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Colectomie en ambulatoire réalisée à l’HIA Sainte-Anne, une première au sein des hôpitaux militaires et dans le Var

Mise à jour  : 19/05/2020 - Direction : DCSSA

L’équipe de chirurgie viscérale de l’hôpital d’instruction des armées (HIA) Sainte-Anne, sous la coordination du MC Stéphane, a réalisé début février la première colectomie (intervention chirurgicale visant à retirer une partie du côlon) en ambulatoire au sein d’un hôpital militaire et dans le département du Var.

Ce mode de prise en charge, qui consiste à permettre aux patients de regagner leur domicile quelques heures seulement après leur intervention, s’inscrit dans le cadre de la réflexion globale sur l’amélioration du parcours de soins. Initialement réservée à la chirurgie dite « à faible risque », cette première ouvre la voie à l’élargissement et à la standardisation de ce type de prise en charge aux pathologies digestives graves telles que le cancer pour lesquelles des gestes chirurgicaux plus complexes sont réalisés, et repose sur :

  • l’adaptation de l’information remise au patient ;
  • l’organisation de la préparation, de l’accueil et de la sortie du patient dans la même journée ;
  • l’utilisation de techniques chirurgicales mini-invasives– la cœlioscopie ;
  • l’application d’un protocole de réhabilitation améliorée après chirurgie (RAAC) ;
  • la définition par le chirurgien référent, d’un protocole de soins et d’un protocole de surveillance spécifique à domicile pour ces patients en lien avec la médecine de ville ;
  • l’utilisation de nouvelles technologies pour la télésurveillance à domicile.

Témoignage du MC Stéphane, chirurgien référent.

Qu’est-ce qui vous a motivé à proposer une telle chirurgie ? 
L’amélioration de la qualité de prise en charge du patient et son bien-être. Je lui offre la possibilité de rester moins de 12 heures à l’hôpital au lieu des 6 à 8 jours d’hospitalisation classiques après ce type de chirurgie. Je lui propose ainsi de réduire l’impact de l’agression chirurgicale en lui offrant la possibilité de bénéficier à domicile d’un protocole de soins et de suivi identique à celui qu’il aurait reçu à l’hôpital, en vue d’accélérer sa récupération postopératoire.

Quels avantages avez-vous observé ? 
Les bénéfices sont nombreux : réduction de la douleur post-opératoire, reprise plus rapide d’un transit, meilleure récupération, limitations des risques liés à l’alitement prolongé avec au final une diminution du risque de complications postopératoires. En restant moins de 12 heures à l’hôpital, le patient a moins de risque de contracter une infection nosocomiale, ce qui est n’est pas négligeable dans le contexte actuel d’épidémie.

Comment le patient est-il suivi à domicile ? 
Le patient rentre à domicile le soir même de son intervention mais il n’est pas seul. Il quitte l’hôpital avec les coordonnées du chirurgien référent et de l’équipe de garde qui restent joignables à tout moment. Pendant les 3 premiers jours, le chirurgien référent appelle le patient quotidiennement et reçoit un rapport de suivi de son patient par les professionnels de santé de ville matin et soir.

Un parcours de soin coordonné entre l’hôpital et la médecine de ville est établi. Le chirurgien référent définit un protocole de prise en charge et organise la continuité des soins à domicile en coordination avec le médecin de ville. Les infirmiers de parcours complexes ou de coordination des soins à l’hôpital ainsi que les diététiciens (nes) ou les kinésithérapeutes sont en contact permanent avec leurs homologues de ville qui ont en charge la gestion des soins du patient à domicile.

Nous avons aussi mis en place la possibilité d’une télésurveillance qui permet aux équipes à domicile de nous transmettre en temps réel les constantes vitales du patient. Des consultations post-opératoires spécifiques sont également programmées avec le chirurgien référent aux 3e et 10e jours postopératoires.

Avez-vous rencontré des difficultés particulières ?
C’est une prise en charge qui nécessite un gros travail organisationnel entre tous les soignants et beaucoup de pédagogie auprès des patients et de leur famille. D’un point de vue organisationnel, le cap de la colectomie en ambulatoire n’a pas été si difficile à franchir car notre service avait l’habitude des protocoles de RAAC. L’émulation pluridisciplinaire que la RAAC crée au sein d’un service hospitalier se transpose très facilement hors hôpital pour l’ambulatoire. Chaque corps de métier coordonne sa propre partie du protocole, ce qui nécessite toutefois un investissement personnel supplémentaire de la part de chacun.

Comment va votre patient aujourd’hui ?
Très bien. Cette technique nécessite une réelle implication du patient dans son parcours de soins mais le jeu en vaut la peine ! Notre expérience reste limitée pour l’instant, mais nous nous sommes vite aperçu qu’à protocole équivalent et pour le même type de patient, la récupération post-opératoire en ambulatoire était beaucoup plus rapide qu’en service hospitalier si bien qu’au 3e jour post-opératoire, le patient donne l’impression d’avoir été opéré il y a déjà 15 jours !

C’est une première que vous allez donc renouveler ?
Bien entendu. Nous n’en sommes qu’au début de notre expérience et réservons pour l’instant cette intervention aux patients qui s’y prêtent le mieux, mais nous espérons pouvoir rapidement élargir les critères d’éligibilité à ce type de procédure. Il y a 10 ans, il paraissait inimaginable de réaliser des cholécystectomies (ablation de la vésicule biliaire) en ambulatoire. Maintenant, c’est devenu le standard. Peut-être assisterons-nous un jour à un même changement de pratiques concernant la colectomie. Il parait cependant évident qu’à l’heure du COVID-19, cette technique opératoire représente une véritable opportunité pour la sécurité du patient et de sa famille.


Sources : HIA Sainte-Anne
Droits : © Ministère des armées