COVID-19 à l’HIA Bégin : prendre soin de ceux qui nous soignent

Depuis plus de deux mois, ils sont sur le « front » pour combattre le Coronavirus. Confrontés à un haut niveau de stress, les soignants de l’hôpital d’instruction des armées (HIA) Bégin ont pu compter sur le soutien de l’AMACE Florence et du TLAB.CS Pierre-Emmanuel, moniteurs TOP (techniques d’optimisation du potentiel) pour tenir mentalement, émotionnellement et physiquement.

Quelle est votre action depuis le début de la crise épidémique ?
AMACE Florence : Grâce à la direction de l’hôpital nous dispensons quatre séances quotidiennes de TOP. Dans les espaces verts ou dans la salle dédiée à la sophrologie et au TOP qui a été mise à notre disposition au 5^e étage de l’aile ouest. Nous y accueillons, dans le plus strict respect des mesures d’hygiène préconisées (distanciation physique, port du masque, désinfection des chaises, utilisation du gel hydroalcoolique…)⁽¹⁾, 6 personnes qui viennent librement assister à ces séances d’une vingtaine de minutes.  

TLAB.CS Pierre-Emmanuel : Nous composons des séances de récupération physique et mentale pour les ateliers collectifs mais aussi pour des enregistrements audios que nous mettons en accès libre sur le réseau informatique de l'hôpital.

En quoi les TOP⁽²⁾ ont-elles pu aider les soignants ?
AMACE Florence : Les TOP permettent de mobiliser au mieux ses ressources physiques et psychologiques pour faire face et s’adapter aux diverses situations et pour atteindre ses objectifs. En bref, gérer son stress mais aussi récupérer physiquement et mentalement et renforcer sa motivation.

Avec les TOP on apprend à gérer ses émotions, à gérer son sommeil, à améliorer la confiance en soi, à être plus positif, à lâcher-prise…

TLAB.CS Pierre-Emmanuel : C’est une méthode de préparation mentale dont les outils aident à tenir sur la durée : en améliorant la récupération à l'aide de séances de relaxation et en jouant sur la motivation avec des séances de dynamisation. Nous avons donc aidé les soignants à gérer la charge émotionnelle, la fatigue qui s’accumule, le rythme de travail effréné, la peur de contaminer les proches, l’angoisse de ne pas y arriver …

Comment avez-vous abordé cette période ?
AMACE Florence : J’ai dû concilier mes fonctions de secrétaire médicale et celles de moniteur TOP. J’ai dû par ailleurs faire preuve de persuasion pour convaincre les soignants de prendre une pause et de prendre soin d’eux. Il leur était difficile « d’abandonner » leurs patients et leurs collègues.

Sur le plan personnel, cette période a été très enrichissante. Elle m’a permis de revenir à l’essentiel. De rencontrer de belles personnes. De savourer l’instant présent avec plus d’intensité. D’apprécier avec gratitude les dessins que les enfants des écoles élémentaires nous adressaient.

TLAB.CS Pierre-Emmanuel : L’atmosphère pendant cette période était comme irréelle. En raison du confinement, la vie des français était « en suspens ». Mais au sein du laboratoire, équipé pour la réalisation rapide des tests de dépistage par RT-PCR du SARS-COV2, nous menions un véritable combat. Comme en opération extérieure (OPEX), notre vie était lancinante et tumultueuse à la fois.

Quel bilan tirez-vous de cette expérience ?
TLAB.CS Pierre-Emmanuel : Nous aimerions continuer à proposer deux après-midis de TOP par semaine. En séance de groupe ou en séance individuelle. Dans l’idéal, nous aimerions intervenir dans un lieu plus accessible, plus central pour permettre à un maximum de personnel de bénéficier des bienfaits des relaxations et les aider à évacuer le stress provoqué par la journée de travail. Un peu comme un sas de décompression.

AMACE Florence : La crise nous a permis de faire connaitre un peu plus les TOP. Elle a fait prendre conscience de l’importance de prendre le temps de vivre simplement ensemble, de méditer, de prendre soin de soi et des autres. Peut-être aurons-nous désormais la chance de grandir en humanité !

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(1) La mutuelle UNEO a offert également aux TOP de l‘HIA Bégin 15 tapis de sol qui sont utilisés pour des séances plus longues.

(2) Historiquement, l’EMAT a fait appel en 1991 au DR Edith PERRAULT PIERRE, médecin militaire pour l’élaboration de méthodes de gestion du stress. C’est en 1997 que les TOP voient le jour. Tout le personnel naviguant est formé aux TOP dès 2000. En 2006 cette formation s’étend aux 3 armées. Un sas de fin de mission du théâtre Afghan est mis en place en 2009.
Elles comportent un ensemble de techniques qui font appel aux procédés de base tels que la respiration, la relaxation, l’imagerie mentale et le dialogue interne. Elles sont issues de méthodes qui existent dans le civil mais sont adaptées en milieu opérationnel, sur le terrain. La relaxation vous permet de récupérer mais pas seulement, elle vous permet de vous détendre pour un travail mental ou gérer un stress.