Les troubles psychiques sont connus de longues date dans les armées. Dès la première Guerre mondiale, des réflexions ont été menées sur la manière de les prendre en charge. Le dispositif a évolué au fil des années et des conflits jusqu'à une prise en charge complète qui englobe également le soutien des familles.
194-1918 : C’est avec la grande guerre et son déluge de feu qu’est apparu aux armées le problème des « pertes psychiques », ces soldats mis hors d’état de combattre bien qu’indemnes de toute blessure physique. Mais en l’absence d’explication scientifique, c’est à ces hommes que l’on a fait reproche de faiblesse morale. S’il a été nécessaire d’organiser sur le terrain leur prise en charge (1), ils sont souvent restés oubliés ensuite.
La guerre du Viêt Nam et l’émoi d’une population américaine témoin de ce conflit télévisé et de la souffrance des vétérans ont conduit à ce qu’une nouvelle nomination (2) de leurs troubles ouvre au financement et à la mise en place de dispositifs de soins spécifiques.
En France, les psychiatres militaires qui ont apporté leurs soins aux soldats revenus d’Indochine et d’Algérie ont acquis une solide connaissance de ces troubles. C’est à l’initiative de certains d’entre eux que le décret du 10 janvier 1992 a permis la reconnaissance des pathologies psycho-traumatiques comme des « blessures psychiques » ouvrant droits à réparation (3).
Dès lors, la prévention de ces pathologies est devenue une préoccupation pour les armées et la participation à la première guerre du Golfe a conduit à l’engagement de psychiatres militaires sur le terrain. La richesse de leurs expériences a permis d’affiner la clinique des troubles psychiques de guerre et de mettre en œuvre une véritable doctrine d’emploi du psychiatre en opération (4).
Depuis, les opérations extérieures se sont multipliées, conduisant à considérer le soutien psychologique du soldat bien au-delà de son aspect médico-psychologique, mais aussi dans toute sa dimension psycho-sociale. Le conflit en Afghanistan a conduit à porter une attention particulière aux conditions de retour du combattant avec la mise en place, en 2010, d’un temps de décompression et à la nécessité d’une attention durable, non seulement au soldat mais aussi à son entourage.
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(1) Des principes de prise en charge formulés pat Th. Salmon en 1917.
(2) Inscription du PTSD dans le manuel de l’association américaine de psychiatrie (3e édition), en 1980.
(3) Décret du 10 janvier 1992 déterminant les règles et barèmes pour la classification et l'évaluation des troubles psychiques de guerre.
(4) Ouvrage « Psychiatrie militaire en situation opérationnelle », Prs Guy Briole, François Lebigot et Bernard Lafont, publié en 1998 par l'ADDIM.