17 mai 1940 : les blindés français à la manœuvre

Le 10 mai 1940 marque la fin de la Drôle de guerre et le début de la guerre à l’Ouest. Ce jour-là, l’Allemagne nazie passe à l’offensive contre les Pays-Bas, le Luxembourg et la Belgique. Alors qu’une grande partie des troupes françaises rejoint la plaine belge, plusieurs divisions blindées allemandes franchissent le massif des Ardennes et percent à Sedan à partir du 13 mai. Les blindés ennemis ne sont alors plus qu’à deux jours de Paris, mais tout n’est pas encore joué. Comment colmater la brèche ? Comment les arrêter ?

Le 15 mai, le colonel Charles de Gaulle - futur général de Gaulle - est convoqué au Grand quartier général à Montry. On vient tout juste de lui confier le commandement de la 4^e Division cuirassée de réserve (4^e DCR), à peine créée et dont il a déjà commencé à rassembler les unités dispersées entre la Normandie, la Champagne, le Loiret et les Vosges.

Le général Doumenc lui confie une mission : avec cette 4^e DCR, il est chargé de ralentir l’ennemi en établissant un front défensif sur l’Aisne et l’Ailette, ce qui doit permettre à la 6^e armée du général Touchon de barrer la route de Paris aux chars allemands. Le colonel de Gaulle est conscient de la faiblesse des moyens dont il dispose par rapport à ceux de l’ennemi : peu de chars, peu d’équipements et peu de préparation des équipages.

Nœud routier stratégique

C’est pourquoi, le 16 mai, il fait de Montcornet l’objectif majeur. Situé sur l’axe routier entre Reims, Laon et Saint-Quentin, ce village est un point de passage obligé pour la logistique allemande et représente donc à ce titre une importante position stratégique. Craignant l’aviation allemande, la Luftwaffe, l’attaque est prévue tôt. Le 17 mai, à l’aube, la 4^e DCR monte à l’assaut des troupes allemandes. Les chars français manquent toutefois de soutien aérien, de défense contre avions (DCA) et d’infanterie pour tenir les positions conquises. Ils sont finalement contraints, après quelques succès initiaux, de se replier.

Si la bataille de Montcornet se solde par une défaite française, elle témoigne de la capacité de résistance de son armée et de la bravoure de ses soldats. Elle vient aussi, a posteriori, valider les analyses trop tardivement et insuffisamment prises en compte du colonel de Gaulle, qui incitait l’armée française, dès les années 30, à s’appuyer davantage sur l’arme blindée motorisée.

Un cycle mémoriel Charles de Gaulle

2020 marque un triple anniversaire pour le général de Gaulle : le 130^e anniversaire de sa naissance, le 50^e anniversaire de sa mort, mais également le 80^e anniversaire de son Appel du 18 juin. Ce dimanche 17 mai, Emmanuel Macron, président de la République, se rendra sur les lieux de la bataille de Montcornet.

A retenir :

• à Montcornet (comme à Stonne le 15 mai), les troupes blindées et l’infanterie françaises ont courageusement combattu. C’est cet esprit volontaire qui anime encore aujourd’hui les militaires français ;
• ce revers aura une vertu : galvaniser les troupes, en période de reflux général ;
• le général de Gaulle écrira : « La guerre commence infiniment mal. Il faut donc qu’elle continue… Ce que j’ai pu faire par la suite, c’est ce jour-là que je l’ai résolu. »

En savoir plus :

• 15 mai 1940 : la bataille de Stonne
• Se battre militairement pour Montcornet (Fondation Charles de Gaulle) : charles-de-gaulle.org/enseigner-de-gaulle/se-battre-militairement-pour-montcornet-16-17-mai-1940/