Expertise
«Je représentais en 2007, comme mes prédécesseurs depuis 2001, le commandant de la Task Force 473 (groupe aéronaval français) au Combined air operation center (CAOC) d’Al Udeid (Qatar). C’est de cet état-major qu’étaient planifiées et conduites les opérations aériennes de la coalition, qu’elles concernent les avions basés à terre ou ceux qui partaient des porte-avions français et américains. Tout au long du déploiement du groupe aéronaval français, mon rôle consistait à faciliter l’intégration des aéronefs français dans la planification de l’ensemble des vols opérationnels et des ravitaillements, aux cotés de mes camarades de l’armée de l’air. La présence d’un officier supérieur du domaine de l’aéronautique navale auprès du général directeur du CAOC permettait de mieux faire comprendre la spécificité d’une projection de puissance depuis un porte-avions. En complément du travail effectué par les UNITREP placés exceptionnellement cette année là à KABOUL, j’apportais d’une part l’expertise capacitaire des avions Super Étendard Modernisés, Rafale marine (engagé en AIR/SOL pour la 1ère fois) et E2C Hawkeye, et d’autre part du bâtiment et de son rythme d’activités, comme le faisait mon homologue américain pour leurs propres porte-avions. Dans ce rôle de facilitateur, nous avions par exemple monté une chaîne logistique réactive en cas de déroutement de nos avions à terre, avec la coopération du C2 américain du porte-avions Stennis». CV Bruno, représentant du CTF 473 au Combined air operation center.
Autonomie
«Avec le nouveau pilote automatique, nous pouvons travailler beaucoup plus librement et avec les nouveaux équipements inclus dans le pod[1], nos capacités opérationnelles se sont grandement améliorées. Nous pouvons beaucoup plus nous concentrer sur la phase tactique et la gestion de l’armement. Le couple caméra thermique / jumelles de vision nocturne / Damoclès avec pointeur laser et infrarouge, c’est un mariage terrible. On devient complètement autonome pour travailler de nuit. Et l’attaque de nuit laisse un impact psychologique certain ! Il y a une réelle plus-value dans nos missions sur le porte-avions». Pilotes de SEM (Cols Bleus 2007).
Connaissance et anticipation
«Pendant les phases Héraclès Air Indien (HAI)[2], le Centre Renseignement de Force Navale (CRFN) à bord du Charles de Gaulle était armé conjointement par du personnel du porte-avions, du groupe aérien embarqué (GAé) et la cellule renseignement de l’état-major embarqué (FRMARFOR). Nous étions une vingtaine en mer d’Arabie à porter une attention toute particulière au territoire afghan à plusieurs centaines de milles de distance. Il s’agissait en effet de recueillir, d’exploiter et de diffuser le renseignement, nécessaire non seulement au GAé en soutien aérien des troupes déployées sur le sol afghan, mais également à toute la force navale - incluant un SNA - qui croisait au large du Pakistan, ainsi qu’à l’amiral CTF 473 et son état-major embarqué. Le centre réunissait un large éventail de compétences pour gérer un renseignement abondant en provenance des nombreux capteurs de la force navale, des organismes de renseignement sur zone, nationaux comme alliés ainsi que de la Direction du renseignement militaire. En fin de journée, le renseignement fusionné et synthétisé était présenté à l’amiral puis faisait l’objet du compte-rendu adressé au CPCO. Souvent trépidantes, toujours passionnantes, ces phases HAI restent ce que j’ai connu de plus riche et de plus intense en tant qu’officier renseignement.» CF Christian, chef du Centre Renseignement de Force Navale HAI 2001, 2006 et 2007.
[1] Un pod est une nacelle, un conteneur ajouté sous l’avion pour y mettre caméras, désignateur lazer, armements…
[2] Nom de la contribution nationale à l'opération Enduring Freedom.
Sources : Marine nationale
Droits : Ministère des armées