch manager (Coast Guards britanniques de Douvres)
«Je sers dans les Coast Guard de Douvres depuis maintenant trente-deux ans. J’ai donc vu passer un certain nombre de préfets maritimes et de directeurs de CROSS de l’autre côté du Channel ! Nous sommes quasiment en permanence en liaison téléphonique avec nos homologues français, puisque nous nous partageons en bonne intelligence les interventions sur la zone de la Manche et de la mer du Nord. Je suis heureux de constater que les CROSS se sont modernisés pour faciliter encore ces échanges et augmenter toujours la qualité de nos interventions dans cette zone. Que de progrès accomplis en trois décennies, tant dans les relations humaines que dans la qualité des moyens!»
Propos recueillis par LV Colomban Errard
Sources : © Marine nationale
Droits : Ministère des armées