Accueil | Portail | Dossiers | Dossiers 2020 | Comme en 40 ! | Articles historiques | Articles | 80e anniversaire de la bataille des Alpes, le message de Geneviève Darrieussecq Portail ... Articles | 80e anniversaire de la bataille des Alpes, le message de Geneviève Darrieussecq

80e anniversaire de la bataille des Alpes, le message de Geneviève Darrieussecq

Mise à jour  : 22/06/2020 - Auteur : La Rédaction - Direction : DICoD

« C’était il y a 80 ans. La bataille de France touchait à sa fin, l’invasion allemande avait bousculé les armées françaises et les plans du commandement. Le sommet de l’Etat était envahi par l’esprit d’abandon, une voix chevrotante avait appelé à cesser le combat et par-là même au renoncement. Nous le savons, une voix bien différente avait déjà fait naitre un autre esprit, celui de la poursuite de la lutte. »
Découvrez le message complet de Geneviève Darrieussecq, secrétaire d’État auprès de la ministre des Armées

« Ce refus de l’abandon et de la facilité, cet esprit d’engagement et de combativité, ce dévouement à la patrie, il fut aussi celui de l’armée invaincue que nous honorons aujourd’hui. Cette victoire de l’opiniâtreté française contre l’opportunisme italien fut une lumière dans les heures sombres de juin 1940. A partir du 10 juin 1940, nos soldats ont fait face à l’agression italienne, à ce "coup de poignard dans le dos" porté à une France blessée et vacillante. Lorsque Mussolini déclare la guerre, il s’attaque à une nation qui a déjà un genou à terre.

Mais ce faisant, il ouvre un front difficile où les cols succèdent au parois rocheuses, où les températures glaciales règnent sur les sommets, où la neige succède au brouillard. L’armée des Alpes est prête. La frontière est défendue par une "ligne Maginot alpine" : casemate, fort, blockhaus.

L’armée des Alpes est prête. Son moral est bon. Elle connait parfaitement le terrain. Elle est dirigée par un chef expérimenté, compétent et estimé. Le général René OLRY a été l’âme de cette résistance alpine, le chef imaginatif qui a su accomplir de grandes choses avec de faibles moyens.

Le 21 juin, alors que le sort de la bataille de France est tranché, pensant profiter du désarroi français, les Italiens déclenchent une offensive générale. Quatre jours de rudes affrontements s’ensuivent. Les Italiens font preuve d’une indéniable bravoure, celle-ci va se briser sur la ténacité française.

Les soldats "alpins" se sont distingués ici-même. Ils ont fait de ce théâtre naturel un bastion de la France qui tient, de la France qui résiste, de la France qui ne se résigne pas à la défaite. Face à un ennemi endurant et entêté, ils ont assuré avec fougue et par de brillants faits d’armes la défense du Briançonnais. Dans ses vallées et sur ses cols, ce sont près de 30 000 soldats italiens qui se sont dressés face à 8 500 français. Dès les premières heures, les huit canons du fort de Chaberton ont pris pour cible Briançon et ses forts. Le soir même, les tourelles se sont tues, six d’entre elles ont été détruites. Profitant des éclaircies et se jouant des intempéries, ce succès est l’exploit des artilleurs français. Remarquablement dirigés, les artilleurs de l’armée des Alpes ont démontré la valeur de leur entrainement et l’efficacité de leur matériel.

Quelques heures plus tard, l’infanterie italienne se lançait à l’assaut du col de Montgenèvre. Confrontée aux Bataillons de Chasseurs Alpins, aux Bataillons Alpins de Forteresse et aux fameuses Sections d’Eclaireurs Skieurs, les forces italiennes se sont repliées. Les jours suivants, toutes les tentatives ont été pareillement repoussées.

Dans le Briançonnais comme sur tout le front alpin, les soldats français ont tenu avec courage et avec acharnement. En Tarentaise, la garnison de la "Redoute ruinée", dominant le Col du Petit-Saint-Bernard, est encerclée et assaillie. Elle a tenu et a résisté obstinément, une semaine encore après l’armistice.

Terre d’exploit et de dévouement, terre de faits d’armes. Comme celui de la section du capitaine Jean BULLE qui a défendu héroïquement le Col d’Enclave. Lui-même se fait suspendre dans le vide au bout d’une corde de 20 mètres pour atteindre et mitrailler les assaillants.

En Maurienne, les avant-postes des troupes françaises sont parfois encerclés mais ils tiennent.

Dans le Queyras, l’ennemi est stoppé, sa progression est insuffisante pour enlever nos positions.

En Ubaye, la défense est assurée et les Français repoussent les offensives visant à s’emparer des voies d’accès menant à Barcelonnette.

