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Les plongeurs démineurs, des hommes de sang froid

Mise à jour  : 06/06/2014 - Direction : SIRPA Marine

Découvrez un métier passionnant au cœur de l’action dans la Marine. Les groupes de plongeurs démineurs de la Manche, de l'Atlantique et de la Méditerranée multiplient les interventions de service public tout au long de l'année sur leurs façades maritimes . En complète interaction avec les autorités civiles locales (préfectures, municipalités...), les démineurs débarrassent notamment les plages de dangereuses munitions de la Seconde Guerre Mondiale.

Les missions

Les plongeurs démineurs ont plusieurs missions :

  • rechercher et localiser les mines ou engins explosifs immergés ou dissimulés sous le sol ;
  • les identifier, les neutraliser ou les faire exploser dans un périmètre sécurisé ;
  • déblayer les obstructions sous-marines, effectuer des travaux sous-marins divers (soudure, découpage ou déblaiement des accès portuaires…) ;
  • participer à des actions de service public en cas de naufrage ou d’accidents maritimes.

Les commandants des groupes de plongeurs démineurs (GPD) sont également commandants de leur vedette d’intervention. Les trois GPD sont basés à Brest, Cherbourg et Toulon.
 Le GPD Atlantique est spécialisé dans les travaux en eaux polluées et la récupération des mines inconnues.
 Le GPD Manche est entraîné pour intervenir sur les munitions spéciales et dans la lutte contre le terrorisme maritime.
 Le GPD Méditerranée est spécialisé dans les travaux sous-marins et ceux nécessaires pour la préparation des débarquements (VSW, very shalow waters).

Comment devenir plongeur démineur ?

 L'école de plongée de Saint-Mandrier 

Ici, personne ne marche, chacun court ou... nage ! C'est la première règle de cette école qui forme une élite, tant sur le plan psychologique que physique. Dans un cadre idyllique, à quelques encablures du port de plaisance de Saint-Mandrier, à l'entrée de la baie de Toulon, l'école de plongée forme tous les plongeurs de la Marine nationale, délivrant des certificats d’aptitude, des brevets d’aptitude ou des brevets supérieurs.
Depuis sa création, l'école de plongée a formé 10 000 plongeurs de diverses catégories, dont 1800 sont en service actuellement. Chaque année, elle reçoit 450 stagiaires.

Plongeurs de bord : certificat accessible aux marins de tous grades et de toutes spécialités. Formation à la plongée à l'air jusqu'à 35 m.
Présents sur tous les bâtiments de la Marine nationale, les plongeurs de bord peuvent aussi être affectés dans des unités de l'Aéronautique navale. Ils sont entraînés aux visites de coques, au sauvetage et aux travaux sous-marins élémentaires.

 Plongeurs démineurs : formation des plongeurs aux techniques de déminage et à l'utilisation d'appareils de plongée spécifiques aux missions de guerre des mines (plongée à l'oxygène pur jusqu'à 7 m, à l'air jusqu'à 60 m et aux mélanges suroxygénés jusqu'à 80 m).

Nageurs de combat : formation des plongeurs aux techniques de plongée à l'oxygène et à l'utilisation d'appareils spécifiques aux missions à caractère offensif. Ils sont aptes à plonger à l'oxygène pur et aux mélanges suroxygénés, ainsi qu'à l'air jusqu'à 60 m.

Infirmiers hyperbaristes : formation médicale des infirmiers plongeurs à la surveillance des chantiers de plongée et aux traitements d'urgence des accidents de plongée. Ils suivent l’aptitude médicale de tous les plongeurs et les accompagnent en mission.

 Recrutement : trois stages d'une semaine sont organisés chaque année pendant le second semestre pour les jeunes candidats qui, après avoir satisfait aux tests d'aptitudes physiques et psychologiques au centre médical interne de l'école, découvrent ces métiers très spécialisés.
Selon leur niveau scolaire, les candidats retenus sont engagés et dirigés vers l’école de maistrance de Brest (minimum une classe terminale) ou vers le centre d’instruction naval de Saint-Mandrier (CIN).

Infirmiers de plongée et infirmiers hyperbaristes

Quand bien même ils sont rares, les incidents de plongée requièrent une intervention immédiate et peuvent exiger le passage du plongeur accidenté en caisson de décompression. Affecté sur un chasseur de mines doté d'un caisson multiplace léger, l'infirmier sécurité plongée (ISP) prend en charge le plongeur accidenté avant et pendant son passage dans le caisson de décompression. Il n'est pas plongeur et ne dispose pas de la qualification nécessaire pour assurer la maintenance et la manipulation du caisson. Après la réussite des tests d'aptitudes physiques, le candidat infirmier sécurité plongée suit une formation de cinq semaines réparties entre l'hôpital interarmées Sainte-Anne de Toulon et l'école de plongée de Saint-Mandrier.
Plongeur certifié, l'infirmier plongeur hyperbariste (IPH) est lui qualifié pour manipuler et entretenir les caissons de décompression, qu'ils soient embarqués à bord d'unités à la mer en opération ou installés à terre. Affecté sur un bâtiment ou dans un groupe de plongeurs démineurs ou aux commandos Hubert des nageurs de combat, il peut aussi être instructeur à l'école de plongée. Détenteur du certificat d'infirmier sécurité de plongée, le candidat IPH doit satisfaire à de nouveaux tests d'aptitudes physiques puis suivre les cours de plongeur de bord pendant cinq semaines. Après l'obtention de ce certificat, il suit un stage de sept semaines à l'école de plongée de Saint-Mandrier et achève sa qualification par une formation pointue sur la manipulation et l'entretien des caissons hyperbares dont il devient un expert.

