Le 5 mars 2012, M. Marc Laffineur, secrétaire d’État auprès du ministre de la Défense et des Anciens combattants, l’amiral Bernard Rogel, chef d’État-major de la Marine et de nombreuses autorités civiles et militaires se sont rendus à bord du bâtiment de projection et de commandement (BPC) Dixmude pour la cérémonie de départ de la Mission «Jeanne d’Arc 2012». Appareillage de Toulon pour une mission de formation des officiers-élèves de l’École navale et de l’École des officiers du commissariat de la Marine qui durera près de 5 mois.
La Mission «Jeanne d’Arc» est un déploiement à plusieurs dimensions. Former les officiers de Marine de demain, les mettre en condition opérationnelle au sein des équipages mais également expérimenter les capacités militaires du BPC Dixmude pris en charge par la Marine le 3 janvier 2012 ainsi que celles du tout nouvel engin de débarquement amphibie rapide (EDAR).
La Mission «Jeanne d’Arc» est également l’occasion pour le groupement tactique embarqué de s’entraîner aux opérations amphibies loin des côtes françaises, en coopération avec des forces armées étrangères.
Enfin, les officiers-élèves prendront pleinement part aux activités opérationnelles assignées aux unités du groupe Jeanne d’Arc, durant la participation du groupe à l’opération européenne de lutte contre la piraterie Atalante ou l’opération Corymbe de pré-positionnement permanent d’une unité de la Marine dans le Golfe de Guinée.
Le bâtiment de projection et de commandement Dixmude prend le large
Depuis février 2011 et l’arrivée du noyau d’équipage à Saint-Nazaire sur le chantier du Dixmude, «tout n’a fait que s’accélérer» avoue le CV Guillaume Goutay, commandant le groupe Jeanne d’Arc 2012 et le BPC Dixmude. Le challenge du suivi de la construction, du déroulement des premiers essais à la mer et de la finition du BPC avec 4 mois d’avance sur le programme fut une source de satisfaction intense pour le pacha du dernier né de la Marine.
«La Mission Jeanne d’Arc 2012 aussi est emblématique» confie le CV Guillaume Goutay. «Elle a su adapter son calendrier à celui du BPC fraîchement pris en charge par la Marine le 3 janvier dernier et dont la qualification opérationnelle est obtenue 3 semaines avant l’appareillage, elle commence son programme de formation à terre à Lanvéoc en se concentrant sur le volet académique, elle transforme la mission de formation en véritable « mise en condition opérationnelle » pour les officiers-élèves, elle appareille de Toulon».
Le CV Goutay, issu de la promotion 87 de l’École navale, ne cache pas sa fierté et son enthousiasme à commander ce groupe à la dimension résolument interarmées, «hétérogènes de prime abord, mais dont la motivation pour le succès de la mission est forte». Son rôle: «faire travailler en harmonie toutes les composantes du groupe Jeanne d’Arc, un challenge passionnant».
La frégate anti-sous-marine Georges Leygues, l’ange-gardien du groupe Jeanne d’Arc
«Au plan opérationnel, le Georges Leygues assure la fonction d’escorteur du BPC et donc sa protection contre les menaces potentielles, au-dessus et en-dessous du dioptre, même s’il peut être éventuellement détaché pour remplir des missions spécifiques sur un théâtre, selon les besoins du contrôleur opérationnel» explique le CF Jean-Marin d’Hébrail, commandant la Fasm Georges Leygues.
«Du point de vue pédagogique» précise-t-il, «sa présence aux côtés du BPC permet de réaliser des indispensables exercices conjoints entre les deux bâtiments que sont les manœuvres nautiques (présentation pour le ravitaillement à la mer, navigation en convoi) et tactiques (dispositif de défense contre les différentes menaces, échanges d’information et transmissions d’ordres, etc.)». Concrètement, un quart de la promotion des officiers-élèves embarque à tour de rôle sur le Georges Leygues sur des périodes de mer d’une dizaine de jours. À bord, la formation est axée sur la pratique où ils seront repartis entre les différentes fonctions de quart (en passerelle de navigation, en machines, au central opérations...) et les chaînes fonctionnelles et se voient enseigner in situ le travail qui leur sera demandé en tant que futurs chefs de service ou capitaine de compagnie.
Enfin, l’avantage indéniable pour les officiers-élèves est de naviguer à bord de deux bâtiments particulièrement complémentaires. «D’un côté le BPC, bâtiment d’exception, moderne, convoité par de nombreux pays, très sollicité dans les conflits actuels et fer de lance des opérations interarmées qui constituent la norme aujourd’hui» décrit le CF d’Hébrail. «De l’autre, le Georges Leygues, un bâtiment plus ancien, rustique et peu automatisé mais doté de tous les senseurs et armements représentatifs de nos frégates, excellent cadre pédagogique de début de carrière» conclut-il.
Le stage d’application à la mer, une mise en condition opérationnelle des officiers-élèves
Le CF Etienne Knapp, directeur de l’école d’application des officiers de Marine, aborde avec enthousiasme, humilité et ambition la Mission «Jeanne d’Arc 2012». «Enthousiasme de côtoyer des jeunes officiers impatients de commencer leur vie professionnelle» confie tout d’abord le CF Knapp, «humilité ensuite, face à leur exigence et à nos propres lacunes et ambition enfin, de terminer la formation initiale des futurs cadres de la Marine, de participer à leur orientation professionnelle et de les amener plus haut que là où nous sommes».
