Interview de Sandra Chenu Godefroy

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je suis photographe indépendante, spécialisée depuis une dizaine d’années déjà, sur des sujets liés à la sécurité/défense, au secours et au monde aéronautique. Mon travail, principalement documentaire, consiste à raconter l’histoire des hommes et femmes que je suis durant des reportages.

Comment est née votre passion pour la photographie ?

La photographie est à la fois un art et une technique. C’est ce qui, initialement, m’a poussée à opter pour cette voie professionnelle : il s’agissait du meilleur moyen de ne pas avoir à choisir entre deux mondes qui m’attiraient. Depuis, j’ai découvert que la photo était aussi le meilleur laisser-passer pour découvrir des métiers, des gens, des cultures… ce qui ne fait qu’entretenir ma passion !

Vous avez consacré de nombreux reportages aux forces armées, quelles sont vos motivations ? 

Une certaine curiosité personnelle, déjà, pour essayer de comprendre les raisons qui peuvent pousser des personnes à faire le choix de s’engager pour servir. Dans notre société plutôt individualiste, c’est assez original pour être documenté. Il y a aussi ce sentiment que le grand public a une vision déformée du monde militaire, construite autour de certains clichés.

Au plus fort de la crise sanitaire, vous avez passé beaucoup de temps auprès des soignants et des patients de l'HIA Bégin, quel était votre objectif ? 

Je ne connaissais pas le monde de l’hôpital. Quand les Français ont commencé à applaudir à 20 heures, je me suis posé la question : cet engagement des soignants que les confinés saluaient, en quoi consistait-il vraiment ? J’ai alors demandé à l’HIA Bégin l’autorisation de suivre ses équipes, persuadée qu’elle ne me serait pas accordée.  L’hôpital m’a donné tort en m’ouvrant ses portes en grand ! J’ai ainsi pu naviguer dans tous les services et réaliser un travail documentaire complet sur la durée.

Que vous a apporté cette expérience (humainement et professionnellement) ?

Maintenant, je vois de façon nettement moins théorique ce travail des soignants. A titre personnel, j’ai été très agréablement surprise par la grande bienveillance des équipes vis-à-vis des patients COVID privés du contact de leurs proches. Les voir prendre le temps de parler aux malades dans le coma, de raser les hommes... de rester humains dans l’adversité en somme, c’est assurément ce qui m’a le plus marquée.   

Quels sont vos projets pour les mois à venir ?

Ce reportage fera l’objet d’une publication sous forme d’un livre, à paraître début décembre 2020. Il reprendra les images réalisées au plus fort de la crise sanitaire, mais aussi des témoignages de soignants que j’ai recueillis et que Jean-Luc Riva (NDLR : ancien militaire et auteur) rédige actuellement. On n’imagine pas le travail à fournir pour réaliser un beau livre, ces prochains mois seront studieux !

Sandra Chenu Godefroy est l'auteur de Sentinelles : Ils veillent sur Paris Editeur : Pierre de Taillac

Pour en savoir plus sur Sandra Chenu Godefroy et son immersion à l’HIA Bégin : https://covid19.auservicedesfrancais.fr/projet