La France est une nation souveraine de l’Indopacifique. Cet espace est aujourd’hui le théâtre de nombreuses évolutions géostratégiques, qui ont des conséquences directes sur les intérêts de la France et de ses partenaires. Elle entend donc pleinement endosser son rôle de puissance régionale, afin de protéger ses intérêts souverains, d’assurer la sécurité de ses ressortissants et de contribuer activement à la stabilité et la sécurité régionale. En conséquence, elle s’est dotée d’une Stratégie de défense en Indopacifique, fondée sur la Revue stratégique (2017) et le Livre Blanc pour la sécurité et la défense nationale (2013).
Sept des treize départements, régions et collectivités d’outre-mer français sont répartis entre l’océan Indien et le Pacifique Sud. Ils abritent 1,6 millions de ressortissants français et confèrent à la France neuf des onze millions de km² de sa zone économique exclusive. La France entretient en outre, et au même titre que ses partenaires européens, des liens d’interdépendance économique vitaux avec cette région traversée par des routes commerciales maritimes reliant les plus grands ensembles démographiques et économiques du vingt et unième siècle.
L’Indopacifique est une réalité opérationnelle pour le ministère des Armées. La région est divisée en cinq commandements militaires, répartis entre trois forces de souveraineté (FAZSOI, FANC, FAPF) et deux forces de présence (FFEAU, FFDj). Ces commandements régionaux interarmées représentent un total de 7 000 personnels déployés de façon permanente, auxquels s’ajoutent ponctuellement 700 marins en mission. Ce dispositif, que complète un réseau de 18 attachés de défense, assure un maillage géographique permettant de veiller à la protection et à la sécurité des ressortissants et des territoires français, de contrôler notre ZEE et de participer aux activités de coopération de défense dans tous les domaines.
L’Indopacifique est le théâtre d’évolutions stratégiques d’ampleur, lesquelles ont des conséquences directes sur l’ensemble de nos territoires et de nos intérêts, ainsi que sur ceux de nos partenaires.
La rivalité stratégique opposant la Chine et les Etats-Unis structure les dynamiques sécuritaires dans cette région, où elle oblige les Etats à composer avec de nouvelles menaces et influences. De nombreux régimes ont notamment investi dans le renforcement de leurs capacités de défense, induisant un durcissement de l’environnement militaire. Ce durcissement remet en cause les équilibres capacitaires régionaux et redéfinit les marges de manœuvre dont disposent les Etats. Il porte en lui la potentialité d’escalades rapides et difficilement contrôlables. On constate par ailleurs l’affermissement d’une multipolarité nucléaire militaire dont le centre de gravité est désormais situé en Indopacifique.
A ces évolutions s’ajoutent l’endurance de menaces transnationales telles que la piraterie, la pêche illicite, la criminalité transnationale organisée, l’immigration illégale et le terrorisme djihadiste. L’ensemble de la zone Indopacifique est également exposée à un risque sécuritaire accru du fait du réchauffement climatique.
Dans ce contexte sécuritaire dégradé, on constate, enfin, un délitement du multilatéralisme et de l’ordre international fondé sur le droit. Les grands compétiteurs stratégiques sont incités à recourir à l’action unilatérale. La possibilité de révoquer tout engagement jugé trop contraignant et la volonté de diminuer les ressources allouées aux instances multilatérales remettent en cause la crédibilité des efforts multilatéraux. Dans l’ensemble de la zone, le déficit de régulation et l’absence de consensus multilatéral sur les conditions d’accès et d’utilisation des espaces communs facilitent l’exercice des rapports de force entre États, ou à l’encontre d’acteurs non-étatiques. Enfin, les architectures régionales de sécurité dans l’océan Indien, en Asie et dans le Pacifique demeurent fragiles, en dépit d’importants efforts consentis.
La France a une double responsabilité en Indopacifique : celle de puissance riveraine et de membre du Conseil de Sécurité des Nations Unies. Elle doit assurer la protection de ses ressortissants et l’intégrité de sa souveraineté, tout comme elle doit contribuer à la sécurité et à la stabilité régionale et internationale.
Les armées ont un rôle de premier plan à jouer. C’est pourquoi, dès mai 2019, la ministre des Armées a présenté la Stratégie de défense en indopacifique, à la suite des grandes orientations fixées par le Président de la République en mai 2018 en Australie.
La mise en œuvre de cette stratégie repose sur quatre piliers :
La Stratégie définit huit axes d’effort pour la Défense française :
> La stratégie de défense française dans l’Indopacifique : Version française - Version anglaise (2019)
> Pour un aperçu des activités françaises en Indopacifique : La France et la sécurité en Indopacifique : Version française - Version anglaise (2019)