Dans les Alpes-Maritimes, Mussolini a lancé 80 000 hommes à l’assaut de Menton. Les combats sont acharnés. La vaillante résistance française retarde l’invasion.  Les héros de l’avant-poste du Pont-Saint-Louis en sont l’étendard. Sans faiblir, sans faillir, les neuf hommes de la casemate ont rempli leur mission et ont infligé des pertes considérables à l’ennemi. Par leur combativité exemplaire, ils ont porté très haut le courage et l’honneur. La ville est conquise, mais elle sera la seule.

Saluer l’armée des Alpes, c’est aussi saluer les hommes du groupement du général CARTIER. Au moment où les bastions alpins contenaient l’offensive italienne, les divisions allemandes déferlaient vers le sud-est du pays. La prise à revers était imminente, elle était mortelle. Un front solide est établi en urgence. Sans dégarnir le front alpin, en rassemblant des forces éparses, l’offensive allemande est stoppée sur un axe Isère-Voreppe-Aix-les-Bains.

Les signatures des conventions d’armistice – le 22 juin avec l’Allemagne et le 24 juin avec l’Italie – mettent un terme à cette lutte. La défaite était consommée mais la victoire défensive de l’armée des Alpes avait préservé le sud-est de la France.

Certes Menton était occupée mais Annecy, Chambéry, Grenoble et Valence étaient sauvées de l’invasion allemande et italienne. En contenant les Italiens, en ralentissant l’avancée allemande, l’armes des Alpes et le groupe Cartier ont évité la capture de près de 200 000 hommes.

Alors que Mussolini se pare des lauriers d’une victoire introuvable, l’armée des Alpes – invaincue – a préparé les victoires du lendemain et a démontré les qualités indéniables de l’armée française. Celle qui renaitra à Londres, celle qui sera forgé dans le désert libyen, celle qui, un jour de juin 1944, entrera dans Rome en libérateur. À la combativité des soldats alpins fera écho la pugnacité des Français libres, des Français combattants et des armées françaises qui participeront à la Victoire.

Nous nous souvenons pour ne jamais rien oublier. Cette cérémonie et toutes les initiatives portées concourent à faire sortir de l’ombre ces combattants d’exception que sont les soldats de l’Armée des Alpes. Elles prolongent l’hommage national à "ceux de 40".

La bataille des Alpes de 1940 est un épisode méconnu de notre histoire. L’esprit de résistance et d’abnégation qui a habité nos soldats doit être davantage mis en valeur et davantage présent dans notre mémoire nationale.

A ce titre, le ministère des Armées est très favorable et encourage la création d’un chemin de mémoire et d’un guide dédiés aux combats de juin 1940. Je sais que ce projet est cher au général KLEIN et à la députée Pascale BOYER. De cols en vallées, de forts en casemates, de plaques en stèles commémoratives, ce parcours permettra aux touristes de rencontrer cette glorieuse histoire. C’est à la fois un évident levier de transmission mais aussi un atout pour la diversification économique. La montagne a une mémoire, le développement du tourisme mémoriel permet d’ajouter une corde supplémentaire au dynamisme de l’arc alpin.

Mesdames, messieurs, les soldats de l’armée des Alpes et le groupe CARTIER méritent l’hommage de la Nation. Avec ceux de Stonne, de Moncornet, de Lille, de Saumur, ils sont la démonstration que les soldats de 40 n’ont pas démérité. Lorsqu’ils ont été engagés à bon escient, bien commandés, bien formés, les soldats de 1940 ont toujours été des exemples de bravoure et ont souvent bousculé leur ennemi.

Parce qu’ils ont accompli leur mission, parce qu’ils combattu avec détermination et honneur, parce qu’ils ont été fidèles à leur devise "on ne passe pas !", les soldats de l’armée des Alpes s’inscrivent dans la filiation glorieuse de toutes nos armées.

Ils sont l’image de cette France qui ne renonce jamais, qui combat pour son juste droit et qui se relève toujours.

Vive la République !

Vive la France ! »

Geneviève Darrieussecq, secrétaire d’État auprès de la ministre des Armées

Restez connectés ! L’épisode 7 de notre websérie « Comme en 40 ! » sera dédié à cette bataille historique : « Le front des Alpes, une armée invaincue ». En attendant, découvrez notre dossier complet Comme en 40 !

NOM
  • Actuellement 5 sur 5 étoiles.
  • 1
  • 2
  • 3
  • 4
  • 5
Évaluation : 4.8 / 5 ( 6 vote(s) )

Merci d'avoir évalué

Vous avez déjà voté sur cette page, vous ne pouvez pas à nouveau voté!

Votre évaluation a été changé, merci de votre évaluation!


Sources : Ministère des Armées