En 2017, 25 Etats-membres de l’Union européenne (UE) dont la France lançaient la Coopération structurée permanente (CSP), ouvrant ainsi un nouveau chapitre de l’Europe de la défense.
En offrant un cadre politique favorisant les coopérations - tant capacitaires qu’opérationnelles – pour répondre aux besoins des armées, la CSP contribue au développement de l’autonomie stratégique européenne.
La CSP, c’est d’abord le signe politique que les Européens ont décidé de franchir un cap majeur en matière de coopération de défense. Prévue par le Traité de Lisbonne mais dormante depuis 2007, la CSP a été activée en quelques mois et officiellement lancée en décembre 2017. La France, avec le soutien de l’Allemagne, de l’Espagne et de l’Italie, a joué un rôle moteur dans ce processus qui fédère aujourd’hui 25 Etats membres (seuls Malte et le Danemark n’en font pas partie). La CSP traduit ainsi l’ambition commune de faire plus et mieux, à travers des engagements exigeants en matière de défense de la part des Etats participants. Elle se traduit surtout en projets concrets pour renforcer la sécurité des Européens face à des enjeux communs et permet en outre d’éviter la duplication des moyens ou des structures en Europe.
Concrètement, la CSP c’est, d’une part, un cadre politique pour lancer des projets capacitaires et opérationnels. Cela permet de tester l’intérêt des Etats-membres volontaires à développer des projets ensemble et de s’accorder pour aller plus loin.
46 projets ont déjà été lancés dans le cadre de la CSP, signe du dynamisme des Européens. La France est pleinement impliquée puisqu’elle participe à 37 d’entre eux, dont 11 qu’elle coordonne. A la fin de l’année 2021, 14 nouveaux projets, toujours plus ambitieux, s’ajouteront à cette liste, dont 4 français.
Parmi les projets pilotés par la France, on peut citer :
- le projet TWISTER : ce projet vise à assurer la protection des Européens des missiles balistiques grâce à un système d’alerte avancée et d’interception depuis l’espace.
- le projet « EU Radionavigation solution » (EURAS) : ce projet consiste à développer des solutions pour géo-localiser les forces et agir avec précision, grâce à Galileo, le « GPS européen ».
- le projet de rénovation de l’hélicoptère d’attaque Tigre (Standard III) : il s’agit de faire évoluer cet hélicoptère qui équipe déjà la France, l’Allemagne et l’Espagne (souvent déployé et adapté à une grande variété de missions) pour permettre de mieux le connecter avec les drones et véhicules terrestres.
D’autre part, la CSP, ce sont aussi 20 engagements contraignants (y compris financiers) pris par les Etats membres et qui visent à développer et exploiter davantage les capacités de défense dans le cadre de l’Union. Certains de ces engagements sont particulièrement structurants des efforts de défense européens pour l’avenir :
- augmenter les budgets de défense (engagement 1) ;
- être davantage prêts à partir en opérations notamment en étant plus interopérables (engagement 13 et 14) ;
- développer les capacités dont nous avons besoin en priorisant un approche collaborative européenne et en renforçant notre base industrielle et technologique de défense européenne (engagements 15 à 20).
Ces engagements reflètent ainsi une ambition forte : combler les lacunes des Européens et les rendre plus capables de faire face aux crises qui les affectent, pour protéger leurs citoyens. Les efforts des Européens pour les atteindre sont mesurés et évalués tous les ans, grâce aux Plans nationaux de mise en œuvre. Un premier exercice de revue stratégique du premier cycle de la CSP (2018-2021) a été conduit tout au long de l’année 2020 et a permis une réflexion globale sur sa mise en œuvre pour mieux aborder son deuxième cycle (2021-2025).
Grâce à la CSP, l’Union européenne affirme sa volonté d’intervenir seule lorsque c’est nécessaire, y compris dans les contextes opérationnels les plus exigeants, et à agir davantage, mieux et collectivement pour sa défense.