Niché en fond de vallée de la Bigorre, le poste militaire de Barèges est placé sous la responsabilité du 1er régiment de hussards parachutistes (1er RHP) de Tarbes. Ce site militaire unique en son genre est aujourd’hui dédié à la remise en condition opérationnelle des unités après projection.
L’effet « boule de neige »
« Le poste de Barèges n’est pas un centre d’entraînement montagne, ni un centre IGESA. C’est un poste militaire orienté vers la cohésion des unités et, de plus en plus aujourd’hui, vers la remise en condition opérationnelle », explique le colonel Jacques de Montgros, chef de corps du 1er RHP. Il ajoute : « Toutes les unités composant le GTIA Raptor [NDLR groupement tactique interarmes déployé en Afghanistan pour le mandat été 2011] sont passées par Barèges à leur retour, pour un moment d’oxygénation. »
Ancien hôpital militaire, puis centre d’aguerrissement en montagne jusqu’en 1989, le poste de Barèges est complètement intégré dans le paysage local. Les liens avec la commune et les contacts réguliers avec les élus locaux facilitent l’accueil de centaines de militaires dans la vallée. Accès aux cures thermales, location de skis, forfaits ou encore activités estivales sont facilités par des tarifs concurrentiels, faisant de Barèges un site d’accueil unique. Comprenant Barèges, La Mongie et le Pic du Midi de Bigorre, la station du Grand Tourmalet est le plus grand domaine skiable des Pyrénées, avec plus de 100km de pistes.
Le poste de montagne de Barèges a vu sa fréquentation augmenter ces dernières années. Site rustique et économique, le poste de montagne a une capacité de 250 lits, et bientôt 100 supplémentaires grâce à un projet d’aménagement. Si au sein de la brigade parachutiste et au niveau des régiments de la région le poste de Barèges est connu, le bouche-à-oreille continue de fonctionner. Ouvert à l’interarmées, il donne la priorité aux unités opérationnelles et accueille des détachements d’Angoulême, Paris ou Belfort.
« La force du poste, précise le colonel de Montgros, c’est qu’il n’empiète pas sur la spécificité technique des unités de montagne. Nous nous inscrivons dans un autre registre : cohésion, oxygénation et remise en condition opérationnelle.» Le poste de Barèges répond à un vrai besoin de l’armée de Terre. Il se mesure par son taux de fréquentation : en 2011, près de 25 000 militaires ont profité de l’infrastructure et les réservations se prennent désormais plus de six mois à l’avance. « Le succès du poste repose sur les qualités d’un seul homme, monsieur Letessier, responsable du site depuis 1998 », souligne le chef de corps du 1er RHP. Ancien hussard parachutiste, Thierry Letessier est un enfant de Bercheny. « La réussite de cette entreprise est liée à son faible coût. Le poste est uniquement un centre d’hébergement. Chaque unité gère les activités et l’alimentation. Nous avons des partenariats avec les restaurants d’altitude et les commerces locaux, » explique-t-il. Au cœur du village, nul besoin de moyen de transport, les unités sont en totale autonomie.
À une heure de Tarbes, le 1er RHP organise une semaine d’oxygénation été ou hiver, par an et par escadron. Le capitaine Jean-Baptiste Patier, commandant d’unité, revient d’Afghanistan. « Entre janvier et avril, tous les escadrons du régiment vont passer à Barèges. C’est une chance d’avoir cette infrastructure. Elle permet de découvrir la montagne et de travailler la rusticité. » Pour les week-ends cohésion ou les séminaires de commandement, le site est l’occasion de sortir du cadre du quartier et de s’éloigner des contraintes du quotidien pour une période sanctuarisée. « L’escadron a été très sollicité pendant un an, entre la mise en condition avant projection, le départ en opération extérieure et les permissions au retour. Les hussards sont encore fatigués. Parallèlement, j’ai intégré 40 jeunes qui sortent de centre de formation initiale. Les deux populations doivent être en phase fin avril. Le poste de Barèges a toute sa place dans ce cadre. C’est l’objectif fixé par le chef de corps », insiste le capitaine. Alors que le 1er RHP retrouve la vie de l’escadron, c’est aussi l’occasion pour lui d’accueillir les compagnies du 1er régiment de chasseurs parachutistes (1er RCP), avec qui il a passé six mois en vallée de Kapisa.
À l’instar de la version été du sas de décompression à Chypre, Barèges apparaît comme une initiative complémentaire de la remise en condition opérationnelle prévue dans le cycle à cinq temps. Inscrite dans la programmation du commandement des forces terrestres, cette initiative régimentaire est désormais formalisée. Inclus à ce titre dans la programmation du 1er RCP, après son retour d’Afghanistan, le stage d’oxygénation marque « la fin de la convalescence afghane », explique le capitaine Franck Rebmann, commandant d’unité de la 4e compagnie. « Trois mois après leur retour, les gens sont encore fatigués. Au niveau individuel comme au niveau collectif, cette semaine permet à la compagnie d’intégrer ses jeunes recrues et de se refaire des souvenirs communs. Effacer les différences entre ceux qui ont fait ou n’ont pas fait l’Afgha. » Le capitaine de conclure : « Version été ou version hiver, Paphos et Barèges sont l’alpha et l’oméga : l’opposé entre la fin d’un cycle et le début d’un autre. Barèges marque la bascule, même si l’expérience afghane restera toujours dans nos mémoires. Il nous faut tourner la page. »
Sources : Lieutenant Eloïse Rossi
Droits : Armée de Terre 2012