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Réinsertion des blessés psychiques : la recherche avance

Mise à jour  : 19/03/2019 - Auteur : SACE Gabrielle Gabelle - Direction : DCSSA

En 2016, près de 580 militaires de l’armée de terre(1), n’étaient plus opérationnels pour cause de blessure psychique. Un certain nombre d’entre eux souffraient de trouble de stress post-traumatique (TPST), maladie chronique les empêchant de reprendre une activité militaire, posant ainsi la question du rétablissement pour intégrer le milieu civil. Le rétablissement des blessés psychiques est une notion encore mal connue. Cette dynamique de reconstruction en milieu militaire est tout aussi prégnante que pour les civils, voire davantage. Elle est, en effet, singulière au vu du caractère spécifique de ce milieu et du traumatisme vécu. Ce qui reste à déterminer, c’est la raison pour laquelle certains patients parviennent à se réinsérer alors que d’autres n’y arrivent pas.

Mieux comprendre les facteurs de rétablissement

Une équipe de l’Institut de Recherche Biomédicale des Armées (IRBA) a conduit une étude incluant 120 blessés afin de mieux comprendre les facteurs de rétablissement des militaires souffrant de cette maladie, ayant en général pour origine une opération extérieure. Les résultats, qui viennent d’être publiés dans la revue Frontiers in Psychiatry(2), sont encourageants, car ils permettent de caractériser des profils psychologiques de rétablissement et d’établir une relation entre ces profils et la qualité de la réinsertion.

Une nouvelle approche

Pour cette étude, l’unité de neurophysiologie du stress de l’IRBA a suivi des militaires pris en charge sur le plan psychiatrique par le service de santé des armées et participant à un stage multi-sports organisé par la Cellule d’Aide aux Blessés de l’Armée de Terre (CABAT). Au cours de ces stages, appelés CReBAT (Centres de Ressources des Blessés de l’Armée de Terre), les blessés sont aussi coachés sur le plan professionnel. L’approche de l’étude est nouvelle, car elle ne prend pas seulement en compte la dimension pathogénique (centrée sur l’intensité clinique de la maladie), mais elle explore également la dimension salutogénique de celle-ci, centrée sur les ressources psychologiques disponibles chez le blessé (espoir, optimisme, motivation, forces de caractère…), connue également sous le terme de « Santé Mentale Positive ».

« Les CReBAT sont un énorme regain d’énergie »

À l’issue de cette étude, il apparaît que les militaires qui souffrent d’un TSPT peuvent être répartis en trois profils selon la sévérité de la maladie et leur niveau de ressources psychologiques. Ceux qui souffrent d’un TSPT sévère et disposent d’un bas niveau de ressources psychologiques sont ceux qui se réapproprient le mieux ces ressources pendant le programme militaire d’aide à la réinsertion socio-professionnelle. Surtout, selon les données actuelles, ce sont eux qui réussissent le mieux à se réinsérer professionnellement. « Ce sont ceux qui retrouvent du sens dans leur cheminement de vie et de réinsertion et pour qui les CReBAT sont un énorme regain d’énergie » explique Célia Belrose, doctorante psychologue et l’un des auteurs de l’article susmentionné. Ces résultats ouvrent de nouvelles perspectives pour les militaires blessés : ils attestent de l’utilité et de l’efficacité des CReBAT. Ils pourront également permettre de repenser certains ateliers en fonction du profil du blessé.

La prochaine étape de ce travail de recherche concerne le champ de l’inscription sociale : elle étudiera plus particulièrement les relations entre la sévérité de la blessure psychique et les représentations et croyances sociales, qui participent à la satisfaction professionnelle et personnelle de chacun. L’objectif est toujours le même : mieux connaître le TSPT afin d’améliorer la prise en charge du militaire blessé. La détection et le suivi des blessures psychiques sont, en effet, au cœur des préoccupations du SSA.

                                                                                                                            

En savoir plus : Célia BELROSE - MC Marion Trousselard – IRBA, unité neurophysiologie du stress

  

Lire l’article scientifique : https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpsyt.2018.00737/full

  

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[1] Chiffres : Cellule d'aide aux blessés de l'armée de terre (CABAT). Interview de la chef du bureau réinsertion à lire sur : https://www.handirect.fr/la-cellule-daide-aux-blesses-de-larmee-de-terre-cabat

[2] Challenges associated with the civilian reintegration of soldiers with chronic PTSD : a new approach integrating psychological resources and values in action reappropriation, Frontiers in psychiatry, January 2019, volume 9, article 737


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