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L’enjeu stratégique de la laïcité

Mise à jour  : 16/05/2018 - Auteur : Eric Germain - Direction : DGRIS

La Direction générale des relations internationales et de la stratégie (DGRIS) a organisé le 14 mars 2018, à l’Hôtel des Invalides, une restitution publique du livret Expliquer la laïcité française : une pédagogie par l’exemple de la « laïcité militaire ». Ce document a été initialement conçu à l’usage des attachés de défense français en poste à l’étranger. Il a semblé utile de le porter à la connaissance d’un public plus large en raison du message de cohésion exemplaire de cette « laïcité militaire ». 

Rappeler que la laïcité n’est pas un athéisme d’État

À l’étranger, le modèle français de laïcité est trop souvent assimilé à une hostilité de l’État et de son administration envers toute expression du religieux en dehors de la sphère privée. Cette vision est non seulement fausse, mais génère souvent des sentiments inamicaux envers la France.

Le premier objectif du livret publié par la DGRIS est de répondre à une vision de la laïcité qui ne correspond pas à sa réalité juridique. Pour montrer ce qu’est la laïcité, et surtout ce qu’elle n’est pas, sa pratique dans le cadre militaire présente une grande vertu pédagogique. Elle montre une administration qui salarie en son sein des prêtres, des rabbins, des pasteurs et des imams. La relation avec le religieux se fait donc « au grand jour » et dans un cadre soucieux d’assurer à chacun une égale liberté de croire ou de ne pas croire.

L’ouverture à la pluralité religieuse de l’aumônerie militaire est inscrite dans la loi du 8 juillet 1880 qui, selon les mots du Conseil d’État, a anticipé d’un quart de siècle le principe général posé par l’article 1er de la loi du 9 décembre 1905 qui garantit le libre exercice des cultes et dont l’article 2 autorise la création des services d’aumônerie permettant d’assurer ce libre exercice.

Dans leur mission de soutien spirituel, les aumôniers occupent une place particulière et reconnue parmi les acteurs qui œuvrent quotidiennement à la condition du personnel de la défense et de leurs familles. Ils peuvent aussi faire remonter au commandement, hors hiérarchie et de manière anonyme, des éléments relatifs à la condition du personnel et au moral.

Cependant, la laïcité vécue au sein du ministère des Armées ne se résume pas à la seule présence des aumôneries. Il est de la responsabilité de chaque échelon hiérarchique de s’assurer que ses subordonnés bénéficient de la plus grande liberté de pensée, de conscience et de religion, sous la seule réserve du respect de l’ordre public, des règlements sanitaires et, naturellement, de l’accomplissement de la mission. L’obligation de neutralité rappelée dès le premier article de la loi du 24 mars 2005 portant statut général des militaires n’est pas, dans le domaine religieux synonyme d’indifférence ou d’ignorance.
 

Affirmer l’impératif non-négociable de la cohésion 

L’institution militaire a une vision très inclusive de la laïcité dans la mesure où la liberté de croire et de ne pas croire ne peut pas compromettre le principe non-négociable de cohésion. L’uniforme et les traditions militaires sont aussi là pour rappeler que l’individualité est subordonnée à la mission de défense de la communauté nationale et de ses valeurs.

Les armées dans leur professionnalisation ont veillé à préserver la très grande diversité sociale de leur recrutement et restent tout aussi attachées à l’idéal de la « nation en armes » qu’à l’époque de la conscription. Pour le soldat sur le terrain, que son camarade partage ou non ses opinions politiques ou ses convictions religieuses, il sera à ses côtés avec une arme. C’est à lui qu’il confie sa vie et réciproquement. Il ne peut donc y avoir de place pour de la suspicion.

Le cadre exigeant de la « laïcité militaire » permet aux aumôniers servant sous l’uniforme de ne jamais laisser la pluralité des convictions entamer l’esprit de cohésion. L’aumônier militaire n’est pas là pour servir uniquement ses coreligionnaires. Sans compromettre la singularité de son identité religieuse, il est au service de toutes celles et tous ceux qui sollicitent son écoute, sans exclusive.

La « fraternité d’armes » est indispensable pour remplir la mission des forces armées au service d’une autre forme de cohésion : celle qui soude la collectivité nationale. Ce double impératif de fraternité et de cohésion, unique par son caractère non-négociable, donne à la laïcité vécue dans les armées une valeur d’exemplarité que le Président de la République Emmanuel Macron a tenu à saluer dès les premières semaines suivant son élection.

Il paraît aujourd’hui intéressant, mais aussi utile, de faire connaître cette « laïcité militaire » à l’étranger (l’objectif initial du livret dont une seconde version révisée sera diffusée en mai 2018), mais aussi en France, en s’adressant plus particulièrement aux jeunes qui fréquentent les lycées et les écoles militaires, la journée défense et citoyenneté ou le futur service national universel. C’est le chantier qui s’ouvre aujourd’hui au sein du ministère des Armées.

Télécharger le livret Expliquer la laïcité française : une pédagogie par l’exemple de la laïcité militaire (format pdf, 833.36 KB).