Accueil | Santé | Actualités | Portraits de vétérinaires résistants Santé ... Actualités | Portraits de vétérinaires résistants

Portraits de vétérinaires résistants

Mise à jour  : 24/08/2018 - Direction : DCSSA

Une mise à l’honneur au travers de ces trois portraits de vétérinaires tombés pour la France au cours de la Seconde Guerre mondiale. Il s’agit là encore de sacrifices et d’un engagement patriotique exceptionnel à ne pas oublier.

Joseph Ducret

Né le 9 juin 1906 à Vallières (Haute-Savoie), Joseph Ducret est diplômé de l’école vétérinaire de Lyon en 1928. Vétérinaire à Rougemont dans le Doubs, il est mobilisé comme vétérinaire lieutenant. Sa conduite en 1940 lui vaut une citation avec attribution de la croix de guerre pour s’être replié jusqu’à Périgueux avec ses hommes en opposant une résistance opiniâtre à l’ennemi.

Dès le début de l’occupation, il contribue grâce à son activité et à ses connaissances à former un groupe de résistance dans la région de Rougemont et de la moyenne vallée de l’Ognon. Ce groupe compte à son actif de nombreuses actions de résistance : évasions de prisonniers, sabotages de voies ferrées, réceptions de parachutages d’armes et d’explosifs, renseignements. Chargé de mission de 1ère classe, fonction valant assimilation au grade de capitaine des Forces françaises de l’intérieur (FFI), il participe à tous les parachutages et sert d’éclaireur au groupe qu’il précède à vélo, sans arme, mais emportant avec lui des médicaments vétérinaires pour pouvoir éventuellement justifier son déplacement.

Le 7 septembre 1944, au retour d’une réception d’un parachutage annulé du fait des mauvaises conditions météorologiques, le groupe d’une dizaine de résistants est aperçu traversant la route de Montbozon à Chassey  encerclé par un détachement allemand se repliant sur Belfort.

En tentant de s’échapper, Joseph Ducret et deux de ses camarades sont mortellement touchés.

Paul Le Gal

Né le 4 septembre 1890 à Lorient (Morbihan), Paul Le Gal est diplômé de l’école vétérinaire d’Alfort en 1913. Ayant choisi la carrière militaire, il sort de Saumur en 1914, année du début de la Grande Guerre qu’il terminera à l’armée d’Orient. Il quitte l’armée en 1924 pour s’installer comme vétérinaire à Saumur. Vétérinaire capitaine de réserve, il est mobilisé en 1939 et fait prisonnier à Besançon. Libéré à la fin de 1941, il entre dans la Résistance à Saumur et fait partie du réseau « Buckmaster » puis du réseau « Navarre ».

Suite à une dénonciation, il est arrêté par la Gestapo, dans la nuit du 8 au 9 octobre 1943. Incarcéré à la prison Pré Pigeon d’Angers, il est ensuite transféré à Compiègne et déporté, le 22 janvier 1944, à Buchenwald, puis à Dora-Mittelbau.

Il se dépense sans compter pour soulager les nombreux déportés atteints de dysenterie : la nuit, il fait brûler du bois pour obtenir de la poudre de charbon ou prépare des infusions d’écorces de chêne rapportées clandestinement lors de travail dans les bois. Très vite surnommé « le toubib », son action exaspère les allemands qui le blessent d’un coup de baïonnette. Celui-ci-ci sera à l’origine d’une septicémie qui l’emportera 19 mai 1944.

Raphaël Élizé

Né le 4 février 1891 au Lamentin (Martinique), Raphaël Élizé est diplômé de l’école vétérinaire de Lyon en 1914. Il commence la grande guerre comme simple soldat avant d’être promu vétérinaire auxiliaire, puis vétérinaire aide major de 2e classe à titre temporaire pour la durée de la guerre.

Il s’installe en octobre 1919 à Sablé-sur-Sarthe. En 1929, il est élu maire de Sablé et devient le premier maire noir de France métropolitaine.

Mobilisé en 1939, le vétérinaire capitaine Élizé est affecté à la compagnie 254 du train. Son unité s’étant repliée en zone libre pour échapper à l’encerclement, il obtient de repartir en zone occupée pour lutter contre une épizootie (épidémie frappant une ou des espèces animales) de fièvre aphteuse qui sévit à Sablé. Démobilisé, il demande au préfet de reprendre ses fonctions de maire, mais cela est refusé sur ordre de la Kommandantur qui n’accepte pas qu’un homme de couleur soit maire. Il reprend donc ses activités de vétérinaire et s’engage dans la Résistance dans le réseau « Buckmaster ». L’occupant ne disposant pas de vétérinaire à Sablé, c’est lui qui soigne les chevaux de la Kommandantur, ce qui lui permet de glaner quelques renseignements.

Raphaël Élizé et treize autres membres du réseau sont arrêtés par la Gestapo début septembre 1943. Après plusieurs mois d’internement à la prison d’Angers, puis à Compiègne, il est déporté au camp de Buchenwald le 17 janvier 1944 et affecté au Kommando de Weimar.

Grièvement blessé le 9 février 1945 par une des bombes tombées sur le camp de déportés lors du bombardement allié des usines d’armement de Weimar, Raphaël Élizé meurt peu après des suites de ses blessures.


Droits : © Service de santé des armées