« Tout comme la terre, la mer, l’air et le cyberespace, l’espace exo-astmosphérique est devenu le théâtre de rivalités des grandes puissances. Il est en train de devenir un champ d’opérations en tant que tel.
Pour nos armées, l’enjeu est très simple : il s’agit de conserver notre liberté d’appréciation, d’accès et d’action dans l’espace demain comme aujourd’hui. Nous devrons envisager de nouveaux modes d’action. Il s’agira non seulement d’opérer grâce à l’espace mais également dans l’espace. Nous devrons donc continuer à agir en soutien des opérations interarmées, mais également à conduire de véritables opérations spatiales pour protéger nos moyens et décourager toute agression ».
Discours de Mme Florence Parly, ministre des armées, le 7 septembre 2018
La Revue stratégique de défense et sécurité nationale de 2017 a rappelé l’importance cruciale que revêt l’espace pour l’ensemble de nos missions.
Les caractéristiques des systèmes spatiaux (discrétion, zones de couverture très importantes, permanence et capacité de revisite régulière d’un site donné) leur confèrent en effet une place privilégiée dans la chaîne du renseignement de niveau stratégique.
Dans le cadre des opérations, l’ensemble des moyens spatiaux est intégré aux phases de planification, de préparation, de conduite et d’évaluation des missions. Offrant un champ large, les satellites d’observation et d’écoute sont complémentaires de moyens plus précis, qu’ils contribuent à orienter vers les points d’intérêt (moyens de renseignement aérien dont les drones, moyens d’observation et d’écoute terrestres ou maritimes). Ils favorisent également l’orientation du recueil de renseignements d’origine humaine. Les satellites de positionnement, de navigation et de datation (PNT) facilitent la coordination et permettent des frappes précises tout en rendant ainsi les opérations plus sûres. Les satellites de communication permettent de contrôler, depuis la métropole, des opérations éloignées ou s’étendant sur de très vastes zones, comme l’opération Barkhane dans la bande sahélo-saharienne. Ces systèmes sont devenus incontournables dans la conduite des engagements modernes, où des forces limitées en volume ont la charge de contrôler ou d’intervenir dans espaces étendus.
Les moyens spatiaux contribuent donc directement à la décision politique d’engagement comme à la conduite des opérations. Leur utilisation doit pouvoir être garantie. Or ces moyens sont désormais vulnérables aux risques liés à l’environnement spatial (débris spatiaux) et à des menaces. Pour y faire face, la France doit disposer de capacités de connaissance de la situation spatiale lui permettant d’identifier les éventuels risques ou menaces envers ses systèmes spatiaux et de connaître précisément les capacités des autres acteurs.
Revue stratégique de défense et de sécurité nationale 2017 :
« L’affirmation du cyberespace et l’émergence de l’espace exo-atmosphérique comme milieux de confrontation placent la caractérisation et l’attribution des attaques au coeur de notre besoin d’appréciation autonome, alors qu’ils se prêtent particulièrement à la clandestinité et à la manipulation ».
« Dans l’espace exo-atmosphérique, la vulnérabilité de nos propres capacités et notre dépendance à leur égard suppose de développer leur protection et, en coopération étroite avec nos alliés américains et européens, leur éventuelle redondance ».
Par ailleurs, les progrès technologiques et industriels, qui permettent de diminuer fortement la masse des satellites, permettent d’envisager de nouveaux usages pour des satellites de taille réduite, évoluant éventuellement en constellations. Ces nouveaux usages potentiels sont porteurs d’opportunités pour la défense mais aussi de risques qu’il convient dès à présent de prendre en compte.
Enfin, il n’existe pas d’indépendance en matière spatiale sans garantie d’accès à l’espace. Les succès des lanceurs Ariane constituent donc, à ce titre, pour les pays européens, un véritable gage de souveraineté.
En lien avec les autres acteurs du ministère des armées et interministériels, la DGRIS contribue à l’élaboration de la stratégie spatiale militaire de la France.