Le renouveau de la puissance aérienne russe

 Dans le contexte des années 2000 et de la remontée en puissance de la Russie voulue et orchestrée par Vladimir Poutine, le pouvoir russe semble conférer un rôle particulier à la puissance aérienne qui s’illustre fréquemment dans l’effort de démonstration par la Russie de la reconstitution de sa capacité militaire. De nombreux indices témoignent du renforcement du « facteur aérien » dans les priorités gouvernementales, tant sur le plan politico-militaire et stratégique que sur le plan industriel.

Le gouvernement russe a également marqué une volonté indéfectible de soutenir le secteur aéronautique. On a assisté, ces dernières années, au retour en force de la puissance étatique dans le secteur via une politique industrielle assez directive, mais aussi une recherche active de partenariats industriels. Cependant, les mesures prises depuis le début des années 2000 pour redynamiser le secteur, conjuguées à un accroissement notable du budget d’acquisitions de la Défense russe, n’ont pas suffi, à ce jour, à redresser sensiblement la situation – même si certaines évolutions (premier vol du chasseur de 5ème génération, progrès du Russian Regional Jet ou de l’avion de transport moyen développé avec l’Inde, etc.) constituent en soi de bonnes nouvelles pour le secteur aéronautique russe.
Ces images contrastées invitent à dresser un état des lieux aussi précis que possible de la réalité et des moyens de la puissance aérienne tant sur le plan militaire que sur le plan industriel, et à s’interroger, dans une approche prospective, sur les limites et les implications du renouveau de la puissance aérienne russe.

A cet égard, plusieurs questions clefs ont orienté les travaux :

• Quel est le rôle assigné aux forces aériennes dans la promotion des ambitions diplomatiques et dans la protection des intérêts économiques de la Russie ? Comment se matérialise-t-il ?

• Quel est le rôle dévolu aux forces aériennes dans la « nouvelle » politique de défense russe (cf. le nouveau mouvement de réforme des armées engagé en octobre 2008 ; le contexte doctrinal renouvelé…) ?

• Dans quelle mesure l’expérience nationale et internationale est-elle prise en compte dans la détermination de la doctrine d’emploi et de la structure de la force aérienne ? Quelle est, par ailleurs, l’aptitude des forces aériennes à agir dans des formats interarmées, y compris internationaux ?

• Quels sont les axes poursuivis en matière de modernisation des équipements et matériels des VVS et les perspectives de leur matérialisation ?

• Quel est l’état des lieux de la réorganisation du secteur aéronautique, dans ses volets civil et militaire ?

• Quelles perspectives sont susceptibles de se dessiner pour les coopérations inter¬nationales (partenariats industriels, politique d’investissement…) dans l’aéro¬nautique civile et militaire, avec les pays occidentaux mais aussi les États de « l’étranger proche » et d’autres acteurs clefs parmi les puissances émergentes ?