Sur le site Marine de Cadarache sont formés les atomiciens de demain. Ces experts et spécialistes de l’atome conduiront les installations nucléaires embarquées et les répareront en cas d’avaries.
Pour aller en cours il faut passer plusieurs barrages de sécurité. Les bancs de l’école des applications militaires de l’énergie atomique (EAMEA) ne sont pas situés n’importe où. Le site du commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) de Cadarache est réputé à travers le monde pour ses installations de pointe.
Dans une des salles de cours du bâtiment 400 : un stagiaire est debout face à un jury. Il s’agit d’une étape importante aujourd’hui pour le maître Sébastien Le Bloas. En plein milieu de ses six mois de formation, il doit faire ses preuves devant un jury composé de marins et de civils travaillant pour le concepteur. L’issue de cet examen lui permettra de continuer … peut-être … sur sa lancée.
Le maître Le Bloas est déjà atomicien mais il est tout de même revenu à l’école. Il a servi sur SNA en tant qu’électromécanicien atomicien après une première formation à Cherbourg et Cadarache. Aujourd’hui il apprend un nouveau métier toujours lié à l’atome : instrumentiste.
«C'est la continuité logique de toute carrière d’ELEC, explique le maître Mickaël Dumeynie, nous accéderons à plus de responsabilités.» Il est l’un des trois stagiaires du cours et attend impatiemment les résultats de sa performance. «Les instructeurs nous ont donné des symptômes et nous devions donc trouver la panne. C’est la partie la plus facile. Le plus dur c’est de les convaincre. Nous exposons une stratégie curative.»
La formation est aussi exigeante que le métier est minutieux. Les instrumentistes sont les experts à bord. Ils sont en partie responsables du maintien en condition opérationnelle du bâtiment et surtout ils doivent être capables de diagnostiquer une panne et proposer une solution sans pour autant freiner la mission.
L’unité de l’EAMEA, située à Cadarache, intervient sur plusieurs plans. Tout d’abord c'est ici que les futurs MECAN et ELEC découvrent pour la première fois l’univers de l’atome. Lors de leur formation au BAT à Saint-Mandrier, les marins font un stage d'initiation à la vapeur. Quand ils choisissent de devenir atomiciens, ils suivent une formation de trois semaines. Dans ce laps de temps, les élèves apprennent à manipuler entre autres les outils de propulsion nucléaire. Puis lorsqu'ils passent la formation pour le BSA, ils reviennent sur le site pendant cinq semaines.
Les marins sont essentiellement dans le bâtiment 400 pour leur formation pratique.. Entre ces murs se trouve une page importante de l’histoire nucléaire de la Marine. Ce grand bâtiment abrite le premier prototype à terre (PAT) c'est-à-dire le même type de réacteur nucléaire qui a armé les tous premiers sous-marins de classe Redoutable. Le site possède également les prototypes de réacteurs nucléaires plus modernes. S'ils sont aujourd'hui à l’arrêt, ils sont toujours un outil pour apprendre car ils sont dans un environnement nucléaire contrôlé. Les élèves mettent en pratique les cours de sûreté nucléaire. Sur des réacteurs nucléaires d'expérimentations, ils apprennent à diverger, c'est-à-dire à démarrer une installation nucléaire et à en contrôler la réaction
Dans une autre salle de cours deux stagiaires planchent sur les circuits électriques du porte-avions. Les maîtres Yann Richard et Christelle Poirier Arvin-Berod souhaitent devenir instrumentistes sur le porte-avions.
«J’ai envie d'évolution dans mon métier et de toucher à plus de technicités.» explique le maître Yann Richard. «Ce métier consiste à penser la panner avant que celle-ci ne vous surprenne. Un métier basé sur des procédures qu'il faut apprendre.» Pour le stagiaire l’essentiel est de comprendre la logique qui amène au diagnostic et à trouver la meilleure solution. Mais pour ce faire il faut «autant maîtriser les circuits sur le papier que lorsque l’on met les mains dedans.»
Jusqu'en décembre, les cinq stagiaires seront tant par les marins que par les civils. La force de cette formation est bien la proximité avec le concepteur qui peut répondre à toutes les questions des instrumentistes en herbe.
Sources : © Marine nationale
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