Du 18 au 21 juin 1940, 2 500 soldats français, dont des élèves aspirants de réserve (EAR) de l’école de cavalerie et du train de Saumur, tiennent en échec 40 000 soldats allemands qui tentaient de franchir la Loire vers le Sud. La Wehrmacht se heurte ainsi à la première résistance sérieuse depuis que le maréchal Pétain, nouveau chef du gouvernement, a appelé le 17 juin à cesser le combat. Un fait d’armes héroïque, qui fit entrer ces « cadets de Saumur » dans la légende.
Début juin 1940, l’armée française ne parvient pas à stopper l’invasion du territoire national. C’est la débâcle et des milliers de Français partent sur les routes pour fuir l'avancée ennemie. Réfugié à Bordeaux, le gouvernement demande que les fleuves et les rivières soient défendues pour bloquer la progression de l’armée allemande. Le 17 juin, le maréchal Pétain, nouveau président du Conseil, déclare toutefois qu’il est temps de « cesser le combat » et qu’il a engagé, la nuit précédente, les négociations avec l’adversaire.
Ebranlé par ce discours, le colonel Charles Michon, commandant l'école de cavalerie décide néanmoins de résister à Saumur. Il convoque les cadres et les instructeurs de l’école pour leur exposer la situation sans leur cacher qu’elle est désespérée. Les élèves ne connaissent pas encore l’épreuve du feu. Le combat s’annonce dur. Tous sont malgré tout volontaires pour défendre le secteur de Saumur Cette zone de quelques 40 kilomètres, entre Montsoreau et Gennes, compte quatre ponts stratégiques qui permettent de franchir la Loire.
Les 790 élèves aspirants de réserve (EAR) de cavalerie et du train de l’école de Saumur peuvent compter sur les troupes, très diverses, stationnées dans la région : des hommes du 13e régiment de tirailleurs algériens, un groupe de reconnaissance d’infanterie, un escadron du 19e dragons, des enfants de troupe et un bataillon de 350 hommes de l’école d’infanterie de Saint-Maixent. Au total, ces 2 500 hommes sont armés de 24 blindés, 5 canons de 75 mm, 13 canons antichars et 15 mortiers. En face, la première division de cavalerie allemande est forte de 40 000 hommes, de 300 pièces d’artillerie et de 150 blindés.
Les premiers combats ont lieu dans la nuit du 18 au 19 juin. Les « cadets de Saumur » font tout pour empêcher l’ennemi de franchir la Loire, en commençant par faire sauter tous les ponts les uns après les autres. Les Allemands ne s’attendent pas à une telle résistance et imaginent avoir des troupes bien plus nombreuses en face d’eux. Toutefois, face à l’écrasante supériorité numérique et matérielle de l’ennemi, la résistance des cadets et de leurs compagnons d’armes cède peu à peu.
Au terme de la bataille, on dénombre 250 militaires français tués ou blessés. Côté allemand, on compte 132 tués et plusieurs centaines de blessés.
Ces combats héroïques menés par cette poignée de jeunes hommes équipés de leurs armes d’instruction contre des forces très supérieures, tant en hommes qu’en armements, forcent l’admiration de l’ennemi.
Le 3 juillet, le général allemand Feldt décide de libérer les soldats français capturés à l'issue des combats, leur donnant quarante-huit heures pour franchir la ligne démarcation et rejoindre la zone libre. Encadrés par leurs officiers et sans aucun gardien allemand, les cadets arrivent en uniforme, en colonne et au pas cadencé, sur le pont de Loches. Contre toute attente, une section de cavaliers allemands leur rend alors les honneurs militaires. Les cadets rejoignent ensuite l’école de Saumur, recomposée à Nohic, près de Montauban.
Le 18 juin 2016 à Paris, lors d’une cérémonie rendant hommage à leur courage, le pont de Grenelle est officiellement rebaptisé du nom des « cadets de Saumur ».
Dans les rangs des cadets de Saumur, se trouve le compositeur et organiste Jehan Alain (1911-1940). Cité pour actes de bravoure, il meurt le 20 juin 1940 au champ d’honneur à 29 ans, après avoir résisté seul à un peloton d'assaut allemand.
Le journaliste et écrivain Jean Ferniot (1918-2012) a également participé aux combats sur la Loire, comme élève aspirant de réserve du train. Il fut décoré de la Croix de guerre pour son courage et son esprit de décision pendant les combats.
Mobilisé en 1940 comme élève aspirant de réserve à Saint-Maixent, le journaliste Georges de Caunes (1919-2004) participa également aux combats aux côtés des cadets. Blessé, il fut évacué à l’hôpital de Poitiers.
Cavalier aspirant à l'école de Saumur en 1939, l’homme de lettres et académicien Maurice Druon (1918-2009) fit des cadets les héros de La dernière brigade, son premier roman consacré à cette bataille. Ecrivain et résistant, il rédige également en mai 1943, avec son oncle Joseph Kessel, le Chant des partisans, composé par Ana Marly. Ce chant deviendra l’hymne de la Résistance durant la Seconde Guerre mondiale.
Suivez-nous aussi sur Twitter, Facebook, Instagram et LinkedIn et interagissez avec le hashtag #Année40Retrouvez notre playlist YouTubeDossier complet "Comme en 40 !" |
Sources : Ministère des Armées