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Premières rencontres civilo-militaires : des théâtres de guerre aux attentats, ces nouveaux blessés

Mise à jour  : 01/02/2017 - Auteur : Alexandre Moreau - Luc Pascual - Direction : DCSSA

210 professionnels de santé civils et militaires se sont rassemblés, le 26 janvier 2017 à Talence, pour un temps d’échanges inédit sur leur expérience de terrain de la prise en charge des victimes des récents attentats. Cette première Rencontre santé civilo-militaire de la région sud-ouest (RCMSO) a couvert la totalité des champs d’action des équipes médicales, de la prise en charge immédiate des blessés jusqu’à leur réinsertion sociale, en passant par la réparation physique et psychique.

Les RCMSO ont été organisées par la direction régionale du service de santé des armées de Bordeaux, en collaboration avec le collège santé de l’université de Bordeaux, le conseil de l’ordre des médecins de la Gironde, l’agence régionale de santé et La fondation Université-Bordeaux.

Dans son discours d’ouverture, le médecin général des armées Jean-Marc Debonne, directeur central du service de santé des armées, a souligné que l’expertise du SSA dans la prise en charge des blessés de guerre est transposable sur le territoire national pour les victimes d'attentats. Le SSA détient un savoir-faire quasi unique dans la prise en charge depuis la blessure jusqu’à la réinsertion professionnelle de la victime. Il est donc nécessaire d’agir ensemble, pour une meilleure prise en charge de ces nouveaux blessés. La réussite de cette collaboration réside dans la synergie nécessaire entre les secteurs civils et militaires, en accord avec la politique d’ouverture du service de santé des armées.

En présence du professeur Jean-Luc Pellegrin, directeur du collège des sciences de la santé de l’université de Bordeaux, du médecin général Charles Puel, directeur régional du service de santé des armées de Bordeaux, du docteur  Albert Roche, président de l’ordre des médecins de la Gironde et madame Karine Trouvain, représentant l’ARS Nouvelle-Aquitaine, les interventions se sont succédé avec, comme fil conducteur, la mise en perspective du savoir-faire du SSA et l’expérience de nos partenaires civils.

Gestion d’afflux massif de blessés

La gestion de l’afflux massif des blessés, présentée par le médecin en chef Luc Aigle, professeur agrégé de l’École du Val-de-Grâce, a permis d’identifier les différents niveaux de soutien des équipes médicales et l’importance du « SAFE MARCHE RYAN », doctrine du Service qui a pour objectif « la standardisation de la prise en charge au travers d’un langage commun ». Afin d’illustrer les propos et d’approfondir la réflexion, le docteur Eric Tentillier, chef de service du SAMU 33, a proposé un retour d’expérience sur l’afflux massif de victimes lors de l’exercice « attentat » organisé lors de la préparation à l’EURO 2016 à Bordeaux. Le dispositif « ORSEC NOVI » permet de répondre à ce type de situation de crise, en gardant à l’esprit la nécessité d’éviter le « sur-attentat » et de garantir une intervention médicale dans des conditions sécuritaires optimales.

Cette gestion de crise ne peut être totalement maîtrisée sans une organisation pensée en amont, grâce à une préparation spécifique et l’articulation de moyens, humains ou logistiques. Ainsi, le médecin en chef Aigle et le docteur Chantal Gravelat, conseillère médicale de zone à l’ARS Nouvelle-Aquitaine, ont présenté deux dispositifs de coordination, du rôle du directeur médical lors de l’opération Barkhane à la préparation de la réponse de crise sanitaire sur le territoire national par l’ARS Nouvelle-Aquitaine.

La prise en charge psychologique

Au-delà de la prise en charge somatique de ces nouveaux blessés, le médecin en chef Marie-Dominique Colas, consultant national en psychiatrie et en hygiène mentale pour le SSA, a insisté sur le rôle majeur des professionnels de la santé mentale, tant dans la prise en charge précoce, grâce au déclenchement du plan « MASCAL», que dans le suivi à moyen et long terme des patients. L’expertise du SSA dans ce domaine a été mise en valeur. Cet accompagnement impose de « penser l’avenir du parcours de soins, au cas par cas, dès la première rencontre avec les blessés, leur famille et les impliqués ». Après le diagnostic et la thérapeutique, c’est la phase de réparation du patient porteur d’un psycho-traumatisme qui débute. Le docteur Jacques Bertrand, expert près la cour d’appel de Bordeaux, a abordé les étapes de la reconnaissance médicale du préjudice, sous un angle technique, humain, rationnel et financier. Cette évaluation, jusqu’à la phase de consolidation, permet de déterminer les différents postes de préjudices (agrément, sexuel, esthétique, d’établissement et le déficit fonctionnel temporaire et permanent). Après la phase aiguë, la réparation demeure un moment clé dans la réhabilitation et la réinsertion socio-professionnelle.

Les étapes de la reconstruction des blessés

Le médecin chef des services Eric Lapeyre, consultant national en médecine physique et rééducation pour le SSA, a axé son discours autour de la rééducation et l’insertion socio-professionnelle. Deux étapes se dégagent de cette prise en charge spécifique : la phase « primaire » vise à « prévenir et traiter les complications médico-chirurgicales et à débuter les actions d’autonomisation du blessé dans les activités quotidiennes ». Les phases secondaires dites de « réadaptation-réinsertion » entrent dans le champ du médico-social. La personnalisation des projets de soins, en collaboration avec les équipes pluridisciplinaires (équipes MPR, psychiatres, acteurs sociaux…) font l’objet d’un suivi spécifique et innovant à travers notamment « la création de la cellule de réadaptation et réinsertion des blessés en opération (C2RBO),  le financement de prothèses bioniques chez l’amputé... » Afin de compléter ces propos, le docteur Christophe Bou, de l’UFR des sciences en odontologie, est intervenu en présentant des cas concrets sur la mise en place de prothèses maxillo-faciales et un focus sur les avancées technologiques dans ce domaine. Il a également présenté une étude sur la réhabilitation bio-psycho-sociale du patient nécessitant la mise en place d’une prothèse maxillo-faciale, afin de pallier l’altération du schéma corporelle et du « moi psychologique ».

Cette journée, marquée par les échanges et la convivialité, a permis de débattre autour de retours d’expériences, de proposer un état des lieux de la gestion de crises sanitaires sur le territoire national et en opérations, et permettre un rapprochement, au niveau régional, du service de santé des armées et du service public de santé.

Satisfait de la qualité de cette journée, le professeur Jean-Luc Pellegrin, a suggéré de proposer une nouvelle rencontre en 2018.

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