Pendant la Première Guerre mondiale, de nouveaux mots font leur apparition au sein des troupes et viennent enrichir le vocabulaire des militaires. Le symbole de cette évolution du langage est le terme « Poilu ». Utilisé au XIXe siècle comme synonyme de « courageux » et « d’énergique », cet adjectif passa rapidement dans le langage courant pour désigner les soldats des tranchées. Ce jargon se composait en grande partie d’argot militaire, de termes coloniaux, du parler parisien, et des patois régionaux. Certains mots ou expressions ont traversé les décennies et font aujourd’hui partie de notre langage courant. D’autres ont disparu avec le conflit ou ont changé de sens.
A l’occasion du Centenaire de la bataille de Verdun, la rédaction vous propose de découvrir ou de redécouvrir l’origine de ces mots et expressions. Aujourd’hui, vous allez apprendre ce que sont les totos des Poilus.
Après les rats, ils sont la deuxième bête noire des Poilus ! Qui donc ? Les « totos » ! Les « totos » sont les petits surnoms que donnaient les Poilus aux poux. Les poux font partie du quotidien des soldats pendant la Grande Guerre. Ils infestent les cheveux et les vêtements des combattants des tranchées. Selon le linguiste Albert Dauzat, le terme « toto » était déjà présent dans le vocabulaire populaire de l’est de la France vers 1840. Les « totos » n’épargnent personne, quel que soit le grade, en raison de la permanente promiscuité et de l’absence d’hygiène personnelle qui règnent sur le front. Les « totos » sont également appelés « gaux » ou « la famille Gautier ».
Bizarrement, les « totos » sont rapidement considérés comme des porte-bonheurs par les Poilus. En effet, à l’image du traditionnel fer à cheval ou du trèfle à quatre feuilles, les objets de petite taille comme les poux deviennent rapidement des objets protecteurs.
Mais ces parasites sont dangereux pour les Poilus. Ils sont les vecteurs de la fièvre des tranchées, maladie infectieuse due à une bactérie, dont la transmission se fait par le pou de corps.
Pour la petite histoire dans la grande Histoire, l’auteur du Seigneur de Anneaux, J.R.R. Tolkien, contracta la fièvre des tranchées. Incorporé en 1915 au 11e régiment de fusiliers du Lancashire, Tolkien participe en juillet 1916 à la sanglante Bataille de la Somme. Il échappe à la mort, « sauvé » par cette fièvre des tranchées, qui l’éloigne du front et le ramène quelques mois plus tard sain et sauf en Angleterre.
Sources : Ministère des Armées