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Singapour, un partenaire stratégique

Mise à jour  : 06/07/2021 - Direction : SIRPA Marine

Avec des exercices communs, la Marine nationale et la Republic of Singapore Navy entretiennent des liens solides et de confiance. Point d’appui très fiable pour les missions des bâtiments français dans la région, Singapour constitue aussi une étape précieuse pour valoriser l’action militaire de la France dans la région, en tant que puissance riveraine de l’Indopacifique. Ainsi, le porte-hélicoptères amphibie (PHA) Tonnerre y a effectué une escale lors de la mission Jeanne d’Arc 2021.

Singapour est une cité-État qui a construit, au fil de son histoire, sa prospérité sur l’ouverture sur le monde. Île occupant une position géographique unique, au milieu d’un détroit, passerelle entre les océans Indien et Pacifique, la Cité du Lion est la porte d’entrée incontournable vers l’Asie-Pacifique. Ainsi, le port de Singapour est le deuxième mondial en matière de conteneurs accueillis et 30 % du trafic maritime mondial transite par les détroits de Malacca et Singapour. Les enjeux maritimes font donc partie de l’ADN d’une nation, qui a intégré la sécurité des lignes de communication comme un paramètre vital de son économie et de sa place dans le monde. Les relations de défense entre Singapour et la France constituent un pilier du partenariat stratégique bilatéral signé en 2012. La Marine nationale et la Republic of Singapore Navy (RSN) entretiennent des liens solides et de confiance. Les deux marines travaillent en étroite collaboration pour promouvoir un ordre fondé sur le droit international maritime, la liberté de navigation et la coopération en matière de sécurité maritime. L’Information Fusion Centre (IFC), créé en 2009 par

la RSN pour renforcer la sécurité maritime en Asie du Sud-Est, a été immédiatement soutenu par la Marine qui y a affecté le premier officier de liaison étranger. L’IFC est devenu un centre de référence pour analyser les événements de sécurité maritime et communiquer avec les acteurs et les centres opérationnels comme le MICA Center (maritime information cooperation and awareness center). Les exercices navals bilatéraux, réalisés régulièrement lors des déploiements français, permettent de développer l’interopérabilité. Point d’appui très fiable pour les missions des bâtiments français dans la région, Singapour constitue aussi une étape toujours précieuse pour y valoriser l’action militaire de la France, en tant que puissance riveraine de l’Indopacifique.

UNE RELATION PRIVILÉGIÉE

En juin 2019, le porte-avions Charles de Gaulle et son escorte y ont fait une escale remarquée pendant le Shangri-La Dialogue, plus important forum de discussion sur les questions de défense et de sécurité en Asie-Pacifique, qui se tient chaque année à Singapour. À cette occasion, Florence Parly, ministre des Armées, a dévoilé la Stratégie de défense française en Indopacifique, qui marque la volonté d’être un acteur de plus en plus engagé dans la région. L’escale du groupe aéronaval a également permis la réalisation d’un PASSEX avec une frégate de la marine singapourienne et des chasseurs de l’armée de l’air singapourienne. Pendant la pandémie, les relations sont restées soutenues, au travers notamment de deux entretiens entre les chefs d’état-major de la marine et d’une réunion d’état-major. L’International Maritime Security Conference qui se tiendra à Singapour en juillet

permettra de discuter des enjeux navals dans toute la région Asie-Pacifique. Depuis le début de l’année, le BSAM Seine a effectué une escale logistique à Singapour pendant la mission Marianne. La mission Jeanne d’Arc 2021 a également constitué un moment d’interaction fort, permettant de renforcer les liens entre les deux marines par une escale du PHA Tonnerre et un PASSEX avec la frégate singapourienne Steadfast et deux hélicoptères Super Puma singapouriens. Cette présence a eu un impact important, mettant en lumière l’action de la Marine en Indopacifique. L’ambassadeur a prononcé une conférence au profit des officiers- élèves. En 2021 aussi, l’aspirant Paul a participé à la mission MSTD de la RSN, équivalente de notre mission Jeanne d’Arc.

C’est la première fois qu’un officier français y participe, et la France y était cette année le seul pays représenté hors d’Asie. Cette action illustre aussi le renforcement de la coopération entre les deux marines. Forger des liens entre les jeunes officiers créera des opportunités, une compréhension mutuelle et une confiance pour l’avenir. C’est encore plus essentiel dans une région qui s’affirme comme le centre de gravité du monde.

Témoignage

Aspirant Paul : « une expérience unique »

L’aspirant Paul a participé à la mission d’application des aspirants singapouriens, l’équivalent de la mission Jeanne d’Arc française. Une aventure singulière et symbolique, puisqu’il est le premier Français à participer au Midshipman Sea Training Deployment (MSTD), contribuant ainsi à renforcer les relations entre la France et Singapour. « Du 12 janvier au 9 février, j’étais à bord du RSS Persistence, un porte-hélicoptères amphibie avec 85 membres d’équipage. Cette année, il y avait, en plus des 59 aspirants singapouriens et des officiers instructeurs, 5 officiers internationaux : un Japonais, un Vietnamien, deux Indonésiens et moi-même. Nous avons navigué dans le détroit de Singapour et dans le détroit de Malacca pendant quelques jours, puis dans le sud de la mer de Chine. Les activités étaient variées et instructives. Par exemple, j’ai pu suivre les cours des aspirants, comme ceux de navigation, de manœuvres ou encore des présentations sur la marine singapourienne et ses activités stratégiques dans la zone. J’ai également dû présenter deux exposés, l’un sur la Marine nationale, l’autre sur une bataille navale de mon choix. J’ai pu participer à la plupart des exercices de lutte contre les sinistres ainsi que suivre un exercice de tir au canon de 76 mm et aux mitrailleuses de 12,7 mm. La différence entre nos cultures m’a marqué, notamment ce qui concerne la nourriture. La cuisine singapourienne est assez épicée, mais très saine et très bonne : légumes et riz, nouilles ou encore poulet. Contrairement à nous, ce n’est pas dans leur culture de prendre une pause pour déjeuner à table et avec des couverts. Pendant les cours d’applications, les aspirants mangent avec une main et continuent à travailler de l’autre. Une journée type ? Je me levais à 7 heures, je prenais un petit déjeuner, composé de nouilles sautées, puis je passais du temps en passerelle quand je ne pouvais pas assister aux cours. Ensuite je déjeunais avec des élèves et, généralement, l’après-midi je participais à une séance de sport sur le pont hélicoptères du bateau. J’ai adoré échanger avec les officiers internationaux sur nos différentes cultures et sur nos convictions politiques. Certains m’ont fait part de leurs inquiétudes quant à la montée des tensions en mer dans leur région. Ce déploiement est une occasion unique de se plonger dans un univers très différent de celui de la Marine française. C’est une expérience unique. Je recommande la participation à ce déploiement. »


Sources : Marine nationale
Droits : Ministère des armées