Près de 500 ressortissants français à auditionner
13 janvier 2012. Le paquebot de croisière Costa Concordia s’échouait au large de la Toscane avec plus de 4000 personnes à bord. A première vue, l’affaire concerne surtout les autorités italiennes. Sauf que
462 ressortissants français, originaires de métropole ou d’outre-mer, figurent parmi les naufragés.
La section de recherches (SR) est saisie par le Parquet de Paris. Pour les gendarmes maritimes, l’enquête ne fait que commencer. Il faut préparer un canevas d’audition type à diffuser aux différentes unités de gendarmerie maritime qui seront chargées du recueil des auditions de chacun des plaignants. C’est la mobilisation générale chez les «gendmar» qui se partagent le recueil des plaintes par groupement, en fonction de l’origine géographique des sinistrés. Sur l’île de la Réunion, par exemple, 59 auditions ont été menées. « Le recueil des témoignages avait un double intérêt : apporter une écoute attentive à nos concitoyens d’outre-mer et faire avancer la procédure, pour mieux défendre ensuite les intérêts des sinistrés », commente l’adjudant-chef Delarasse qui a du réorganiser l’emploi du temps de son équipe réunionnaise pendant un mois pour conduire cette mission.
«La plus-value des gendarmes maritimes dans cette enquête, c’est la maîtrise de l’environnement et de la terminologie maritime», précise le lieutenant-colonel qui dirige la section de recherches. «Les autorités italiennes se sont d’ailleurs servies de notre questionnaire comme canevas à proposer à d’autres nations. Ainsi, en établissant ce standard, nous parlions tous le même langage».
Trois mois et deux cartons de déménagement pleins seront nécessaires pour le seul recueil des plaintes, en vue de constituer la procédure exploitable pour la justice. Un travail de fourmi (900 jours de travail rapportés à un individu) qui sera essentiel à l’heure où l’enquête devra déterminer les circonstances exactes du naufrage et de l’évacuation. Et défendre les intérêts de nos concitoyens dans cette affaire.
La gendarmerie spécialisée au top des procédures
8 septembre 2011. Le Catamaran Tribal Kat est attaqué par des pirates au large du Yémen. A son bord, un couple de Varois parti faire un tour du monde. Interceptés par les bâtiments de la force européenne de lutte contre la piraterie "Atalante", dont un des bras armés était la frégate Surcouf, les pirates présumés ont été rapatriés en France selon les termes de la loi du 5 janvier 2011 relative à la lutte contre la piraterie et l’exercice des pouvoirs de police de l’État en mer.
«Nous avions un objectif capital: éviter à tout prix de fragiliser la procédure », explique le lieutenant-colonel qui commande la section de recherches, à qui le dossier avait été confié. « De leur interception en mer à leurs interrogatoires dans nos locaux de Houilles en région parisienne, en passant par les aéroports internationaux de Salaalah (Oman) et Paris Charles de Gaulle, sans oublier un détour obligatoire par l’hôpital Percy, le tout vice de procédure était un des principaux obstacles à éviter. Une gageure compte-tenu de la variété de statuts liés aux zones géographiques par lesquelles ils transitaient. L’ensemble a demandé la mise en place d’une importante logistique pour faire venir chacun des enquêteurs ou responsables juridiques dans le bon tempo. Pour sept pirates présumés, cinquante-sept enquêteurs ont été mobilisés. Après la notification des droits aux pirates présumés à leur arrivée en France, nous n’avions que quatre-vingt-seize heures pour procéder à l’ensemble des actes de procédure prévu par la loi. La section de recherches de la Gendarmerie maritime a aussi été chargée de réaliser des investigations sur le voilier, rapatrié sur la base navale de Toulon. «Une remarquable opération de police judiciaire qui a consacré la maturité d’une gendarmerie spécialisée et sa capacité à gérer ces situations atypiques».
Sources : © Marine nationale
Droits : Ministère des armées