Accueil | Marine | Magazine | Zone maritime Antilles: à la croisée des chemins? | Surveiller, contrôler et intervenir Marine ... Zone maritime Antilles: à la croisée des chemins? | Surveiller, contrôler et intervenir

Surveiller, contrôler et intervenir

Mise à jour  : 04/04/2013 - Direction : SIRPA Marine

Le contre-amiral Georges Bosselut, commandant supérieur des forces armées aux Antilles[1] depuis l'été 2012, exerce également le commandement la zone maritime des Antilles. A ce titre, il assiste le préfet de la région Martinique, délégué du gouvernement pour l'action de l'État en mer dans cette zone. Entretien.

[1]Les Forces Armées aux Antilles (FAA) garantissent la protection du territoire national et animent la coopération régionale depuis les départements de la Martinique et de la Guadeloupe.

Quels sont selon vous les principaux enjeux maritimes du théâtre?

Le premier des enjeux, c'est le contrôle et la surveillance de cet espace immense. Pour cela, nous travaillons avec l'ensemble des pays de l'arc antillais et nous coopérons avec trois principaux partenaires : les Pays-Bas, le Royaume-Uni et les États-Unis. Les premiers disposent de plusieurs points d'appui dans la zone et déploient à l'année une frégate et des moyens aériens de surveillance maritime. Le Royaume-Uni assure également une présence permanente avec un bâtiment de soutien dont la mission principale consiste à assister les populations en cas de catastrophe naturelle. Les Américains sont bien sûr un partenaire essentiel. Nous collaborons étroitement avec la Joint InteragencyTask Force-South (JIATF-S), l'agence interministérielle américaine de lutte contre le narcotrafic située à l'extrême sud de la Floride. Des officiers de 13 pays – dont la France – ayant des forces navales dans la zone ont des officiers de liaison à Key West notamment pour échanger du renseignement.

Le deuxième enjeu, c'est le secours des populations en cas de catastrophe naturelle. Avec un navire comme le bâtiment de transport léger (BATRAL) Dumont D'Urville, la France est en mesure d’acheminer du fret humanitaire, déployer des moyens humains et matériels vers un grand nombre de plages répertoriées pour porter assistance à ses ressortissants et aux différentes populations de la Caraïbe. Nous nous préparons à ce type d’évènement avec l'ensemble de nos voisins.

Comment percevez-vous la lutte contre le narcotrafic?

La lutte contre le narcotrafic est une mission particulièrement complexe que nous devons conduire de manière globale, en interministériel sur le plan national et en coordination avec les autres pays de la zone. La France s'implique particulièrement dans l'interception de navires transportant de la cocaïne à travers l'arc antillais et participe également, aux côtés de ses partenaires caribéens, à une lutte plus globale contre le trafic de drogue dans le centre de la Caraïbe. Les Etats-Unis, le Royaume-Uni et les Pays Bas sont naturellement des partenaires privilégiés disposant, comme la France, de moyens d'interception en mer des Caraïbes. D'autres pays participent également de manière active à la lutte contre le narcotrafic. C'est le cas du Mexique, de la Colombie et du Brésil, avec qui nous entretenons des contacts réguliers.

En France, plusieurs administrations sont concernées par la lutte contre le narcotrafic. Les douanes et la police par exemple, sont particulièrement investies dans le domaine du renseignement, des enquêtes et des interceptions sur le territoire national. La Marine nationale occupe un secteur particulier qui est celui de l'interception en haute mer. Elle oriente son action en fonction d'informations transmises par des services français tels que l'Office Central pour la Répression du Trafic Illicite de Stupéfiants (OCRTIS) ou des organismes internationaux comme la JIATF-S.

Quelles sont les évolutions probables et les défis à venir dans le domaine de la lutte contre le narcotrafic?

La lutte contre le narcotrafic que nous menons avec l'ensemble de nos partenaires semble porter ses fruits puisque la quantité de cocaïne saisie augmente d'année en année alors que le volume total de drogue transitant en mer des Caraïbes se stabilise après avoir fortement augmenté ces dernières années. Pour autant, les narcotrafiquants s'adaptent continuellement à la menace que nous constituons. Leurs modes opératoires évoluent. Ils savent se camoufler, transitent de plus en plus souvent de nuit et utilisent de nouveaux moyens de transports tels que des semi-submersibles. 6 engins de ce type ont été interceptés ces 4 dernières années. Nous constatons également que les narcotrafiquants utilisent de plus en plus les conteneurs pour transporter la drogue en direction de l'Afrique et de l'Union Européenne. C'est un défi supplémentaire qu’il faudra relever sachant la difficulté de déceler de la cocaïne dans un flux de conteneurs.

Dans la proximité de l’arc antillais, nous cherchons également à renforcer notre surveillance. Nous nous organisons avec les autres administrations pour instaurer un dispositif de surveillance depuis la haute mer jusqu’au plus près des côtes. A cet égard, l’installation du dispositif « SPATIONAV » sur les îles françaises sera une étape importante dont il est souhaitable qu’elle aboutisse le plus rapidement possible. Cela nous permettra également de nous connecter au réseau de surveillance de nos voisins.

Les moyens de la Marine aux Antilles

La base navale est implantée dans le fort Saint-Louis à Fort-de-France, avec:

  • deux frégates de surveillance : le Ventôse et le Germinal ;
  • un bâtiment de transport léger (Batral) : le Dumont d’Urville ;
  • un patrouilleur de gendarmerie maritime : la Violette ;
  • un remorqueur portuaire côtier : le Maito.


Sources : © Marine nationale
Droits : Ministère des armées

Lire aussi