Le Bâtiment de Projection et de Commandement (BPC) est un bâtiment novateur aux performances considérables dont l’équipage est optimisé. Témoignages croisés de marins du bord.
Trois Questions au capitaine de corvette Laurent Nicolas, commandant adjoint équipage du Dixmude.
Comment s’est effectuée l’optimisation des équipages sur BPC?
177 marins, c’est le plan d’armement «socle» du BPC, soit son dimensionnement au plus juste pour la mise en œuvre du bâtiment dans la durée et pour ses missions génériques. Il faut également déterminer le soutien nécessaire à l’accueil des ‘modules mission’ qui constituent le «système d’armes» du BPC. Le nombre de militaires présents à bord peut alors passer de 177 jusqu’à environ 650 lorsque le BPC est déployé avec un état-major tactique et la capacité de projection de force (groupe aéromobile) et de puissance (engins et troupes de débarquement)
Quels sont les impacts concrets pour un commandant adjoint équipage?
Un équipage moins nombreux ne veut pas dire moins compétent, bien au contraire ! Les savoir-faire reposent alors sur un nombre plus restreint de marins. L’une des principales difficultés identifiées est la formation des marins, notamment la formation à l’emploi mais également de spécialité des plus jeunes. Pour palier ces problématiques et la charge importante d’entretien qui revient aux équipages, les BPC mutualisent un module de renfort dit «renfort escouade[1]». Les marins qui y sont affectés pour une durée de principe d’un an servent en priorité de renfort à quai ou à la mer pour se former[2] tout en renforçant l’équipage en titre qui doit souvent faire face à des surcroits d’activité opérationnelle ou de maintenance, avant d’être mutés sur BPC. Il faut donc que je gère des compétences globalement au niveau du bord et ensuite que j’adapte, avec une bonne dose de flexibilité, les équipes de quart pour faire face à toutes les situations.
Y a-t-il de grandes différences d’impacts selon les grades?
Un équipage moins nombreux appelle à une connaissance plus centralisée et plus fine de l’ensemble des compétences présentes à bord. La répartition des responsabilités permet d’exposer tout le monde différemment, notamment les plus jeunes. Ces conditions prescrivent ce que je constate au quotidien, c’est-à-dire une plus grande interdépendance entre les officiers, les officiers mariniers, et les quartiers-maitres et marins . Cela renforce «l’esprit d’équipage» et nos marins se sentent certes extrêmement sollicités mais très largement responsabilisés et valorisés quels que soient les grades...».
Témoignages
«Il me semble que l’équipage réduit est une bonne chose mais il faut du temps pour s’approprier les outils et savoir les utiliser convenablement.»
OMS, responsable du secteur sécurité
«Au sein d’un équipage optimisé sur un bateau moderne et fortement automatisé comme le BPC, la pyramide des grades est légèrement différente par rapport aux bâtiments d’ancienne génération. Les officiers mariniers travaillent autrement en équipe et les fonctions d’encadrement sont souvent différentes.»
OM, manoeuvier
«Concernant la vie à bord, j’ai l’impression qu’on se repose moins sur les autres, qu’on est parfois d’autant plus esseulé que le bateau est immense. Il y a une sensation de vide, le soir. Là encore, c’est à nous de nous adapter, notamment en effectuant, un travail permanent de cohésion pour souder les membres du carré et de redoubler d’efforts pour animer les espaces communs le soir. Les repas sont, du coup, des moments essentiels pour se rencontrer et se retrouver»
OM, fusilier
Sources : © Marine nationale
Droits : Ministère des armées