Le 10 mai 1940, les troupes allemandes pénètrent aux Pays-Bas, au Luxembourg et en Belgique. Conformément au plan établi, la première armée française se porte à leur rencontre, tombant ainsi dans le piège allemand. Le 13 mai, l’ennemi perce la ligne de front à Sedan et avance vers Paris. À Stonne le 15 mai et à Montcornet le 17 mai, notamment, des contre-offensives sont alors menées pour tenter de l’arrêter.
Dès 1925, le gouvernement français décide l’édification d’un « système continu de régions fortifiées » le long de sa frontière avec la Belgique, le Luxembourg, l’Allemagne, la Suisse et l’Italie.
La France est consciente du caractère fragile des garanties du Traité de Versailles. Le 14 janvier 1930, la Loi-programme pour la défense des frontières terrestres, proposée par André Maginot, ministre de la Guerre, est votée. Un budget de 2,9 milliards de francs est accordé pour la construction, en cinq ans, d’une nouvelle ligne de défense fortifiée, quasi-continue, qui portera bientôt son nom : la « ligne Maginot ». La muraille reste inachevée, avant le déclenchement de la guerre, notamment dans le secteur de Stonne. Malgré la défaite, la ligne Maginot constitue un ouvrage technique innovant.
Surtout, les soldats s’y battent et résistent courageusement. En mai, à la Ferté (Villy-la-Ferté), une garnison entière se sacrifie pour défendre la forteresse. En juin, les forts de Schoenenbourg et du Hochwald, malgré les tirs de canons ennemis, empêchent les troupes allemandes de franchir la ligne Maginot en Alsace. Une fois l’Armistice signé, le 22 juin 1940, les 25 000 hommes qui y étaient affectés continuent de combattre jusqu’à ce qu’un ordre du Grand Quartier général les contraigne à déposer les armes.
Plusieurs commandants d’unité se sont particulièrement distingués durant les combats de mai 1940. Parmi eux, le capitaine Pierre Billotte. Entré à l’École supérieure de Guerre en 1934, à 28 ans seulement, il rejoint l’état-major en tant que stagiaire avant d’être affecté au Grand Quartier général, après la déclaration de guerre.
En 1940, le capitaine Billotte est envoyé au 41e bataillon de chars de combat, dont il assure le commandement pendant la campagne de France. Le 16 mai, dans les Ardennes, l’officier se distingue à Stonne. Lancé à l’assaut du village, il détruit au canon, à lui seul, une colonne de blindés allemands (13, au total). Son char B1 bis essuie 140 impacts, mais le blindage résiste ! Son parcours extraordinaire ne s’arrête pas là… Le 12 juin, le capitaine Billotte est blessé à Mourmelon et fait prisonnier. Après quelques tentatives, il parvient à s’évader et à gagner l’Union soviétique, où il est interné dans un camp de prisonniers au sud de Moscou. Libéré au moment de l’invasion allemande de l’URSS, il devient le représentant de la France libre à Moscou avant de parvenir à rejoindre l’Angleterre.
Devenu chef d’état-major du général de Gaulle en 1942, il est nommé commandant en second de la 2e division blindée du général Leclerc en 1944, débarque en Normandie en juin et participe activement à la Libération de Paris en août. Le 11 novembre 1944, à Paris, le général de Gaulle lui remet la Croix de la Libération. Du début à la fin de la guerre, l’exemple de Pierre Billotte témoigne de la combativité des soldats français et de leur bravoure.
En mai 1940, les Allemands ne sont pas les seuls à mettre en application les nouvelles doctrines d’emploi de l’arme blindée. Là où les Français l’ont fait, ils ont pu ralentir la progression ennemie. Les combats alors menés ont démontré la qualité des armements et des équipages français. C’est le cas à Stonne, où les pertes allemandes, matérielles et humaines, ont été importantes. En effet, les chars français B1 bis, notamment, sont plus puissants que les blindés allemands. Mais ils sont aussi plus lourds, donc moins rapides et moins économes en carburant.
Le 17 mai, à Montcornet, le colonel de Gaulle a pu appliquer les principes exposés dans son livre Vers l’armée de métier. Dans cet ouvrage, il militait pour l’organisation de grandes unités de chars au sein de l’armée française, et contre leur éparpillement entre plusieurs petites unités.
Lors de la bataille de Montcornet, l’officier a commandé la 4e division cuirassée de réserve. Malgré le manque de formation des équipages, la défaillance des liaisons radio ou le manque d’infanterie, la 4e DCR du colonel de Gaulle a renoué avec l’offensive et rempli sa mission. En retardant l’ennemi, elle a donné à la 6e armée le temps nécessaire à son déploiement dans l’Aisne.
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Sources : Ministère des Armées