Les 19 et 20 juin 1940, alors que Lyon vient d’être déclarée « ville ouverte », le 25e régiment de tirailleurs sénégalais (RTS) affronte avec bravoure l’armée allemande à Chasselay (Rhône) et dans plusieurs communes situées au nord-ouest de Lyon. Ces combats s’achèvent par le massacre sauvage des prisonniers noirs, victimes du racisme nazi.
Le 17 juin 1940, le maréchal Pétain, nouveau chef du gouvernement, annonce dans un discours radiodiffusé qu’il faut « cesser le combat ». Le 18 juin, à la demande du député-maire et président de la Chambre des députés Edouard Herriot, Lyon est déclarée « ville ouverte ». Pourtant, la guerre continue et les 19 et 20 juin 1940, à Chasselay (Rhône), comme dans plusieurs communes du nord et du sud de l’agglomération lyonnaise, l’armée française mène des combats retardateurs contre l’armée allemande. L'ensemble des unités françaises lutte avec acharnement. Les tirailleurs sénégalais se distinguent plus particulièrement. La défense du secteur lyonnais est considérée par le général Olry, commandant l’armée des Alpes, comme indissociable de celle du front des Alpes que menacent les Italiens, en guerre contre la France depuis le 10 juin. Il s’agit en outre d’un carrefour stratégique sur la route suivie par les Allemands vers le sud. Le général de Mesnay enjoint donc à ses troupes, chargées de défendre le nord de Lyon, de résister « sans esprit de recul ». Un ordre exécuté à la lettre par les soldats du 25erégiment des tirailleurs sénégalais qui se battent avec bravoure, à Chasselay et ses alentours, et ne cessent le combat qu’à court de munitions. Une partie des prisonniers d’origine africaine, victimes du racisme nazi, est exécutée avec sauvagerie.
Au total, dans les combats des 19 et 20 juin 1940, 188 tirailleurs sénégalais, 6 tirailleurs nord-africains et 2 légionnaires sont tués au combat. La majorité est enterrée au « Tata sénégalais de Chasselay ». Ses hauts murs et les pierres tombales des soldats peints en rouge rappellent la latérite, terre typique d'Afrique de l'Ouest. En wolof, langue parlée au Sénégal, Tata signifie « enceinte de terre sacrée » où sont enterrés les guerriers morts au combat. Ce lieu unique est dû à Jean-Baptiste Marchiani, secrétaire général de l'Office départemental des mutilés, combattants, victimes de la guerre et pupilles de la Nation. Dans les jours qui suivent les combats, il fait procéder à un recensement aussi précis que possible des victimes des combats et des massacres. Il achète à Chasselay, commune située en zone non-occupée et sous l’autorité du régime de Vichy, un terrain à proximité du lieu-dit « Vide-sac » où ont été exécutés une cinquantaine de tirailleurs. Il y fait transporter les autres corps et l’inauguration du Tata a lieu le 8 novembre 1942, trois jours avant que les Allemands n’occupent la totalité du territoire. Ce lieu de mémoire et de recueillement est propriété du ministère des Armées et a été classé nécropole nationale en 1966. Il est géré par l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONACVG).
A l’origine, le corps des tirailleurs sénégalais est imaginé par le général Faidherbe, gouverneur du Sénégal, pour soutenir l’expansion coloniale française en Afrique de l’Ouest. Il est institué en 1857 par un décret de Napoléon III. Basé au Sénégal et incorporant des hommes du pays, il reçoit logiquement le nom de « corps des tirailleurs sénégalais ». Si progressivement des Africains venus d’autres territoires s’y engagent, le terme est conservé, même lorsque les Sénégalais ne représentent plus qu’une minorité de ses soldats. De 1857 jusqu’à sa dissolution, le corps des tirailleurs sénégalais participe à toutes les campagnes coloniales menées par la France. Il joue également un rôle actif dans la défense ou la reconquête du territoire national lors des deux conflits mondiaux. Durant la Seconde Guerre mondiale, ils participent notamment à la bataille de France en 1940 et à tous les combats menés pour la libération de la France.
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Sources : Ministère des Armées