L’Ordre de la Libération a été institué par le général de Gaulle en 1940, afin de récompenser les personnes ou les collectivités militaires et civiles qui se sont « signalées dans l’œuvre de libération de la France et de son Empire ». Parmi ces décorés se trouve une commune : l’île de Sein. Découvrez son histoire.
île de Sein, petit bout de terre de 58 hectares au large du Finistère. En 1940, 1 300 habitants y habitent. L’île reçoit les informations des quelques navires qui y accostent ou des rares postes de T.S.F. (transmission sans fil) qui s’y trouvent. Aussi, quand le 19 juin, l’Ar Zénith fait escale dans le petit port, avec à son bord des civils et soixante-quinze militaires en route pour l’Angleterre, personne sur l’île n’a entendu parler d’un appel lancé sur Rradio Londres.
Le samedi 22 juin, le gardien du phare averti descend au bourg prévenir les habitants qu’un général français doit parler sur les ondes de la BBC. La patronne de l’Hôtel de l’Océan place son poste TSF sur le rebord de sa fenêtre. La population se rassemble et écoute religieusement le discours du Général qui appelle ainsi les officiers et soldats français à le rejoindre à Londres : « Quoi qu’il arrive, la flamme de la Résistance française ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas ! »
Dans l’immédiat, peu de réactions parmi les présents. Toutefois de nombreux jeunes se confient au recteur de la paroisse, Louis Guillerm, sur leur désir de partir. Le lundi 24, le maire de l’île reçoit un appel téléphonique de la Préfecture de Quimper. Il lui est demandé de diriger sur Quimper tous les militaires présents sur l’île et de prévoir le recensement des jeunes gens et des hommes valides. Connaissant les aspirations de ses administrés, il réunit les patrons pêcheurs et les îliens au presbytère pour organiser le départ des volontaires vers l’Angleterre. Le soir venu, La Velléda et le Rouanez ar Mor appareillent. Mercredi 26 juin, c’est au tour du Mari Stella, du Rouanez ar Peoc’h et du Corbeau des Mers d’appareiller. Au total, 128 Sénans quitteront l’île pour la Grande-Bretagne. Le plus âgé a 54 ans et le plus jeune, 14 ans.
Le 6 juillet, le général de Gaulle vient saluer les premiers volontaires de la France libre, rassemblés à l’Olympia Hall de Londres. Les jeunes présents dans ce vaste hall d’exposition sont ceux qui ont choisi de Gaulle et le combat. Quelques jours plus tôt, ils ont signé leur engagement dans les Forces Françaises Libres. On y retrouve des rescapés des batailles de France, les deux bataillons la 13e demi-brigade de la légion étrangère de retour de Norvège, et une troupe disparate de civils, dont les 128 Sénans qui ont quitté leur île fin juin.
Après un bref discours, de Gaulle leur demande un à un leur nom et leur lieu d’origine. Stupéfaction : 128 répondent : « De l’Île de Sein, mon général. » Interloqué, le Général s’exclame : « L’Île de Sein est donc le quart de la France !.. »
Les Sénans recevront ensuite leur affectation, en fonction de leur âge et de leurs spécialités. La plupart seront admis dans les Forces navales françaises libres (FNFL). Les plus âgés seront affectés au Service des pêches de Penzance ou dans la marine marchande de la France libre et participeront au ravitaillement de l’Angleterre. Les plus jeunes seront envoyés dans des unités combattantes (fusiliers marins), sur les navires et sous-marins des FNFL. Vingt-deux d’entre eux mourront pour la France.
3. L’île de Sein décorée de l’ordre des Compagnons de la Libération
A la fin de la guerre, l’île de Sein devient l’un des symboles de l’épopée de la France libre. Elle est, au titre de la Seconde Guerre mondiale, la commune française la plus décorée : croix de la Libération, croix de guerre 1939-1945, et médaille de la Résistance avec rosette. Le 1er janvier 1946, l’île devient Compagnon de la Libération.
Seules quatre autres villes françaises sont faites Compagnons de la Libération pour les actes héroïques qui s’y sont déroulés durant la guerre : Paris, Nantes, Grenoble et Vassieux-en-Vercors.
Après la guerre, le général de Gaulle se rendra deux fois sur l’île, en 1946 puis en 1960. Il conservait envers ses habitants une gratitude profonde qu’il signifia à travers cette phrase : « La France entière saura qu’il y avait sur l’océan une bonne et courageuse île bretonne dont l’exemple magnifique deviendra légendaire ».
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L’Ordre de la Libération Deuxième ordre national français après la Légion d’Honneur, l’Ordre de la Libération ne comporte qu’un seul titre, celui de compagnon de la Libération et un insigne unique, la croix de la Libération. Institué par le général de Gaulle en novembre 1940, l’ordre de la Libération récompense les personnes ou les collectivités militaires et civiles qui se sont « signalées dans l’œuvre de libération de la France et de son Empire ». Au total, 1 038 croix de la Libération ont été décernées à des personnes physiques, 18 à des unités militaires des Forces françaises libres et 5 à des communes françaises : Nantes, Grenoble, Paris, Vassieux-en-Vercors et l’Île de Sein. Ce nombre restreint d’attribution donne à l’Ordre de la Libération un caractère exemplaire et fait de la croix de la Libération la distinction française la plus prestigieuse au titre de la Seconde Guerre mondiale. |
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Sources : Ministère des Armées
