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La médecine de guerre au profit des victimes des attentats

Mise à jour  : 27/11/2015 - Auteur : BCISSA - Direction : DCSSA

Face aux attentats qui ont frappé Paris le 13 novembre, le service de santé des armées a mis à disposition ses aptitudes uniques en termes de réactivité, d’organisation et d’expertise.

Mis en alerte le vendredi dans les minutes qui ont suivi les premiers évènements, les Hôpitaux d’instruction des armées (HIA) Bégin (Saint-Mandé – 94) et Percy (Clamart – 92) de la plateforme hospitalière militaire d’Ile-de-France ont déployé en moins de 90 minutes leur capacité maximale de prise en charge simultanée de blessés, conformément au plan Mascal -procédure d’afflux massifs de blessés éprouvée en OPEX.

Les blessés ont bénéficié de stratégies de prise en charge largement utilisées en OPEX : préalablement catégorisés dès leur accueil hospitalier, ils ont bénéficié de techniques de « damage control », mais aussi, lorsque cela était nécessaire, d’une transfusion de plasma lyophilisé (PLYO), systématiquement utilisée en première intention en cas de traumatismes hémorragiques dans tous les HIA, comme en OPEX.

Savoir-faire technique en matière de chirurgie de guerre

La notion de chirurgie de guerredépasse largement le simple cadre de la blessure par balle. Elle est une stratégie globale visant à adapter l’acte chirurgical aux conditions dans lesquelles il s’exerce. La prise en charge des victimes, potentiellement « sous le feu », leur catégorisation, leur mise en condition « à l’avant », en prenant toujours en compte le facteur temps et sécuritaire, est l’aboutissement d’une très longue expérience du service de santé des armées français. Une expérience fortement éprouvée ces dernières années sur de nombreux théâtres d’opération.

Au-delà des procédures et du sang-froid qu’elle suppose, cette prise en charge est basée sur des techniques médico-chirurgicales spécifiques et parfois novatrices : le « damage control », concept complémentaire de celui du sauvetage au combat, dont l’intérêt est de réduire le temps opératoire initial en ne réalisant que les gestes vitaux strictement nécessaires. Cette technique permet une prise en charge rapide de réanimation, centrée sur la maîtrise du choc hémorragique par le biais de l’emploi précoce des dérivés du sang et de médicaments favorisant la coagulation. Elle autorise ensuite une reprise chirurgicale éventuelle à 24 heures chez un blessé stabilisé, donc dans de meilleures conditions.

Autre exemple, les gestes chirurgicaux d’urgence, enseignés dans le cadre du Cours Avancé de Chirurgie en Mission Extérieure, le CACHIRMEX de l’École du Val-de-Grâce, qui donne à nos chirurgiens de différentes spécialités, la maîtrise des gestes simples et salvateurs, assurant ainsi la survie des blessés tout en préservant leur pronostic fonctionnel.

Réactivité et posture permanente de veille

La culture spécifique du SSA - permanence de ses capacités, réactivité de ses moyens, et disponibilité de ses équipes - permet de mobiliser, sur court préavis, des équipes constituées et entraînées, notamment au travers du Dispositif santé de veille opérationnelle « DSVO »

qui comporte plusieurs niveaux d’alerte et de montée en puissance. Cette posture permanente rend le Service particulièrement réactif. Mais si le SSA intervient rapidement et de manière organisée, cette action n’a pas vocation à durer : une fois le relais pris par d’autres acteurs institutionnels, le SSA se désengage au plus vite pour régénérer sa capacité de réaction ; une forme de « starter », d’amorce de réponse à la crise.

Les hôpitaux d’instruction des armées poursuivent quant à eux leur engagement, qui durera longtemps, pour le traitement des dix-huit blessés encore hospitalisés et ceux blessés psychologiquement. Pour eux s’ouvre un long chemin de soins et de réadaptation, de prise en charge psychologique mais aussi sociale, nécessitant de mobiliser des moyens coordonnés pour une approche globale de leurs besoins. Un domaine dans lequel l’expertise des HIA et de l’institution nationale des Invalides seront grandement utiles.

Cette efficacité est le fruit d'une expérience individuelle certes, mais avant tout collective, acquise sur les théâtres d'opérations en soutien et au contact de nos forces armées.

Bilan des 2 HIA
52 blessés balistiques pris en charge dans la nuit dont 18 urgences absolues
50 interventions chirurgicales réalisées en 48 heures
13 blessés admis en réanimation
Bilan psy
Plus de 100 consultations réalisées en moins de 48 heures dans les 2 HIA
80 entretiens individuels réalisés auprès des familles des victimes à l’école militaire
CTSA
296 dons du sang
ERSA
2 000 garrots et 2 000 pansements compressifs
1500 trousses de secours individuelles


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