La multiplication récente des opérations extérieures et l’intensité des combats rendent les soignants militaires vulnérables à la souffrance psychique. Les besoins de prévention et de soins sont de mieux en mieux pris en compte par le SSA.
Les vulnérabilités et les souffrances des professionnels de santé représentent dans notre société un sujet tabou. Elles ne sont donc pas prises en compte à leur juste mesure. Début décembre, au cours d’un colloque, les professionnels de santé du secteur civil ont étudié la nécessité d’un parcours de soins dédié. Le MC Martinez, coordinateur du service médico psychologique des armées, a expliqué comment le service de santé des armées prend en compte les facteurs de vulnérabilité, très spécifiques, de ses soignants.
Aujourd’hui, le médecin, l’infirmier et l’auxiliaire sanitaire militaires quittent souvent la blouse blanche pour revêtir la tenue de combat. Projetés en opérations extérieures, ils peuvent être confrontés à un évènement potentiellement traumatique, au même titre que leurs camarades combattants, mais à la place singulière de celui qui doit soigner.
Ils abordent fréquemment la question de l’identité : comment concilier mon identité de soignant avec celle du militaire qui peut être amené à utiliser son arme pour se défendre ? Les ruptures éthiques qui soudainement se révèlent sont manifestement des facteurs majeurs de fragilité.
Déontologie, formation spécifique, prise en charge et suivi
Les praticiens militaires s’appuient sur le décret fixant les règles de déontologie qui leurs sont propres. Ce décret prend en compte l’environnement professionnel, en particulier opérationnel et hiérarchique, pour le respect du secret professionnel, de la volonté du patient, des règles éthiques, etc. qui y sont détaillés.
Dès la préparation de leur diplôme d’État, à l’école de santé des armées, pour les praticiens, et à l’école du personnel paramédical des armées, les soignants bénéficient d’une formation complémentaire, militaire et technique, les préparant à l’exercice en milieu spécifique, voire hostile. Ils sont, par exemple, tous formés au repérage et à la prise en charge des troubles psychiques post-traumatiques.
Le nouveau plan d’action, 2015/2018, de prise en charge et de suivi du blessé psychique dans les forces armées fixe un axe consacré au personnel soignant. Ils pourront bénéficier d’un suivi des évènements potentiellement traumatiques, des constatations cliniques et du parcours de soins les concernant.
Attentats du 13 novembre : une prise en charge précoce
Ainsi, ce processus de prise en charge précoce du soignant militaire a été déclenché lors des attentats du 13 novembre. Une équipe mobile de soutien psychologique rapidement constituée au sein des hôpitaux Percy et Bégin s’est déplacée dans les services auprès des blessés, des familles, mais aussi pour le personnel soignant. Outre les débriefings collectifs, chacun a bénéficié d’un suivi personnalisé dans les jours suivants. Les psychiatres du SSA ont également assuré le soutien psychologique des pompiers de Paris en post-attentat. Du médecin en chef au tout jeune pompier, tous ont été invités à consulter.
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