Un blessé de guerre voit son pronostic vital engagé très rapidement s’il n’est pas pris en charge au plus vite. C’est la fonction de l’antenne de réanimation et de chirurgie de sauvetage (ARCS), déployée pour la première fois en opération extérieure au sein de la base opérationnelle avancée (BOA) de Ménaka. Cette structure a pour fonction de fournir une capacité d’accueil et de déchoquage, un bloc opératoire et une expertise réanimatoire et chirurgicale au plus près des combattants.
Le damage control, un concept de la marine américaine qui guide la chirurgie de sauvetage
« Lorsqu’un navire victime d’une voie d’eau menace de sombrer, il faut colmater la coque au plus vite », indique le médecin principal Myriam spécialisée en chirurgie viscérale, « ensuite le navire sera mené à bon port pour y être définitivement réparé. L’équipe de l’ARCS travaille selon cette même logique née de la marine américaine ». L’ARCS n’hospitalise pas sur le long terme, elle prodigue les soins vitaux avant l’évacuation du blessé vers une structure chirurgicale de théâtre d’un niveau supérieur (groupement médico-chirurgical de Gao) ou un Hôpital d’instruction des armées (HIA) en France.
Plus de cinq tonnes de matériel et seize personnes projetables par vecteur aérien
Le médecin principal Sylvain, médecin anesthésiste réanimateur, commande la 7e antenne chirurgicale parachutiste (7e ACP). Il est chargé de la première mise en œuvre de l’ARCS sur un théâtre : « projetée par avion ou hélicoptère, il faut deux heures à mon équipe pour avoir la capacité d’agir. Sur un sol nu, à côté d’une source d’énergie et d’un poste médical avancé, nous installons quatre grandes tentes modulables et tout le matériel nécessaire à nos interventions. » L’ARCS est forte de 13 personnes dans les conditions d’emploi stabilisées de BARKHANE. Cet effectif atteint 23 personnes en entrée de théâtre. Elle comprend plus particulièrement : un anesthésiste réanimateur, un chirurgien viscéral, un chirurgien de la tête et du cou, et un chirurgien orthopédiste. L’équipe paramédicale est composée de quatre infirmiers de soins généraux, deux infirmiers anesthésistes, deux infirmiers de bloc opératoire et un responsable des parties logistique, administrative et tactique. L’ARCS peut accueillir au plus près de la zone d’action huit blessés par jour dont quatre graves.
Modulaire, la structure pourra recevoir dans sa version durcie jusqu’à seize blessés. Des versions allégées sont à l’étude pour répondre à certains besoins plus spécifiques comme le soutien médical des opérations aéroportées. Avant un engagement, ces modules sont donc prépositionnés au plus près des combattants assurant ainsi une parfaite couverture médicale.
Une ergonomie particulièrement adaptée et un matériel de grande qualité
Cette nouvelle entité médicale a vocation à remplacer l’ancienne antenne de chirurgie vitale (ACV). Le triage s’effectue dans la première tente. L’analyse des blessures que présente chaque blessé donne lieu à un classement et à une priorisation de leur prise en charge. La deuxième tente est l’unité d’accueil et de déchoquage (UAD). Deux postes y sont agencés de façon symétrique pour la conservation des automatismes. Les blessés sont déshabillés, les constantes observées, les lésions recherchées à l’aide d’un échographe, les diagnostics établis par les médecins. Un laboratoire d’analyse permet d’adapter les traitements de réanimation et de déterminer les groupages sanguins. Les blessés sont ensuite transférés dans l’unité de chirurgie et de sauvetage où deux blessés peuvent être opérés simultanément grâce à la présence d’un troisième chirurgien spécialisé « tête et cou ». C’est l’innovation majeure de l’ARCS par rapport à l’ancienne ACV : on soigne davantage de blessés en moins de temps. La dernière tente est l’unité de soins intensifs comprenant quatre lits pour les soins post-opératoires, autre possibilité que l’ACV n’offrait pas. L’équipe s’est familiarisée avec l’ARCS en France et est déployée au plus près des opérations en bande sahélo-saharienne. Ainsi, l’ARCS fournit un soutien sanitaire médico-chirurgical de haut niveau aux soldats français, à leurs partenaires et à leurs alliés.
Source : EMA
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