Ce mardi 15 décembre 2020, Geneviève Darrieussecq, ministre déléguée chargée de la mémoire et des anciens combattants, s’est rendue à l’Institut de recherche biomédicale des armées (IRBA) à Brétigny-sur-Orge. Elle était accompagnée du médecin général des armées Philippe Rouanet de Berchoux, directeur central du Service de santé des armées, et de la médecin général inspecteur Nathalie Koulmann, directrice de la formation, de la recherche et de l’innovation.
Cette visite visait à mesurer les recherches/expertises en cours dans le domaine de la sécurité du militaire en opération à travers le prisme de l’innovation et dans la perspective éthique défendue par le SSA. Ce fut également l’occasion de présenter la réponse de l’établissement face à la crise Covid-19.
L’innovation au service de la prévention, du diagnostic et du soin du combattant
L’IRBA consacre de nombreuses recherches à la prévention des dégradations physiques et psychologiques des militaires, notamment dans les domaines de la privation/restriction de sommeil et du stress. Ces deux facteurs nuisent aux capacités des soldats en opérations (temps de réaction, prise de décisions, etc.) et augmentent le risque de blessures physiques ou psychologiques (dépression, burn out). L’IRBA a présenté ses innovations appliquées au monitoring de la vigilance (analyse du sommeil, de l’éveil et entraînement cérébral neurofeedback)et ses études, soutenues par des enregistrements sur le terrain et en situation opérationnelle (A400M, porte-avions Charles de Gaulle, sous-marins) et conduites dans le but de proposer des recommandations fortes aux états-majors. Ont également été présentées à la ministre déléguée les premières pistes de prédiction du risque d’usure (étude menée sur les soignants de l’élément militaire de réanimation de Mulhouse) et de prévention.
L’IRBA a également mis en lumière les différents projets de recherche axés sur les soins après une blessure. Le projet PATRIOT (prévention, diagnostic et traitements innovants de la surdité liée au bruit), en partenariat avec l’Institut Pasteur et deux autres industriels sur cinq ans, vise à trouver un médicament pour traiter les problèmes d’audition (13% des personnels militaires souffrent de séquelles après un trauma sonore) et un ensemble de biomarqueurs multimodaux combinés via l’intelligence artificielle pour améliorer le diagnostic des pathologies auditives. Un second projet, en partenariat avec la Sorbonne, est centré sur des biomatériaux plus efficaces pour améliorer le processus de réparation osseuse après une fracture.
Par le biais de l’intelligence artificielle et grâce à l’implication en amont de l’IRBA sur certains programmes comme le système de combat aérien du futur (SCAF) mené avec l’armée de l’Air et la Direction générale de l’armement, il a été démontré que l’établissement s’intéressait à développer des mesures personnalisées et adaptées au rythme des missions (combinaison des contraintes, etc.) et des nouvelles problématiques (événements physiologiques inexpliqués en vol, etc.). L’idée étant d’arriver à mettre en place un suivi des données physiologiques tout au long de la carrière du pilote (formation, entraînement, simulateur, opérations, etc.) et de pousser à l’adaptation de l’environnement au pilote (et non l’inverse).
La dimension innovante des recherches se retrouve également dans les équipements de haute-technologie de l’IRBA, dont certains ont été récemment inaugurés, à l’image de la plateforme bioclimatique présentée à la ministre déléguée. Cette plateforme, unique en France (températures -20°C/+70°C, humidité jusqu’à 98%), permettra de tester les équipements (gants chauffants, combinaisons) et d’acquérir des données physiologiques pour améliorer l’acclimatation du combattant aux environnements extrêmes.
L’éthique au centre des recherches
Si les recherches nécessitent de plus en plus des technologies poussées, l’IRBA a rappelé sa position éthique « humaniste » à savoir que ses recherches ne visent pas à produire un soldat « augmenté » mais à limiter, au mieux, les dégradations subies. L’idée est de travailler autour de la « non diminution » du combattant, c’est-à-dire sur les fondements de la prédiction, de la prévention, de la protection, du traitement, de la réhabilitation et de la réinsertion.
Sources : IRBA
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