Témoignage

 Premier maître BS (brevet supérieur) affecté au Groupe des Plongeurs Démineurs (GPD) Manche depuis 2005, David Ryckebusch se voit régulièrement confier la responsabilité de missions de déminage. Témoignage d'un marin sur une profession à part.

 Son parcours 

"Entré en 91 dans la Marine en tant que mécanicien, j'ai embarqué sur les sous-marins nucléaire d'attaque Améthyste  et Émeraude . Un changement de spécialité en 95 m'a permis de devenir plongeur démineur. A l'issue de mon BAT (brevet d'aptitude technique) j'ai été affecté 2 ans au GPD Atlantique à Brest, puis je suis descendu à Toulon sur chasseur, affectation entrecoupée par mon cours BS (brevet supérieur). Affecté au GPD Med où j'ai exercé les fonctions d'adjudant, j'ai ensuite été muté il y a 2 ans au GPD Manche.

Son rôle  

Le chef de mission est le représentant du commandant, il est responsable à la fois d'une mission et d'une équipe. C'est à dire qu'il doit pouvoir mener à bien une mission de plongée, de contre-minage ou de neutralisation d'engins avec des moyens en personnels et des moyens matériels. Ici la mission s'articule autour de la munition qu'il faut traiter mais elle prend aussi en compte les rayons de sécurité, la préparation des contacts (gendarmerie, préfectures, sous-préfectures), et tout ce qui concerne la population locale. C'est très complet et on est l'une des rares spécialités, où un OM (officier marinier) ou OMS (officier marinier supérieur) a autant de responsabilités. Je suis seul dirigeant et je gère ma mission de A à Z.

L'équipe 

Le format d'une équipe c'est un chef de mission, un infirmier, un adjoint qui a les mêmes qualifications que le chef de mission, et 2 BAT (brevet aptitude technique). Demain sur une autre mission je peux très bien être adjoint, rien n'est fixé. Gérer tout un chantier seul est impossible, il faut penser aux rayons de sécurité, à la méthode de travail, à la chronologie de travail et aux intervenants. A un moment il faut que je délègue à quelqu'un qui a exactement les mêmes qualifications que moi, quelqu'un en qui j'ai une totale confiance et qui peut m'aider à décider dans certains cas difficiles. Tous les BS certifiés neutralisateur et les officiers peuvent être chef de mission et donc adjoint.

Au quotidien 

Au GPD on assure notamment une alerte sur les missions route et de service public. C'est tout ce qui concerne les munitions (2nde et 1ère guerre), l'action sur un chalutier en détresse, des gens à aller chercher à l'intérieur, les expertises photo/vidéo dans le cadre d'une enquête judiciaire etc. En tant que plongeur nous traitons tout ce qui se fait dans l'eau que ce soit des travaux sous-marins, du renflouage, de la soudure, du découpage, de la photo, de la vidéo et comme démineur nous sommes neutralisateur. Sauf mission urgente et donc par nature inopinée, les missions sont normalement programmées 2 ou 3 semaines à l'avance et chacun se porte volontaire. Du fait qu'on ne soit pas nombreux, les choses se font très naturellement. Pas besoin d'aller chercher quelqu'un pour lui dire "bon toi t'es pas parti, il faut que tu y ailles".
 Nous avons également une astreinte dans le domaine du terrorisme. Nous pouvons intervenir à terre et sur ou sous les bateaux pour traiter tout colis suspect. Nous sommes équipés d'un camion d'intervention avec un robot et de tenues. Deux personnes désignées assurent cette astreinte par semaine. Pour les missions route imprévues, je téléphone à l'officier de garde et j'ai immédiatement une équipe prête à partir. Tous les jours je connais mon potentiel plongeur disponible au GPD.
Nous avons des périodes d'entraînement prévues, mais si une mission se déclenche on stoppe tout: priorité à l'opérationnel. Malgré tout l'entraînement est intense et incontournable dans notre métier. On effectue un maintien des qualifications (dans les domaines de neutralisation des engins explosifs, des travaux sous-marins, du contre-terrorisme), un entretien du matériel et principalement un entraînement à la plongée. Notre métier est très physique et on se remet constamment en question.

Un métier à risque 

En intervention on ne se pose pas de question, parce qu'on travaille entre nous, on se connait, on sait qu'on peut se faire confiance et malgré une détente apparente tout est fait dans les règles de l'art. On ne peut pas se permettre de laisser une place au hasard. L'expérience du chef de mission met les jeunes en confiance. Au fur et à mesure ils vont acquérir de l'expérience et un jour à leur tour seront chef de mission. La roue tourne.
Les missions ne sont jamais les mêmes, les sites toujours différents, et les munitions ne sont jamais dans le même cas de figure. Par contre, elles restent toujours, même après plus de 60 ans, extrêmement dangereuses et sensibles. Un coup posées à proximité de maisons, un coup en bas de falaises, un coup dans l'eau, un coup on doit les traiter en mer parce que trop chargées en explosif, un coup on fait appel à la société nationale de sauvetage en mer (SNSM). Au final on est complètement autonomes et peu importe le support, peu importe l'aide que l'on peut avoir, la mission sera toujours effectuée dans une sécurité totale. Quand je pars en tant que chef de mission je suis responsable de mon équipe, je n'ai pas le droit à l'erreur. On a tous l'attestation de formation aux premiers secours avec matériel (AFPSAM)."


Sources : Marine nationale
Droits : Ministère des armées