La zone Afrique du Nord / Moyen-Orient s’étend du Maroc à l’Iran et constitue un enjeu stratégique pour le ministère des Armées caractérisé par :
En dépit des succès militaires en Irak et en Syrie, le précédent terroriste incarné par Daech au Levant comme dans ses métastases internationales reste un phénomène majeur, qui ne doit cependant pas faire oublier la persistance d’Al Qaïda. De profondes crises de gouvernance, qui attentent à la souveraineté, à l’intégrité et à la sécurité intérieure de ces États, induisent l’entrée en jeu d’acteurs régionaux (au Yémen) ou internationaux (en Irak, en Syrie, en Libye).
Les migrations Sud-Nord, les afflux de réfugiés ou les trafics illicites en sont d’autant plus aggravés. L’ampleur des mouvements de populations, fuyant les zones de combat ou livrées à la merci d’organisations criminelles ou d’États, est exploitée comme un moyen de pression politique.
Malgré les réformes engagées par certains gouvernements, les problèmes sociaux-économiques demeurent, ce qui a conduit au développement récent de mouvements sociaux d’ampleur dans plusieurs pays (Irak, Iran, Liban, Algérie)
Le développement de la présence de combattants francophones – comme de leurs familles - ralliés à Daech au Levant a fait de cette région le foyer principal des menaces terroristes pesant directement sur notre territoire national.
La zone Afrique du Nord / Moyen-Orient a aussi vu le renforcement de l’implantation de capacités militaires potentiellement hostiles à nos intérêts et la banalisation de l’utilisation d’armes non conventionnelles dans des conflits, que ce soit par des États ou des groupes terroristes.
Sur le plan économique, cette région demeure stratégique en matière d’accès aux ressources énergétiques (70% des réserves mondiales de pétrole, 25% des approvisionnements de la France). Elle demeure l’un de nos principaux partenaires en matière d’industries de défense. C’est un axe majeur du commerce international, en particulier entre l’Asie et l’Europe avec le canal de Suez (8% du trafic maritime mondial avant son doublement), les détroits de Gibraltar, de Bab el Mandeb et d’Ormuz (30% du trafic maritime mondial).
Près de 250 000 de nos ressortissants y résident sur les 1,8 millions d’expatriés, soit près de 14,6%. Il s’agit de la plus forte communauté après l’Union européenne (37%) et avant les États-Unis (13,7%). La zone Afrique du Nord – Moyen Orient constitue un espace stratégique prioritaire pour notre pays. Elle est le cadre de nos principales opérations de maintien de la paix et interventions militaires, passées ou actuelles : FINUL au Liban, "Chammal" en Irak et Syrie, et à la périphérie de "Barkhane" en bande sahélo-saharienne.
La France est liée par des accords de défense avec plusieurs États de la région et dispose aux Émirats arabes unies d’une base permanente (Abou Dhabi). Ceci lui permet d’être au cœur des actions de coopération sur l’ensemble de la péninsule arabique. Elle lui offre également un soutien aux opérations de défense portées dans l’ensemble du Proche et Moyen-Orient (Chammal). Elle témoigne d’un engagement pérenne de la France dans la zone, en complément des dispositifs temporaires déployés selon les crises (dispositif aérien en Jordanie, terrestre en Irak, Groupement aéronaval en Méditerranée orientale ou dans le Golfe arabo-persique).
Au regard de l’importance de cette zone, la DGRIS dispose d’un département en charge de l’ensemble des questions relevant de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient (ANMO) au sein du Service des affaires de sécurité internationale . Le département centralise l’ensemble des données des différents services du Ministère des Armées, celles recueillies auprès des administrations, institutions ou organismes extérieurs (SGDSN, MEAE, MEF, laboratoires de recherche, think tanks, réseaux diplomatiques et des attachés de défense étrangers à Paris, sources ouvertes …) et s’appuie sur le réseau des Attachés de défense français de la zone dont il a la charge. Il produit à destination du cabinet ou des plus hautes autorités du ministère, des services de la Présidence, du Premier ministre ou du MEAE, des notes ou documents permettant de fournir une analyse politico-militaire, mais également de synthétiser la position du ministère des Armées sur la zone ANMO. Il participe auprès de ces mêmes organismes à des réunions d’échanges sur des thématiques intéressant ou nécessitant l’avis du ministère des Armées. Le Département ANMO participe à la préparation des entretiens internationaux des autorités du ministère (Ministre, Secrétaire d’État, Chefs d’Etat-Major) et organise, avec un certain nombre de ses partenaires de la zone, des consultations bilatérales de niveau stratégique. Celles-ci sont aussi l’occasion de s’entendre sur l’orientation à donner à nos relations bilatérales de défense. Le Département, enfin, soutient diverses actions de recherche liées à la zone au travers de commandes d’études ou de consultances, ou de la définition conjointe des diverses activités de l’Observatoire du monde arabo-musulman et du Sahel de la Fondation de la Recherche Stratégique.
Pour en savoir plus
Irak, Syrie : Opération Chammal
En collaboration avec la Fondation de la Recherche Stratégique (FRS), Observatoire des pays arabo-musulmans et du Sahel