Comme il aime à le présenter, la formation n’est pas l’apanage de la structure légère qui embarque avec les officiers-élèves. «Chaque membre d’équipage s’investit dans leur formation, une formation qui dépasse l’enseignement nécessaire de connaissances techniques mais s’attache d’abord à apporter aux jeunes officiers la force morale qui leur permettra de commander et d’être commandé».
La Mission «Jeanne d’Arc» ne saurait se réduire à la réalisation d’heures de quart et à l’organisation de cours. Pour cette raison, le volume des cours formels organisés en mer a baissé de 30%. Le temps libéré permet d’intégrer les jeunes officiers au sein des équipages. «Il ne s’agit pas de transmettre moins de connaissances, mais de les transmettre de façon différente» explique le CF Knapp
La flottille amphibie déploie le tout nouvel engin de débarquement amphibie rapide (EDAR) et deux chalands de transport de matériel (CTM).
La présence d’un détachement de la Flophib (flottille amphibie) et la programmation de nombreuses activités à dominante amphibie permettent de sensibiliser fortement les officiers-élèves sur les spécificités de ces opérations, qui ne leur sont pas enseignées de manière académique. «En côtoyant les équipes de reconnaissance de plage et les équipages d’engin de débarquement amphibie» décrit le lieutenant de vaisseau Vincent Boulier, commandant la flottille amphibie, «ils appréhenderont le «dur» de l’amphibie, c'est-à-dire du radier à la plage : des environnements déjà très particuliers et très complexes, tout en transportant une autre armée».
La Mission «Jeanne d’Arc 2012» a également la particularité d’être le cadre idéal à la vérification des caractéristiques militaires de l’EDA-R, en raison de la variété des espaces aéromaritimes et des zones de déploiement traversées, qui «permettra sans aucun doute d’éprouver l’EDA-R dans de nombreuses situations» se réjouit le LV Boulier pour qui l’EDA-R est «un engin révolutionnaire dont [il attend] surtout de pouvoir montrer tout son potentiel, dans les opérations amphibies comme dans d’autres missions où il pourrait s’avérer également très utile»…
L’Alouette III, fidèle au groupe Jeanne d’Arc
Depuis la première campagne du porte-hélicoptères Jeanne d’Arc, les hélicoptères Alouette de la Marine nationale embarquent pour la formation des officiers-élèves. «L'hélicoptère est un moyen privilégié du bâtiment pour avoir une vision élargie de la situation navale» explique l’EV1 Johanne Dupont, chef du détachement de l’escadrille 22S.
L’emploi d’un hélicoptère permet de faire découvrir le travail aéro-maritime aux officiers-élèves et d'entraîner les marins des deux bâtiments du groupe Jeanne d’Arc aux opérations (comme la visite de bâtiment, la lutte contre la menace aérienne…).
Les personnels navigants de l'aéronautique navale et les membres du détachement sont des spécialistes du milieu aéro-maritime et habitués aux contraintes liées à l'emploi d'un hélicoptère dans le milieu maritime.
Ainsi, le détachement de l'escadrille 22S fait également office de «guide» auprès des détachements embarqués des autres armées comme celui de l’ALAT (Aviation légère de l’armée de Terre), composé de 2 Puma et 2 Gazelle.
Enfin, conclut l’EV1 Dupont, «la vie d'un détachement embarqué revêt plusieurs facettes qu'il va être intéressant d'aborder auprès des officiers-élèves notamment : la formation des pilotes et des membres d'équipages, le travail conjoint avec le bâtiment pour le maintien des qualifications de chacun ainsi que des aspects plus organiques et relationnels comme la gestion du personnel et le maintien du lien entre le détachement embarqué et son unité organique».
L’amphibie, terrain de coopération entre marins et des terriens : «l’interarmées, une évidence qui ne peut que se renforcer»
La participation de l’armée de Terre a été initiée dès le premier déploiement de la Mission «Jeanne d’Arc» sur BPC en 2010. C’était alors à bord du BPC Tonnerre. Le LCL Carpentier, commandant le groupe tactique embarqué de la Mission «Jeanne d’Arc 2012» y était et revient pour cette 3ème édition. «Le déploiement du groupe amphibie Jeanne d’Arc est une mission interarmées à vocation de préparation opérationnelle. Pour le groupement tactique embarqué (GTE), il s’agit de s’entraîner aux opérations amphibies, dans un cadre national ou international».
L’action du GTE auprès des officiers-élèves consiste donc à montrer les capacités de l’armée de Terre, ses savoir-faire et permettre d‘appréhender les contraintes propres à chaque armée. «La 9ème brigade d’infanterie de marine a effectivement vocation à intervenir depuis la mer et développe une expertise dans le domaine de l’amphibie en s’entraînant régulièrement avec la Marine nationale comme avec les marines étrangères et notamment celle de Grande-Bretagne» précise le LCL Carpentier.
La brigade du «grand Ouest» comme on l’appelle fournit les éléments du GTE de la Mission «Jeanne d’Arc 2012» avec notamment une compagnie d’infanterie du 2ème régiment d’infanterie de Marine du Mans, un peloton de cavalerie légère blindée du régiment d’infanterie-char de Marine de Poitiers, une section mortier de 120 mm du 11ème régiment d’artillerie de Marine de La Lande d’Ouée et une section de sapeurs de Marine du 6ème régiment du génie d’Angers.
EV1 Marine Monjardé
Sources : © Marine nationale
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