Le maître principal Olivier PAYET est le commandant du CDIC « Hallebarde ».
«Être commandant d’un bâtiment de guerre, c’est exercer une fonction bien particulière à nulle autre pareille. D’abord, cette fonction est confiée par un ordre ministériel. En ce qui concerne les officiers mariniers, cela nous octroie une autorité légitime sur l’ensemble de l’équipage. Le commandement commence par une cérémonie dite de « prise de commandement », un moment très fort qui dès l’instant où la passation est faite, vous révèle l’importance et le poids de votre fonction. Vous vous retrouvé propulsé à la tête d’un bâtiment et de son équipage, c’est un outil qu’il faudra entretenir, entraîner et mener jusqu’au combat.
Pour ma part, je commande le CDIC « Hallebarde » qui est le dernier Chaland de débarquement d’Infanterie et de Chars encore en activité. C’est un commandement ouvert aux officiers mariniers, navigateur de spécialité. Il n’y en a pas beaucoup, cela reste pour moi une opportunité et une chance incroyable d’être commandant d’un bâtiment de combat. Pour nous navigateur, c’est le summum de la spécialité.
Commander dans la Marine, c’est une grande aventure humaine et professionnelle, riche en expériences qui marque à vie la carrière du marin qui a eu, a ou aura l’honneur d’être « pacha ».
Avec 14 membres d’équipage, « L’Hallebarde » est la plus petite unité de la Force d’Action Navale. Le CDIC reste un moyen privilégié de débarquement de personnel et de véhicules d’un TCD situé au large jusqu’à une plage de débarquement. A ce titre, il effectue des transports côtiers, et dispose d’une coque très robuste pour résister à de nombreuses manœuvres de plageage et d’enradiage. En dehors de ces périodes qui sont de moins en moins fréquentes, il est affecté à des exercices amphibies simples, des missions de service public et de relations publiques.
Revenons aux prérogatives et aux responsabilités d’un commandant. Le commandant est à l’intersection d’une toile d’araignée sur laquelle convergent toutes les directives qui émanent des différentes autorités militaires placées au dessus de lui mais aussi des attentes de son équipage et des capacités opérationnelles de son bâtiment. Sa responsabilité personnelle est totale et permanente sur tout ce qui se passe à bord. Il doit décider pour agir et savoir prendre la bonne décision en catalysant les informations qui lui parviennent. Le fait d’être une petite unité change quelque peu la donne « petit bateau petits problèmes, gros bateau gros problèmes ». Pourtant, les responsabilités sont les mêmes et s’étendent toutes aux actions d’un seul membre du bord comme à l’ensemble de l’équipage.
Vous savez, il n’y a pas de fiche de tache pour commander, les missions sont toutes différentes ainsi que les membres d’équipage. Il n’y a pas de technique particulière, chaque commandant est aussi différent l’un de l’autre. Pour ma part, je m’appuie sur des règlements formalisés mais j’amène aussi et surtout dans l’exercice du commandement mes propres valeurs et mes qualités intrinsèques. Le challenge est permanent, l’art de commander est une notion difficile à définir et identifier mais on s’en approche quand la satisfaction et la fierté sont unanimes au sein de l’équipage. Et lorsque qu’il s’intègre dans la mission en frôlant la passion.
Au quotidien, on vit notre commandement comme un moment privilégié. C’est une fierté et un honneur de commander un équipage qui forme avec le bâtiment un ensemble indissociable. C’est loin d’être un « job » ordinaire et c’est beaucoup plus qu’un métier standard qu’on dissocie facilement de sa vie privée. On est commandant à bord mais aussi dehors dans le domaine civil. On doit rester irréprochable peut importe l’endroit où on se trouve puisqu’on représente la France en permanence. C’est une fonction de tous les instants»
Sources : © Marine nationale
Droits : Ministère des armées