Le soin des fractures est l’objet de très nombreuses recherches et innovations, tant dans le monde civil que militaire. Le soldat en opération extérieure est soumis à un risque important de fractures. Dans ce cadre, les équipes de l’Institut de recherche biomédical des armées (IRBA) œuvrent pour apporter des solutions plus simples et efficaces.
Le danger des fractures
Pour le militaire, les fractures sont souvent le résultat d’un impact sur une zone corporelle non protégée (70% des blessures de guerre se situent sur les membres). La population civile est aussi concernée (accidents routiers, attentats). C’est pourquoi l’IRBA, en partenariat avec les hôpitaux d’instruction (HIA) Percy et Begin ainsi que l’université Paris 13 Sorbonne, mène des recherches et innove afin d’améliorer la réparation osseuse.
Les solutions thérapeutiques actuelles et l’apport des recherches de l’IRBA
Le traitement standard des lésions osseuses graves consiste à implanter chirurgicalement un greffon osseux autologue généralement prélevé au niveau de l’os spongieux de la crête iliaque du patient. Ce traitement est efficace pour les défauts osseux d’une longueur inférieure à 5 cm. Néanmoins, certaines complications subsistent (quantité limitée de greffon, risque d’infection des sites donneur et receveur de la greffe, etc.). Aussi, l’IRBA, en collaboration avec l’université Paris 13 Sorbonne, met au point différents types de substituts osseux susceptibles de remplacer le greffon osseux autologue dans le geste chirurgical. Le biomatériau osseux le plus prometteur développé par l’IRBA est un élastomère (caoutchouc) à base de poly-caprolactone-uréthane (PCLU).
Pour les défauts osseux supérieurs à 5 cm de longueur, une autre technique chirurgicale réparatrice est utilisée, notamment par les HIA Percy et Begin : il s’agit de la technique de la membrane induite de Masquelet. Cette technique repose sur deux gestes opératoires, séparés d’une période d’attente d’au moins 8 semaines. Le premier geste chirurgical consiste à insérer un ciment en polyméthylmétacrylate (PMMA) dans le défaut osseux. Une membrane biologique résultant de la réaction de l’organisme à un corps étranger va se former autour du ciment. Les recherches menées notamment à l’IRBA ont montré que cette membrane induite avait des propriétés ostéogéniques facilitant la réparation osseuse. Lors du deuxième geste opératoire, le chirurgien retire délicatement le ciment PMMA en préservant la membrane. Ensuite, il implante dans la cavité délimitée par la membrane un greffon osseux autologue standard pour finaliser la réparation osseuse. Cette technique permet de réparer des défauts osseux allant jusqu’à une longueur de 20 cm. Cependant, cette technique connait 18% d’échec thérapeutique et, dans des conditions sanitaires difficiles (OPEX, etc.), l’accès à du ciment PMMA n’est pas garanti pour pratiquer la technique de Masquelet.
Ainsi, l’IRBA, en collaboration avec les chirurgiens des HIA Percy et Begin, développe des biomatériaux simples et peu onéreux, alternatifs au ciment PMMA, pour améliorer le succès et l’accessibilité de la technique de Masquelet. Ces biomatériaux osseux développés par l’IRBA pourraient prochainement améliorer la réparation de lésions osseuses chez les blessés de guerre, après validation des essais cliniques qui seront conduits dans les HIA Percy et Bégin.
Sources : IRBA
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