Patrick Herr : « Le partenariat avec la Marine est très important pour nous »

L’Armada vit sa sixième édition, avec le vent en poupe depuis 1986…

Tout a commencé en 1986, j’étais adjoint au maire à Rouen. Les quais étaient déserts, il y avait des mauvaises herbes partout. Jean Lecanuet m’a dit : « Patrick, il faut trouver quelque chose ». Je faisais du bateau et je lui ai proposé de faire venir des multicoques. Il n’y croyait pas trop, mais m’a dit qu’il faisait confiance à ses adjoints. C’était la période du centenaire de la statue de la Liberté qui était partie de Rouen à bord de l’Isère. Des dizaines de milliers de personnes sont venus voir les multicoques au mouillage. Le jour de la parade, il y avait un monde fou, c’était superbe. Avec le succès de 1986, le bicentenaire de 1789 approchant, Paris faisait quelque chose de grandiose. Le maire m’a dit de trouver quelque chose d’extraordinaire pour rivaliser avec la capitale, qui organisait un grand événement sur les Champs Elysées. On a eu l’idée de faire venir les grands voiliers. On a appelé un peu partout, on est allés voir les commandants ou bénévoles pour venir à cette manifestation. Ils ne savaient pas très bien où était Rouen, mais ils ont répondu qu’ils allaient venir. Et il y a eu des milliers de personnes. Les éditions suivantes ont eu d’autres thèmes, comme le débarquement. C’est à cette occasion que nous avons accueilli quelques « bateaux gris », comme la Jeanne d’Arc dont Rouen était la ville marraine.

Justement, la Marine nationale est fortement associée à l’événement ?

Le partenariat avec la Marine nationale est très important pour nous. Cette année le public peut visiter, le Monge, c'est une grande première. 3000 visites par jour ! Pour les voiliers d’Etat, la Marine propose cette année la Belle Poule et le Mutin. La Marine a également toujours contribué en prêtant des pontons ou du matériel.

Et cette année ?

Cette année, l'autre nouveauté est la présence du plus grand voilier du monde en activité (56 mètres de hauteur). Avec la crue, il est passé à moins de cinquante centimètres des ponts. Il restera quatre jours de plus car il ne peut pas passer le dimanche avec les coefficients de marée. Il doit attendre jeudi.

En 2013, c’est la première fois que l’événement se passe au printemps. On m’a dit « au mois de juin, il y aura personne !». En fait, on a encore plus de monde que d’habitude. Rien que samedi, on a eu plus de 300.000 visiteurs entre 20h et 1h du matin. C’est un grand succès qui va se pérenniser. Personnellement, c’est ma dernière édition. J’ai d’excellents souvenirs avec les commandants, les amiraux… mais il y a un moment où il faut savoir passer la main. Je garderai le contact car je suis un passionné du monde de la mer et de Rouen.

Vous avez des idées nouvelles à proposer ?

Mon idée, ce serait de faire vivre les quais en accueillant régulièrement des voiliers ou des bateaux gris. On souhaiterait devenir un vrai port d’escale pour les grands voiliers ou aux « bateaux gris », par exemple ceux qui n’ont pas pu venir aux dates de l’armada. La Jeanne d’Arc venait régulièrement en visite dans sa ville marraine. J’ai d'ailleurs participé à son dernier voyage, la descente de la Seine et nous avions tous une larme à l’œil. Dans le cadre de l’Armada, nous inaugurons officiellement le 14 juin le monument de l’Ile Lacroix où trône l’ancre du porte-hélicoptères en symbole du lien fort avec la ville de Rouen. Nous accueillons aussi le congrès des villes marraines. A ce sujet, Rouen a d’ailleurs effectué une demande pour être marraine de la frégate multi-missions Normandie.

Qu’est-ce qui fait selon vous le succès d’une telle festivité ?

On a la chance d’avoir une manifestation ici pendant 10 jours. Comme pour toute manifestation d’envergure, on pourrait craindre des incidents. Mais le procureur de la République  m’a dit que je pouvais organiser cela toute l’année, parce que l’Armada générait de la fraternité de la convivialité et qu’on oubliait les soucis du quotidien. On ne sait pas pourquoi, mais ça se passe bien ! Tout le monde parle de bateaux, de voile…c'est vraiment l'esprit marin