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Trois questions à Maxime Blin et Christophe Cloquier, auteurs de « Au Val-de-Grâce. Trois siècles au cœur des bibliothèques »

Mise à jour  : 21/05/2021 - Auteur : Maxime Blin et Christophe cloquier - Direction : DCSSA

Avec « Au val-de-Grâce - trois siècles au cœur des bibliothèques », Maxime Blin et Christophe Cloquier proposent un nouvel éclairage sur l'histoire du service de santé des armées. Genèse de l'ouvrage, coulisses de la bibliothèque, richesse des collections... tour d'horizon de cet ouvrage en trois questions.  

Quelle est la genèse de cet ouvrage ?

Un matin, Maxime Blin est entré dans mon bureau. Il était alors agent contractuel de la bibliothèque, chargé du traitement physique des ouvrages patrimoniaux. Il a attiré mon attention sur le fait que l’histoire de la bibliothèque était soit incomplète, soit imprécise et tout naturellement, au fil de la discussion, il m’a proposé d’effectuer des recherches documentaires inédites et précises, puis d’en restituer la plus grande partie pour le XXe siècle.

Partant de ce constat et au fil de l’échange, nous avons pris le parti de reprendre l’histoire des bibliothèques du Val-de-Grâce depuis les origines, c’est-à-dire depuis l’abbaye bénédictine royale du Val-de-Grâce, jusqu’aux premières années du XXIe siècle, et ce, aussi bien pour les bâtiments, les collections que les donateurs qui ont contribué à enrichir considérablement les collections des bibliothèques successives.

 

Que disent ces trois siècles d’histoire de la bibliothèque sur le SSA d’aujourd’hui ?

Au cœur du Val-de-Grâce, joyau de l’architecture religieuse du XVIIe siècle, la bibliothèque centrale du service de santé des Armées est un conservatoire incontournable et indispensable du patrimoine médico-militaire du service. Depuis la fin du XVIIIe siècle, au moment où l’ensemble conventuel fut transformé en hôpital militaire et, à plus forte raison, lorsqu’il fut transformé en hôpital d’instruction, elle naquit afin de rendre disponible à tous les praticiens de santé les documents imprimés et manuscrits, plus ou moins précieux et rares, nécessaires à l’enseignement et la pratique de « l’art de guérir ».

Plusieurs fois agrandie, enrichie et réorganisée, la bibliothèque demeura, jusqu’à nos jours, une composante essentielle de l’établissement d’apprentissage et de santé qui occupa les locaux du Val-de-Grâce. Dès la création de l’École d’application de la médecine militaire en 1850, elle bénéficia d’un personnel dévolu et qualifié afin de répondre aux abondantes demandes d’acquisitions, de communication et de recherches de la part du corps professoral et des élèves toujours plus nombreux.

Lors de la première guerre mondiale, la bibliothèque de l’école demeura alors en sommeil au profit de la création, par le sous-secrétaire d’État Justin Godart, des « Documents et Archives de la Guerre » qui comportaient également une bibliothèque, puis, le 18 octobre 1916, de la bibliothèque centrale du service de santé militaire. Elle fusionna avec cette dernière en 1918 afin de faire naître un organe commun de documentation pour l’École d’application du service de santé militaire. Soixante-dix ans plus tard, alors que la bibliothèque ne survivait que par l’adjonction périodique de nouvelles pièces de stockage pour ses nombreuses collections, elle bénéficia de la connaissance, de la faveur et, souvent, de la passion de ses équipes lorsqu’elle déménagea dans les locaux rénovés de l’ensemble conventuel. Ainsi gratifiée, elle se déploya sur deux niveaux de l’aile méridionale du cloître, dans la salle Michel-Lévy, dans l’amphithéâtre Henri-Rouvillois et ses sous-sols, dont la qualité architecturale de ces derniers ne fait que renforcer le prestige des locaux de l’établissement.

Parfaitement ancrée dans le XXIe siècle, la bibliothèque centrale du service de santé des Armées conserve sept kilomètres linéaires de documentation imprimée et permet, en outre, la consultation de diverses revues électroniques aux lecteurs institutionnels toujours plus nombreux. De plus, à proximité des collections patrimoniales et modernes, elle offre des espaces de travail confortables, aussi bien pour les personnels médicaux et paramédicaux en formation initiale que pour ceux qui reviennent dans les murs en formation continue.

 

Pourquoi faut-il absolument se procurer cet ouvrage ?

Absente des trois volumes de l’Histoire des bibliothèques françaises, la bibliothèque centrale du service de santé des Armées possède une histoire particulièrement riche en évènements. Comparable, par ses collections à la bibliothèque de l’Académie nationale de médecine ou la bibliothèque interuniversitaire de santé, elle conserve des collections de documents uniques, rares ou précieux allant du XVe au XXIe siècle. Constituée puis enrichie par une multitude de dons, elle témoigne de l’attachement des médecins, pharmaciens et personnels militaires pour la connaissance encyclopédique depuis le début du XIXe siècle. Ainsi, passant de document en document, d’estampille en estampille, de personnel en personnel, c’est toute l’histoire de la bibliothèque centrale du service de santé des Armées et de ses collections qui se recompose dans cet ouvrage richement illustré.

Tantôt précise, tantôt incertaine, parfois prolixe mais souvent discrète, l’histoire de la bibliothèque du Val-de-Grâce fut partiellement publiée par Jean Bonnerot en 1918, puis délaissée pendant un siècle. Toutefois, à travers de ce bref aperçu, elle n’avait été que très partiellement abordée. En effet, elle remonte aux XVIIe et XVIIIe siècles, avec la présence des religieuses bénédictines, royalement soutenues par Anne d’Autriche qui fut incontestablement la plus illustre des lectrices au cœur de cette abbaye royale qui abritait également une bibliothèque.

Cet ouvrage propose au lecteur une immersion inédite dans plus de trois siècles d’histoire. On y découvre les ouvrages personnels d’Anne d’Autriche et des religieuses, mais aussi les publications médicales et paramédicales les plus récentes. Au fil des pages, l’histoire mais aussi les coulisses des locaux, des personnels et des grands donateurs y sont dévoilées. Ainsi, ces collections prennent place dans l’enjeu essentiel que chaque génération se doit de relever, à savoir la conservation, la transmission et la valorisation d’un patrimoine.

 

  • Maxime Blin est historien et historien de l'art.
  • Christophe Cloquier est conservateur en chef des bibliothèques et directeur de la bibliothèque centrale du service de santé des armées.

 

Légendes iconographiques :

  1. Salle de la lecture de la bibliothèque centrale du service de santé, première moitié du xxe siècle, tirage photographique. Paris, collection particulière. ©FT.
  2. Félix Oudart (dessinateur), Borromée (directeur), Jaserand (graveur) et Bougeard (imprimeur). Piones et cyclopsittes, eau-forte rehaussée à l’aquarelle puis lithographiée, extraite de l’atlas Zoologie : Oiseaux, planche 23, dans Voyage au Pôle sud et dans l’Océanie sur les corvettes L’Astrolabe et La Zélée pendant les années 1837-1838-1839-1840 sous le commandement de M. Dumont-d’Urville, capitaine de vaisseau, dir. Charles-Hector Jacquinot. Paris : Gide et J. Baudry, 1842-1853, 22 vol. in-4° et in-folio. Paris, bibliothèque centrale du service de santé des Armées, Pe 11. ©FT.
  3. Thomas Alexander Wise. Review of the history of medicine. London : J. Churchill, 1867, page de dédicace au baron Larrey. Paris, bibliothèque centrale du service de santé des Armées, L 1 508. ©FT.

  


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