Le dérèglement climatique affecte l’environnement et les sociétés humaines qui y déploient leurs activités. Il est ainsi susceptible d’affecter la sécurité humaine dans toutes ses dimensions. À ce titre, le changement climatique peut amplifier les facteurs de tension et les risques de crise, en particulier dans les pays fragiles, dont les conséquences peuvent parfois dépasser le cadre national.
Selon les régions et les pays, le changement climatique peut favoriser la désertification ainsi que le nombre et l’intensité des phénomènes climatiques extrêmes (tempêtes, cyclones, vagues de chaleur, inondations…), accroissant la pression sur les ressources et générant le déplacement de populations dont la sécurité alimentaire est menacée. Autant de phénomènes susceptibles d’aggraver les tensions économiques, sociales et politiques dans des pays où les facteurs de fragilité sont déjà importants. Ainsi, comme l’a déclaré le président de la République devant l’Assemblée générale des Nations Unies, « le réchauffement climatique menace la paix et la sécurité ».
Les ministères de la défense et les armées du monde entier sont dès lors directement concernés. Le changement climatique, en affectant l’environnement et la vie des sociétés, transforme progressivement le contexte stratégique, accroissant les tensions dans certaines zones vulnérables, exacerbant les rivalités pour l’accès à certaines ressources – l’eau, les terres arables, les ressources halieutiques notamment – ou modifiant le contexte économique, social et politique dans lequel s’inscrivent des opérations de maintien de la paix
Le ministère de la Défense s’est déjà bien organisé pour prendre en compte les questions d’environnement et de transition énergétique : la stratégie de développement durable de la défense (S3D), adoptée en 2012, donne un cadre et des objectifs à la défense pour contribuer aux politiques publiques de développement durable. Cela se traduit par des efforts en matière d’économies d’énergie, de développement des énergies renouvelables et d’équipements économes et recyclables, de respect de l’environnement tant sur le territoire national qu’en opérations, etc.
Au cours de la première conférence internationale sur le climat et la Défense, qui a rassemblé le 14 octobre 2015 à Paris les ministres et représentants ministériels de 33 pays, de l’Organisation des Nations Unies, de l’Union Africaine et de l’Union Européenne, Jean-Yves Le Drian a dressé le constat d’un consensus général sur l’expression d’une inquiétude partagée concernant l’impact des changements climatiques sur la sécurité internationale, susceptible d’aggraver voire de provoquer des crises intérieures et internationales, ainsi qu’un appel au succès de la COP21 et à la nécessité d’une participation des ministères de la Défense aux politiques publiques de développement durable. Il a également retenu le souhait d’amplifier les échanges institutionnels sur ces sujets, notamment en développant la recherche stratégique sur les questions climatiques et en désignant un point de contact permanent au sein des ministères de la Défense afin de faciliter la poursuite des échanges et le partage d’expériences. Ceci permettra de poursuivre et d’approfondir la réflexion commune, en vue d’un développement de la coopération, notamment à l’occasion de la deuxième rencontre ministérielle qu’organisera le Maroc en 2016.
Dossier complet de la Conférence internationale Climat et Défense du 14 octobre 2015
Sources : DGRIS