Identifier ce qui a bien fonctionné, ce qui a parfois dysfonctionné et surtout ce qui aurait pu dysfonctionner face à un évènement d’une telle ampleur. C'est ce que propose les retours d'expérience des attentats du 13 novembre 2015 par les professionnels de l’AP-HP, du service médical du RAID, de la BSPP, des SAMU de provinces et des hôpitaux militaires, publiés dans un numéro spécial des Annales Françaises de Médecine d’Urgence, paru le 21 janvier 2016.
Les Hôpitaux d’instruction des armées (HIA) de la plateforme militaire Île-de-France, Bégin (Saint-Mandé) et Percy (Clamart), ont pris en charge 52 blessés des attentats de Paris et de Saint-Denis."Le SSA a répondu à cette crise avec son « ADN », basé sur la prise en charge des blessés de guerre. Malgré l’ampleur inégalée, la réponse de tous les participants a été immédiatement basée sur des principes enseignés aux internes et simulés lors de leur formation à l’École du Val-de-Grâce, répétés et repris avant chaque départ en mission pour tous les personnels dans le cadre de la préparation opérationnelle, et pratiqués en opérations extérieures lors de la prise en charge de blessés de guerre", témoignent les médecins en chef de Saint Maurice (Percy) et Ould-Ahmed (Bégin).
Situation inconnue en métropole, cet afflux de blessés par armes de guerre présente des similitudes avec les opérations extérieures, mais en diffère par certains aspects, en particulier l'absence de saturation des blocs opératoires. La mobilisation et la coopération des soignants, secouristes et personnel non soignant des hôpitaux ont permis de limiter le nombre de vies perdues et d’offrir à chaque blessé des soins de niveau comparable à ceux dont il aurait bénéficié en dehors d’un afflux massif.
L'un des enseignements de ces événements dramatiques est que dans d’autres circonstances, le recours à une chirurgie adaptée et au triage serait à envisager pour limiter la saturation et permettre de traiter le plus grand nombre de blessés. Ce tri et cette adaptation, bien connus et enseignés par les équipes médicales militaires et utilisées lors d’opérations extérieures sont souvent méconnus des équipes civiles. Le service de santé des armées et les universitaires de chirurgie doivent réfléchir aux moyens de transmettre rapidement aux équipes civiles cette connaissance essentielle.
Pour le SSA, les principes de triage et de chirurgie adaptée reposent sur une stratégie de prise en charge de la blessure de guerre qui dépasse le simple cadre de la blessure par balle. Elle s’étend jusqu’à la réhabilitation du blessé et sa meilleure réinsertion possible dans son environnement social et professionnel.
Annales Françaises de Médecine d'Urgence, 2016, volume 6, n°1. Dossier spécial - Retour d’expérience des attentats du 13 novembre 2015 / Special issue - Feedback on Terrorist Attacks on November 13, 2015- pp.2-73
Droits : © Service de santé des armées