2011 Année des Outre-mer. Interview de Joseph Zimet de la Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives (DMPA) du ministère de la Défense et des anciens combattants.
SGA/COM : 2011 célèbre l'année des Outre-mer. Quels sont les enjeux pour le ministère de la Défense et des Anciens combattants ?
Joseph Zimet : L'année des Outre-mer est une opportunité pour réaffirmer la vocation culturelle du ministère de la Défense et des Anciens combattants qui est, derrière le ministère de la Culture, le deuxième acteur culturel de l'État.
Afin d'affirmer haut et fort cette vocation, nous pensons, à la DMPA, que le ministère de la Défense doit s'inscrire pleinement dans les dynamiques culturelles interministérielles, telles que les saisons croisées ou les années thématiques, où il a un rôle à jouer et, au point de vue patrimonial, un rang à tenir.
C'est pourquoi nous avons renforcé, depuis 2009, l'inscription du ministère de la Défense dans les années culturelles croisées, où le ministère a pu donner de la visibilité à sa politique culturelle et mettre en valeur son très riche patrimoine.
En 2010, il a ainsi développé de nombreuses actions dans le cadre de l'année croisée France-Russie et joué un rôle de premier plan dans la célébration du cinquantenaire des indépendances africaines.
Cette année encore, le ministère de la Défense est un partenaire important de l'année des Outre-mer, dont la contribution est régulièrement soulignée par le commissaire, l'écrivain et poète Daniel Maximin.
SGA/COM : L'année des Outre-mer permet-elle une meilleure intégration de la politique culturelle et de la politique mémorielle du ministère de la Défense dans le paysage culturel français (musées, services d'archives…) ?
Joseph Zimet : Notre participation à l'année des Outre-mer offre l'opportunité de décliner les différentes facettes de notre patrimoine et de notre politique culturelle. Elle permet en effet de mettre en valeur les fonds d'archives du Service historique de la Défense (SHD), ainsi que les fonds photographiques et audiovisuels de l'Établissement de communication et de production audiovisuelle de la Défense (ECPAD).
Elle permet également à nos musées d'accueillir des expositions temporaires à l'image de celle qui sera présentée au musée de l'Armée, au mois de juin prochain, sur le thème de la résistance en Outre-mer, en partenariat avec l'ECPAD et le musée de l'Ordre de la Libération.
L'année des Outre-mer permet également de mettre en valeur le travail de mémoire de l'Office national des anciens combattants (ONAC), qui produira dans l'ensemble des départements une remarquable exposition sur la « dissidence » aux Antilles durant la seconde guerre mondiale.
Ce qu'il faut sans doute retenir c'est l'implication de l'ensemble des opérateurs culturels et mémoriels du ministère au service d'une opération culturelle interministérielle.
SGA/COM : La nouvelle organisation de la DMPA porte-t-elle déjà ses fruits à travers l'année des Outre-mer ?
Joseph Zimet : Éric Lucas, directeur de la mémoire, du patrimoine et des archives, l'avait souligné, déjà, le 18 juin dernier, à l'occasion de la commémoration du 70e anniversaire de l'Appel du général de Gaulle : pour certaines occasions exceptionnelles, la DMPA doit pouvoir fédérer l'ensemble des opérateurs culturels du ministère : le musée de l'Armée, l'ECPAD, le SHD et l'Office national des anciens combattants (ONAC).
Une des « marques de fabrique » de la DMPA est désormais de pouvoir favoriser des synergies entre ces opérateurs, en offrant ainsi au ministère une visibilité et une cohérence accrue dans son action.
En créant la Délégation des patrimoines culturels au mois de mai 2010, la volonté du DMPA était de pouvoir donner de la visibilité à la politique culturelle du ministère de la Défense, de susciter des synergies au sein du ministère et de conduire également cette politique en partenariat avec de nombreux acteurs extérieurs. Je crois qu'un an après cette réorganisation, nous sommes sur la bonne voie.
L'année des Outre-mer met en valeur cette dynamique nouvelle que nous avons voulu créer et témoigne également du travail réalisé cette année par les agents de la DMPA pour développer des partenariats, internes et externes, au ministère de la Défense.
La DMPA, l'ECPAD, l'ONAC et le Musée de l'Armée forment, d'ores et déjà, une communauté de travail très soudée pour la conduite d'actions culturelles et commémoratives communes.
SGA/COM : Des actions envers les jeunes sont-elles prévues spécifiquement ?
Joseph Zimet : L'exposition nationale intitulée « Dissidence en Guadeloupe et Martinique », réalisée par l'ONAC, s'adresse aux jeunes générations. Elle met en valeur une page totalement méconnue de la Résistance aux Antilles. Elle permet également de rappeler aux jeunes français les comportements héroïques de ces « dissidents » durant la seconde guerre mondiale. Cette grande exposition itinérante se déplacera dans 100 départements en métropole et en Outre-mer.
Nous organiserons également cette année une très belle exposition consacrée à l'histoire de la compagnie des Indes dans le cadre des Rendez-vous de l'Histoire de Blois, dont le thème sera « Vers l'Orient ».
Nous avons trouvé un parallèle entre ce thème et notre patrimoine en mobilisant le Service historique de la Défense de Lorient, qui conserve une partie des archives de la Compagnie. Nous proposerons en marge de l'exposition des animations pédagogiques destinées à un public jeune.
Cet accompagnement pédagogique autour de l'exposition sera mené en coopération avec le musée de la compagnie des Indes de la ville de Lorient et l'Association des amis du Service historique de la Défense de Lorient (ASHDL).
Ce projet mobilise beaucoup de personnes et met en valeur toutes les compétences et toutes les richesses d'une communauté professionnelle qui s'investit tout au long de l'année pour porter la politique patrimoniale et culturelle du ministère.
SGA/COM : Vous venez d'évoquer les expositions qui seront bientôt ouvertes au grand public. Pouvez-vous nous rappeler les grandes thématiques mises à l'honneur cette l'année ?
Joseph Zimet : Il y a tout d'abord l'écho à l'Appel du 18 juin dans les territoires d'Outre-mer. Nous avons voulu souligner l'aspect universel de cet appel et le fort retentissement qu'il a eu au sein des populations ultramarines. Il est important de rappeler l'engagement précoce des ultramarins derrière la figure du général de Gaulle après l'événement du 18 juin.
Nous avons également voulu profiter de cette année des Outre-mer pour rappeler la vocation maritime ancienne de la France, à travers les premières dynamiques d'échanges économiques et commerciaux avec le continent asiatique.
L'exposition sur la compagnie des Indes au château de Blois a vocation à rappeler ce passé glorieux. Nous rappellerons que l'Amphitrite est le premier navire français à s'élancer vers la Chine à partir du port de Lorient en 1698.
SGA/COM : Monsieur Zimet, pourriez-nous nous dire ce qui, selon vous, ne doit pas être oublié ?
Joseph Zimet : Ce qu'il ne faut pas oublier, c'est sans doute l'attachement viscéral des ultramarins à la République française et le sang versé par les populations d'Outre-mer au cours des deux conflits mondiaux.
Ces populations ont payé un lourd tribut pour la liberté et la libération de la métropole. Ce sacrifice rappelle à la fois l'ancrage précoce de ces territoires dans la République mais aussi leur lien indissoluble à la patrie. L'année des Outre-mer permettait de mettre à l'honneur cette mémoire et nous en sommes très satisfaits.
Sources : SGA/COM
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