Autant la blessure au feu est considérée comme glorieuse, autant la blessure psychologique constitue encore un aspect occulté des conséquences des traumatismes opérationnels. Au-delà du devoir moral vis-à-vis de ses hommes, la gestion du potentiel humain impose à tous les échelons de s'investir dans l'aspect psychologique du commandement. Le chef au combat, même s'il est responsable de ses hommes, ne pourra jamais tout résoudre seul. Son action doit être complétée par celle d'autres acteurs et s'inscrire dans la durée.
La cellule d'intervention et de soutien psychologique de l'armée de Terre (CISPAT)
La CISPAT assure un soutien psychologique d'urgence après un événement traumatisant. Les officiers psychologues de la CISPAT sont avant tout des soldats mieux à même de comprendre les militaires sur le terrain ayant vécu un événement grave.
Le psychologue de la CISPAT) s'appuie sur les autres acteurs du soutien : le médecin d'unité, l'officier environnement humain (OEH), le référent section, les aumôniers.
Le référent de section
Militaire du rang ou sous-officier, volontaire sélectionné par son chef, le référent de section est un soldat expérimenté doté de la confiance de la section. Il identifie les réactions psychologiques et comportementales inadaptées et alerte son chef, s'il le juge nécessaire.
L'officier environnement humain (OEH)
Véritable outil de commandement au service du chef de corps, l'OEH est un acteur spécialisé du régiment. Il a suivi un stage dense de 5 semaines, dont 2 obligatoirement au sein du service psychiatrie d'un hôpital interarmées. Il a donc acquis des connaissances et des techniques spécifiques. Il contribue à maintenir au plus haut la capacité opérationnelle en préservant le facteur humain. Il soutient les référents de sections et coordonne l'action des autres intervenants. L'OEH est présent en amont pour informer sur le stress et sa gestion. Pendant la mission, il détecte les situations à risques et le personnel vulnérable. Il participe également à la préparation au retour en métropole.
Le kit de sensibilisation
Le personnel engagé en Afghanistan n'identifie pas toujours clairement les réactions liées au stress opérationnel (RSO). Pour pallier ce déficit d'information, un kit de sensibilisation sur les RSO a été développé.
Elaboré conjointement avec des militaires soumis à des situations de stress intense voire traumatisantes, ce kit a pour but de donner les clefs nécessaires à la compréhension, à l'identification et à la gestion des RSO.
> Le psychologue du théâtre
La mission première de psychologue du théâtre est de conseiller le commandement sur d'éventuelles mesures à prendre. Il fait remonter les informations d'ambiance et formule des propositions (reprise progressive des missions opérationnelles, activités favorisant la récupération et la cohésion, besoin de pause opérationnelle, nécessité d'un sas de fin de mission).
> La pause opérationnelle
Deux à trois jours de repos au cours du 4e ou 5e mois de l'opération en retrait des zones de contacts, la pause opérationnelle est l'occasion pour les soldats de « décompresser » et souffler pour mieux repartir.
L'étape clef qui permet d'éviter le décalage trop brutal avec le retour en France est le sas de fin de mission. Ce désengagement progressif se déroule à Chypre et concerne tous les militaires de retour du théâtre afghan. Ce sas a aussi pour objectif de détecter au plus tôt les militaires susceptibles d'avoir besoin d'un soutien adapté.
> La fiche de suivi post opérationnel
Avec l'intensification des actions de combat et la répétition des missions opérationnelles, les militaires sont parfois confrontés à des situations qui peuvent avoir un retentissement émotionnel déstabilisant sur les individus et sur les groupes. La fiche de suivi post opérationnel recense les événements graves auquel le militaire a été confronté. Il est ainsi assuré que ses chefs successifs connaîtront et sauront prendre en compte une part délicate de son vécu.
Droits : Armée de Terre 2010